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Critique de bdelhausse


En 157 pages bien tassées, Stanislas Lem propose sa version du Meilleur des Mondes... Un monde de psychimie, où les populations droguées n'ont plus la moindre notion de la réalité. Seuls quelques uns ont encore accès à ce que le monde est réellement, c-à-d un cloaque immonde où la misère et la surpopulation sont omniprésentes.

Comme toujours chez Lem, c'est court mais très dense. L'écriture de Lem est souvent difficile (ce n'est que mon avis). Elle contient un humour à froid assez décapant. Et on y trouve toujours de nombreuses trouvailles, Lem étant un scientifique visionnaire très au fait des avancées technologiques.

On a -évidemment- une charge contre le pouvoir en place, contre celles et ceux qui dirigent. On pourra bien sûr y voir une critique de la centralisation étatique, de la planification. Mais à mon avis, le propos de Lem est plus vaste. de nombreux rouages mis à mal dans ce roman sont clairement liés à l'économie de marché et la critique de Lem est celle de l'homme et de l'abus de pouvoir inhérent à sa nature.

Lem, une nouvelle fois, cultive l'absurde pour mieux nous montrer le vrai. Il va loin dans la réflexion sur l'opium du peuple et la manière de museler une population. Sur la psychologie et la manipulation du réel aussi.

Vers la fin du roman, on a droit à 3 scénarios catastrophe pour mettre fin à cette situation où les populations droguées n'ont plus aucun contact avec la réalité. C'est cynique, mais guère éloigné du plan mis en place par le staff de Reagan au début du HIV, et qui consistait à ne pas soigner les malades du SIDA afin qu'ils meurent plus vite et contaminent moins de monde. Et Lem écrit ce roman en 1971.

J'ai moins aimé les quelques dernières lignes, où Lem s'en tire par une pirouette et nous joue le coup de "je rêvais"... Sans doute est-ce obligatoire étant donné le régime totalitaire dans lequel il vivait.

Enfin, mention toute particulière aux traducteurs qui ont dû prendre à bras le corps les néologismes et les noms de médicaments inventés par Lem, comme le réfutal ou le ouidac, la stratégine ou le tactidon...
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