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Critique de Alfaric


Ce tome 15, intitulé "Le Canon de Kra" paru en 1985, mélange Jules Verne, James Bond, "McGyver" et "Les Chevaliers du Ciel"... L'action se situe dans l'État fictionnel de Kampong localisé quelque part sur la rive orientale du Golfe de Thaïlande, et au vu de ses descriptions on peut penser autant au Sultanat de Brunéï qu'à Singapour. Et le micro-état divisé entre gouvernants et dissidents n'est pas sans rappeler les républiques bananières d'Amérique Centrale, échiquier de la Guerre Fraîche entre EUA et URSS au début des années 1980...
La team Yoko est engagée par le Kampong pour tester le Colibri et le Cachalot, deux engins aériens : le premier rapide est agile est destiné à faire des relever de la radioactivité, le second lourd et massif est destiné au transports de déchets radioactifs... Mais elle est aussi engagée par le Colonel Tagashi (voir tome 9) et Pete Thornton, euh pardon Peter Hertzel (voir tome 14), pour trouver les destinataires de trafiquants d'armes allemands et japonais (tiens donc, Allemagne et Japon ne sont-ils pas interdits de productions et de ventes d'armes depuis 1945 ? Décidément les gouvernements capitalistes sont très accommodants avec ce que le Capitaine Nemo appelait les rentiers du néant et les courtiers du chaos ! Monde de Merde !!!). Après diverses phases d'espionnage qui ne sont pas sans rappeler "On ne vit que deux fois" et "L'Homme au pistolet d'or", nous découvrons donc le multi-trafiquant Sakamoto qui se moque de toutes les lois humaines et divines qui et arme les deux factions du Kampong pour mieux s'en emparer par le chantage avec un canon géant tiré du livre de Jules Verne "Les Cinq Cents Millions de la Bégum" associé à des obus radioactifs, sinistre héritage de l'âge nucléaire et de la Guerre Froide. le méchant est clairement inspiré de Roberto Rastapopoulos mais ici il retrouve les traits de son modèle d'origine : l'enfoiré de première catégorie Basil Zaharoff !
Ce n'est pas l'un des meilleurs tomes de la série, pourtant c'est celui qui semble avoir connu le plus de succès à l'étranger : nous somme dans les heurs et malheurs des plans marketing... Et ce n'est pas l'un des meilleurs tomes de la série parce que Roger Leloup est victime du sacro-saint carcan des 48 pages de la BD franco-belge : il développe beaucoup de thèmes qu'il ne fait finalement que survoler alors qu'il consacre déjà beaucoup de pages à s'éclater avec la mise en scène d'avions réels ou fictionnels (à ce niveau-là, Yoko Tsuno c'est carrément la Mary Sue de l'auteur ^^). Il y avait tellement à dire sur l'opposition entre Sakamato et Yoko, tous les deux passionnés d'aviation mais l'un tourné vers un passé impérialiste et fasciste et l'autre tournée vers un avenir cosmopolite et humaniste, l'un ne jurant que par le pouvoir de l'argent et l'autre ne jurant que par le pouvoir du coeur... Il y avait tellement à dire sur les crevards capitalistes qui jouent à game of throne avec les peuples du monde entier pour augmenter les rentes et les dividendes qu'ils emporteront avec eux en enfer, car ici les rebelles trahis oeuvrent finalement plus pour leur pays que leur propre gouvernement vendu aux forces obscures de la crevardise (la façon donc Yoko est recueillie par Tsin et son supérieur dans la rébellion Thoa met quand même la suspension d'incrédulité à rude épreuve ^^). Thème d'actualité, il y a avait tellement à dire sur les réfugiés et la manière dont il sont traités : le capitaine Onega est partagé entre la défense d'un pays qui traite les siens comme de la merde et pour sauver son épouse le ralliement à ceux qui traitent les siens comme des esclaves... Car on ne peut pas dire que furent bien accueillis les réfugiés ayant fui la répression du Vietnam communiste ou les génocides du Cambodge communiste (remember Pol Pot qui ordonna l'exécution d'au moins 20% de sa population pour que la réalité soit bien conforme à sa volonté, et au final je ne suis pas sûr que quelque chose ait changé car quand on écoute les propos haineux des beaufs Fhainisés). Et pour ne rien gâcher la très féministe Yoko met les machistes et les misogynes au pied du mur : en excluant d'emblée la moitié de l'humanité, ils se privent et privent le monde entier du moindre espoir d'un avenir meilleur !

Sinon il paraît que Roger Leloup a pensé intenter un procès pour plagiat à Saddam Hussein, tant les canons géants et les obus chelous qu'il utilisa durant la Guerre Irak-Iran semble sortir tout droit de cet album... Mais il ne s'agit que d'une rumeur ^^
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