Nous avons fait ce livre ensemble, belle histoire !
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Toile après toile, ouvrant peu à peu l'horizon, Van Blime est entré dans une véritable mue. A force de se colleter ainsi avec la matière, l'artiste semble s'être dépouillé d'un premier corps, d'une première gangue. Une expérience majeure, qui le bouleverse et éblouit le spectateur. Son entrée plus récente dans les grands formats avec des toiles comme les trois étapes de "la Vague", suivies de "Carnaval" ou de "la Déferlante" résulte ainsi de ce cheminement intérieur, dont Rothko donne la clef: "peindre un petit tableau, c'est se placer en dehors de sa propre expérience, contempler une expérience au travers d'un verre rétrécissant. Alors que, de quelque manière qu'on peigne un grand tableau, on est à l'intérieur, ce n'est pas quelque chose qui se commande".
Passer de l'extérieur à l'intérieur …c'est aussi entrer dans une expérience irréversible, comme dans un "être-là" de la peinture. Comme le rappelle Merleau Ponty dans "l'Oeil et l'esprit" : "le peintre nait dans les choses comme par concentration et venue à soi du visible (….) le tableau a pour tâche de crever la peau des choses, pour montrer comment les choses font choses et comment le monde fait monde; dans l'acte de création artistique, (… .) Il s'agit toujours de faire entendre le cri inarticulé dont parle Hermès Trismégiste, qui semblait la voix de la lumière".
Dans leur tourbillon de couleurs primordiales, aux accents de ciel et de terre, les toiles de Van Blime font résonner ce cri inarticulé, cette voix de la lumière. Dans un monde livré aux folies de destruction meurtrière des hommes, cette œuvre est une célébration de la vie, de la force de l'harmonie. Elle donne à voir, et à entendre, la toute puissance des accords de joie et de paix.
Texte de Pascale Lismonde, co-auteur de Van Blime
D'un tempérament solaire (le "Lion" dans la chaleur de l'été…), Van Blime affectionne les couleurs de terre et de feu, qui font un heureux contrepoids à sa passion pour le bleu. L'acte pictural suscite en lui-même un vrai déferlement d'énergie qu'il transmute dans l'irruption des flots de couleur sur la toile. Toujours en quête de nouveaux matériaux, il fabrique ses couleurs lui-même, mélange les pigments naturels et les couleurs industrielles. Le chevalet initial a disparu; les toiles sont trop grandes, il les pose à même le sol, y jette ses couleurs, travaille tout ensemble à la brosse, au pinceau, avec les doigts. Toute cette matière frémit, ondule, bouillonne… Passionné par le phénomène des volcans, n'a-t-il pas appelé l'une des ses premières toiles "Volcanic eruption"? Une autre évoque l'orage "Stormy weather", ou la nature sauvage au printemps "Wild spring".
Fureur et mystère de la peinture de Van Blime…. De même que ses bleus appellent les profondeurs du ciel ou de la mer, ses couleurs terrestres semblent parfois sortir d'une matière en fusion : rythmés par les bruns, le noir, souvent ponctués de blanc, les rouges flamboient, les jaunes irradient. " "Terre et ciel", "Summertime", "Destiny"… Tous les éléments sont convoqués pour entrer de plain pied dans le règne de l’air et de la terre, de l’eau et du feu. La peinture semble alors jaillir dans un orage de l'être, comme si l'auteur se transportait aux premiers temps de la genèse. Puis l'orage retombe. Surgit alors la tendresse des tons secondaires, oscillant entre le bleu ciel presque délavé de Dali, le vert nouveau de son printemps vivaldien Spring ou le rose tyrien de son "Klimt" ou de "Giverny".
extrait du texte de Pascale Lismonde, co-auteur de Van Blime
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De Bruegel l’ancien à Marcel Duchamp, Christine Buci-Glucksmann expose la conception du regard icarien qu’elle a développée dans L’œil cartographique de l’art (Galilée, 1996). « Tour à tout descriptif, allégorique, tautologique ou entropique, ce regard icarien et terrestre nourrit tous les imaginaires du trajet, du déplacement et des dérives en art, à travers l’hétérogénéité de ses procédures et de ses médiums […] La reconstitution de l’art-cartographique débouche sur un autre œil-monde, celui du virtuel. »