Un livre qui nous présente des pratiques contemplatives et méditatives des pères du désert et des orthodoxes, qui n'ont rien à envier aux méthodes hindouistes ou bouddhistes. C'est donc, avec une abondance de citations et de référence. Un livre clair et facile à lire.
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Mieux vaut dire que Dieu n’existe pas que de projeter dans l’infini nos manques et nos fantasmes...
« Tout concept formé par l’entendement pour tenter d’atteindre et de cerner la Nature Divine ne parvient qu’à façonner une idole de Dieu, non à Le faire connaître », disait l’évêque Grégoire de Nysse (Vie de Moise, P.G. 44-377) au IVe siècle (330 env. à 395) de notre ère...
Dostoïevski, dans le même esprit, dira qu’un athée est quelquefois plus proche de Dieu qu’un croyant qui ne fait que répéter les idées et les images qu’on lui a enseignées sur Dieu, et qui se dispense ainsi du vertige qu’on éprouve aux bords des abîmes... quand les « réels apparents » cèdent sous l’analyse du psychiatre ou du physicien et que le monde se révèle plus proche du Rien que du Quelque Chose.
Avoir les pieds sur terre aujourd’hui, c’est savoir qu’on pose les pieds sur un Vide qui n’a que les apparences du solide. La démarche apophatique, dans sa lucidité impitoyable, n’ignore rien de tout cela, et pourtant elle ne conduit nullement à l’absurde ou au nihilisme. Au contraire, son lent travail de déconstruction des idées et des idoles la conduit à l’expérience nue du Réel, à la Divinisation sans illusion de l’homme et du Cosmos, à l’enfance intelligente qui joue — étonnée — avec les éléments spatio-temporels de la « Divine Comédie ».
« La practikè est la méthode spirituelle qui vise à purifier la partie passionnée de l’âme » (chap. 78).
C’est le lent travail de purification du cœur conscient et inconscient pour que celui-ci retrouve sa beauté première, sa santé ou son salut (en grec : soteria).
On peut dire ainsi que le Practikè d’Evagre est un traité de thérapeutique du IVe siècle dont le but est de permettre à l’homme de connaître sa véritable nature « à l’image et à la ressemblance de Dieu », délivré de toutes ses malformations ou déformations pathologiques. (…)
La practikè est une forme de psychanalyse dans le sens propre du terme : analyse des mouvements de l’âme et du corps, des pulsions, des passions, des pensées qui agitent l’être humain et qui sont à la base de comportements plus ou moins aberrants.
Ainsi, l’élément essentiel de la practikè au désert va-t-elle consister dans une analyse et une lutte contre ce qu’Evagre appelle les « logis moi », qu’il faut traduire littéralement par les « pensées ».
(page 52)
Le cœur est cette faculté qui va transformer l'élan aveugle de la pulsion en énergie d'amour, la dimension animale de l'homme n'est pas niée mais c'est dans le cœur qu'elle se personnalise, l'homme n'est pas qu'un animal doué de raison, c'est aussi un animal capable d'amour, c'est-à-dire capable de respect, et c'est dans le cœur que la libido accède à cette dimension.
Si le cœur est absent, l'amour n'est que le frottement de deux épidermes, une extase douloureuse de caniches, il n'est pas rencontre de personnes.
Sous l’effet bienheureux de l’Esprit-Saint commencent à se répandre dans l’homme de prière un silence inaccoutumé, un engourdissement à l’égard du monde, de ses agitations, de ses péchés, de ses servitudes.
Le chrétien se réconcilie avec tout et tous grâce à une méditation étrange, humble et hautement spirituelle à la fois, inaccessible dans l’état charnel et psychique.
Il commence à ressentir de la sympathie pour l’humanité entière et pour chacun en particulier.
Cette sympathie se transforme en amour. » (Ignace Briantchaninoff)
(page 207)
Mieux vaut dire que Dieu n’existe pas que de projeter dans l’infini nos manques et nos fantasmes...
« Tout concept formé par l’entendement pour tenter d’atteindre et de cerner la Nature Divine ne parvient qu’à façonner une idole de Dieu, non à Le faire connaître », disait l’évêque Grégoire de Nysse (Vie de Moise, P.G. 44-377) au IVe siècle (330 env. à 395) de notre ère...
Dostoïevski, dans le même esprit, dira qu’un athée est quelquefois plus proche de Dieu qu’un croyant qui ne fait que répéter les idées et les images qu’on lui a enseignées sur Dieu, et qui se dispense ainsi du vertige qu’on éprouve aux bords des abîmes... quand les « réels apparents » cèdent sous l’analyse du psychiatre ou du physicien et que le monde se révèle plus proche du Rien que du Quelque Chose.
Avoir les pieds sur terre aujourd’hui, c’est savoir qu’on pose les pieds sur un Vide qui n’a que les apparences du solide. La démarche apophatique, dans sa lucidité impitoyable, n’ignore rien de tout cela, et pourtant elle ne conduit nullement à l’absurde ou au nihilisme. Au contraire, son lent travail de déconstruction des idées et des idoles la conduit à l’expérience nue du Réel, à la Divinisation sans illusion de l’homme et du Cosmos, à l’enfance intelligente qui joue — étonnée — avec les éléments spatio-temporels de la « Divine Comédie ».
Jean Yves Leloup présente son livre « Dictionnaire amoureux de Jérusalem » à la librairie La Procure à Paris.
Retrouvez le livre : https://www.laprocure.com/dictionnaire-amoureux-jerusalem-jean-yves-leloup/9782259206631.html
[Émission tournée le 27 avril 2010]
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