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Les Années glorieuses tome 1 sur 2
EAN : 9782253940845
768 pages
Le Livre de Poche (10/01/2023)
  Existe en édition audio
4.22/5   4927 notes
Résumé :
La famille Pelletier.
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et ir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (554) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 4927 notes
Pierre Lemaitre a le don d'écrire les romans que j'ai envie de lire lorsque je ressens l'appel de la littérature d'aventures et d'évasion à la Dumas. Ce roman, c'est la lecture plaisir par excellence, 100 % régalade tant la réjouissante générosité de l'auteur déborde de chaque page.

Et ça commence fort, dès la virevoltante scène d'ouverture, en mode caméra embarquée, qui permet de présenter la famille Pelletier lors de sa traditionnelle procession fêtant la création de leur savonnerie beyrouthine. Les parents, quatre enfants dont aucun ne veut reprendre l'entreprise familiale. D'emblée, on devine que le terrain de jeux va nous éclater, l'auteur a le génie des personnages. le fils aîné, Jean, qui rate tout ce qu'il entreprend, à commencer par son mariage avec l'abominable Geneviève ( indispensable tête à claques, personnage exceptionnel d'humour noir ), fuit de honte à Paris après un échec aux côtés de son père. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal type France-Soir, rubrique fait divers. Pour Etienne, le dernier frère, ce sera Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine qui disparaît. Et enfin, il y a Hélène qui ronge son frein de petite dernière et ne rêve qu'à quitter Beyrouth et ses parents.

Pierre Lemaître s'autorise tout. L'intrigue est vite intenable, voyageant le lecteur de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, adjoignant aux six Pelletier une flopée de personnages truculents personnages secondaires. Avec un savoir-faire magistral, se crée sous nos yeux un tissu narratif donnant à chaque personnage son propre couloir de nage tout en anticipant le moment où ils vont se croiser. L'auteur a un oeil sur tout, les aventures individuelles s'enchâssent en un feuilletonnage évident. le sens du rebondissement est inégalé, le récit nous propulsant dans des péripéties inattendues, comme un arc narratif polar sur les traces d'un tueur en série qui s'en prend à des femmes … forcément les Pelletier sont dans le cinéma lorsque la tête d'une célèbre starlette est défoncé dans les toilettes ! Il n'y a pas une phrase qui ne soit vivante sans pour autant chercher à me mettre plein la vue, juste pleine de verve et de sève, porté par un humour en filigrane qui colle au récit. On se marre beaucoup et on s'amuse des nombreux clins d'oeil comme ceux à Simenon avec le chat Joseph et les noms des personnages secondaires.

Si la famille est le premier creuset narratif, celui dans lequel chacun se construit, le foyer de toutes les névroses, le destin familial des Pelletier va bien au-delà de leur cercle intime et s'insère dans un magnifique portrait d'une époque, à savoir le tout début des Trente Glorieuses. Au sortir de la Deuxième guerre mondiale, 1948 est une année grise, un de ses interstices méconnus de l'Histoire dans lequel Pierre Lemaitre aime se glisser. La prospérité économique n'a pas encore démarré, les tickets de rationnement sont toujours nécessaires et les pénuries de logement réelles. Avec des accents à la Zola, des manifestations d'ouvriers communistes sont violemment réprimées. Les passages centrés sur Saïgon et le touchant Etienne, devenue fonctionnaire à l'Agence des monnaies, sont ceux que j'ai préférés révélant le scandale du trafic des piastres dans une incroyable atmosphère de déliquescences, entre vapeurs d'opium, concussion, corruption et extension de la guerre d'Indochine.

Du souffle, de l'esprit, de la passion, du rythme, de la malice, en complicité totale avec le lecteur qui dispose d'une liberté totale pour se déplacer dans ce jubilatoire récit multi-facettes, jusqu'à une époustouflante surprise qui fait hurler de plaisir le lecteur connaisseur de l'oeuvre de l'auteur.

Merci Monsieur Lemaitre et vite, la suite !!!

