Du plaisir ?
Face à la douleur atroce, à la torture, à la morsure, à la brûlure, à la déchirure ?
Face à la traîtrise, à la main-mise, aux horribles souvenirs ?
Du plaisir ?
L'histoire, en tout cas, n'en montre aucun. Personne, dans les protagonistes, n'est heureux, bien dans sa peau, épanoui. Que ce soit les policiers (dont le commandant
Verhoeven, victime d'un ancien traumatisme), les tortureurs (mais qui sont véritablement les tortureurs ? ) ou les victimes (mais qui sont véritablement les victimes ? )
Et moi, ai-je éprouvé du plaisir ?
Oui.
Face à la narration démoniaque de l'auteur qui m'a emmenée dans les arcanes de l'esprit humain ô combien tortueux, je ne peux que jubiler. Je reconnais bien là l'auteur génial de «
Robe de marié ». L'esprit est continuellement en éveil, trimballé d'une supposition à une autre, amusé par les réparties et les mimiques de
Verhoeven et ses acolytes bien typés.
Ai-je éprouvé du plaisir ?
Non.
Face à toutes ces scènes glauques (et il y en a : de l'enfermement dans une cage exigüe cernée par les rats, en passant par le viol et l'acide, un psychopathe peut y faire son marché), j'abdique. Je renonce. Je suis dégoûtée. Je suis en colère. Je suis révoltée. Je vomis tous ces détails abjects.
Non, je ne veux pas être la victime de
Pierre Lemaitre.
Oui, je préfère les polars plus insidieux, qui flirtent avec la folie sans pour autant tomber dans le trash le plus racoleur. Je m'étais délectée à la lecture de «
Robe de marié ».
A tous les spécialistes du thriller, je lance ici un appel : qui pourra me réconcilier avec ce genre ?