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Retour magistral de Pierre Lemaitre sur la scène littéraire! Quel grand roman d'aventures! Il ouvre avec ce volume le début d'une tétralogie très prometteuse (même s'il peut se lire de manière autonome car il y a un récit abouti mais laissant des portes ouvertes à une suite). J'ai terminé cette palpitante saga familiale en me disant que ça allait être long, très long cette attente de la suite je suis tellement impatiente de retrouver la famille Pelletier! On est emporté dès les premières lignes par un incroyable souffle romanesque dans un récit épique tourbillonnant, à l'écriture vive, au rythme rapide, sans temps morts ni ennui, à l'humour féroce, aux actions rocambolesques et au suspense bien dosé. Couvrant la période des Trente Glorieuses (pas si glorieuses que ça d'ailleurs) l'auteur ajuste ici la focale sur l'année 1948 et le récit se déroule dans trois villes Beyrouth, Paris et Saigon. On suit une fratrie de quatre enfants Jean, François, Hélène et Étienne et leurs parents des bourgeois propriétaires d'une savonnerie prospère à Beyrouth.
Le récit, si foisonnant qu'il est difficile à résumer, se construit autour de deux enquêtes parallèles qui tiennent en haleine; une criminelle au long cours à Paris après un meurtre sauvage et inexpliqué (une série de meurtres en fait) et une enquête à Saigon auprès du corps expéditionnaire français en pleine guerre d'Indochine. Cette dernière enquête mènera Étienne Pelletier, travaillant à l'agence indochinoise des monnaies et recherchant son compagnon militaire disparu au Vietnam, à un trafic de piastres. Avec Lemaitre il est souvent question d'arnaque, de pots-de vin et de malversations venus de personnes peu scrupuleuses « chacun volerait l'autre, c'était une proposition très commerçante » qui deviennent jubilatoires sous sa plume experte tout en dénonçant la perversité d'un système. Après les odeurs de savon à Beyrouth on passe rapidement à l'odeur de l'opium dans les rues poisseuses de Saigon avec ses cyclo-pousses, ses échoppes et fumeries où Étienne déambule accompagné d'un asiatique assez insaisissable et faussement soumis à la recherche d'indices sur la disparition de son amant. Dans le même temps François son frère, journaliste spécialiste des faits divers à Paris au « Journal du Soir » investigue sur l'affaire criminelle aux multiples rebondissements dont seul le lecteur connait l'identité de l'assassin. Et puis il y a Hélène, la benjamine, qui s'échappe aussi sur Paris délaissant ses parents. Enfin il y a Jean alias Bouboule le plus médiocre de la fratrie qui subit sa vie et n'est pas à la hauteur des espoirs de son père et encore moins des exigences de sa femme une peste infâme de petite vertu qui l'humilie en permanence, personnage inoubliable du livre cela dit. Ce grand roman populaire parvient à maintenir une tension et un intérêt pour tous les personnages réunis par un secret de famille révélé vers la fin. Roman choral sur le monde de l'après-guerre ne passez pas à côté de cet intense plaisir de lecture. Vivement la suite!
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En quelques mois de l'année 1948, Pierre Lemaitre m'a à nouveau embarqué dans une histoire folle s'appuyant sur des faits réels et une impressionnante documentation.
Comme j'avais adoré la trilogie Les Enfants du désastre (Au revoir là-haut, Couleurs de l'incendie et Miroir de nos peines), j'ai été captivé par tous les événements vécus par cette famille Pelletier que l'auteur relie habilement aux livres cités plus haut mais je ne peux pas en dire davantage…
En trois grandes parties, plus un épilogue, le Grand Monde me plonge d'emblée à Beyrouth où Louis Pelletier a brillamment réussi dans la savonnerie. Il est d'ailleurs en tête d'une procession très familiale qui marque, chaque premier dimanche de mars, l'anniversaire de la création de son entreprise. C'est l'occasion de faire connaissance avec toute sa petite famille : Angèle, son épouse dévouée, et leurs trois enfants, Jean dit Bouboule, accompagné de Geneviève avec qui il est marié, Étienne, François et Hélène.
La Maison Pelletier et Fils a des succursales et son développement est remarquable. Louis Pelletier rêve de voir son fils aîné, Jean, lui succéder mais lorsqu'il le nomme Directeur Général, son incapacité est manifeste. le père est obligé de reprendre les rênes avant la catastrophe alors qu'Angèle continue à diriger le personnel.
François, après avoir combattu, à 18 ans, dans la Première division de la légion de la France Libre, est parti à Paris pour intégrer, paraît-il, l'École Normale Supérieure.
Par la mer, Jean dit Bouboule fuit Beyrouth aussi pour Paris, avec Geneviève qui est une fervente experte en fellation et fait profiter de ses talents de nombreux membres de l'équipage du bateau…
De son côté, Étienne est un idéaliste sans idéal. Il a une passion amoureuse folle pour Raymond, parti hélas combattre le Viêt-Minh en Indochine. Comme il n'a plus de nouvelles de son amant, il rallie pour Saigon intégrer l'Agence indochinoise des monnaies.
Quant à Hélène (19 ans), elle veut aussi vivre à Paris, ce qui inquiète beaucoup ses parents. Elle hésite entre les études de lettres et les Beaux-Arts.
Le décor de ce roman est bien planté. Pierre Lemaitre va me balader de Beyrouth à Paris puis à Saigon où le Viêt-Minh combat par tous les moyens la colonisation française. Que ce soit perpétré par l'un ou l'autre camp, les méthodes de torture et les traitements infligés aux prisonniers sont des plus horribles.
Toujours à la recherche de son ami Raymond, Étienne prend son travail tellement à coeur qu'il va, peu à peu, révéler un incroyable trafic permettant d'enrichir les deux camps qui se combattent, avec des complicités remontant jusqu'à ces personnes que l'on dit haut-placées.
Les détails livrés par l'auteur sur la vie à Saigon sont à la fois passionnants et révélateurs. Je découvre même le succès de la secte Siên Linh qui, pour exister et se développer, mange à tous les râteliers.
Enfin, il y a Paris et François qui va se révéler un excellent journaliste, un enquêteur passionné, même si sa soeur, Hélène, le contraint à l'héberger dans son petit appartement alors qu'il y vit avec Mathilde.
Le plus mystérieux des trois frères est quand même Jean dit Bouboule, un homme complètement sous la coupe de Geneviève, son épouse. Si je ne peux pas en dire plus à son sujet, je peux quand même signaler quelques meurtres qui ne manquent pas de m'horrifier et de m'intriguer.
Si les enfants Pelletier, à Paris, réussissent à vivre, c'est bien grâce à la générosité de leur père mais rien ne va se passer normalement et c'est bien ce qui fait tout l'intérêt de ce roman plein de rebondissements et de surprises.
J'ajoute que Pierre Lemaitre réussit habilement à remettre en mémoire les grèves des mineurs du Nord, la violente répression exercée par les forces de l'ordre et l'armée. Tout cela débouche sur la manifestation du 11 Novembre 1948 qui voit les Gardes républicains et la Police charger mineurs et Anciens combattants avec une violence extrême. François est là, tentant de faire son travail de journaliste alors qu'il venait à un rendez-vous fixé par Nine, une jolie jeune femme dont on devrait encore entendre parler.
Beyrouth, Saigon, Paris, 1948, le Grand Monde, nom d'un établissement parisien et d'une salle de jeux de Saigon où Étienne a pris ses habitudes alors qu'il s'est mis aussi à fumer de l'opium, Pierre Lemaitre, d'une écriture vivante, rythmée, maîtrisant parfaitement l'art du suspense et ménageant quantité de surprises, s'est lancé dans une nouvelle trilogie dont le premier opus rencontre un succès amplement mérité.
Je me suis régalé. Quantité d'événements sont revenus dans ma mémoire et j'ai aussi appris beaucoup sur cette histoire pas si lointaine des colonisations menées par notre pays et qui ne sont pas terminées de manière glorieuse. Au passage, beaucoup de protagonistes en ont profité tout à fait impunément alors que le peuple de France manquait de tout après les années terribles de la Seconde guerre mondiale.
Le Grand Monde devrait être suivi par deux autres romans et je suis sûr que Pierre Lemaitre travaille déjà sur le suivant et que son talent d'écrivain se manifestera à nouveau pour notre plus grand régal !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Allez, voix nasillarde à l'ancienne pour la réclame :
Maison Pelletier, passeurs d'histoire de père en fils, de Beyrouth en passant par Saigon et Paris.
La saga familiale de Pierre Lemaître démarre en 1948 dans une savonnerie libanaise qui fait la fierté de son patriarche et un peu moins celle de sa famille. Petits soucis deviendront grands quand la progéniture a des envies d'ailleurs et savonne la planche de l'héritage.
Les 4 enfants de la famille n'ont pas grand-chose en commun à part leur pédigrée. Nous n'avons pas affaire aux Dalton ou à des fratries cloniques qui semblent sorties de photocopieuses 3D. Jean, l'ainé, est un génie d'incompétences, un raté intégral et un concentré de frustrations, qui fuit à Paris avec Geneviève, son épouse, une garce qui fera date dans le bestiaire de l'auteur. Ils retrouvent sur place Louis, le cadet, qui s'est lancé en secret dans le journalisme et va se spécialiser dans le fait-divers tapageur. le troisième fils, Etienne, part lui à Saigon avec son chat. Il n'a rien d'un aventurier et se rend vite compte que l'Indochine, ce n'est pas Canary Bay. Au programme, Kao-Bang et trafic de piastres digne de l'arnaque aux monuments aux morts d'Au revoir là-haut. Salut d'ici-bas. Il reste la fille, Hélène qui couche avec son prof pour passer le temps et qui rêve de rejoindre ses frères.
J'ai effeuillé ce feuilleton avec un plaisir immense. Pierre Lemaître redonne ses lettres de noblesse au roman populaire. Un comble mais pas de particule pour ce grand monde. L'auteur revendique le genre mais il en magnifie les archétypes. Les personnages s'identifient simplement mais il ne s'agit pas de coquilles vides au tempérament binaire. Même les figurants ont du caractère. La description de l'époque n'est pas un décor en carton-pâte placé au second plan pour meubler le récit. L'histoire dialogue avec la fiction et elles se mettent en valeur mutuellement. Les intrigues sont multiples et se rejoignent façon puzzle grâce à l'album de famille Pelletier.
Pierre Lemaître ne se refait pas et même s'il se cache derrière son histoire comme un Viet-Cong dans la jungle, l'hommage aux lanceurs d'alerte qui se battent contre des hommes politiques corrompus est bien marqué et on renifle une nouvelle fois son aversion pour l'affairisme et les cyniques qui salissent les belles causes.
Je ne peux aussi, comme tant d'autres ici avant moi, que relever ce souci du détail qui rend sa fiction si immersive et les épisodes rocambolesques plus crédibles.
Je n'ai qu'une hâte, c'est la sortie du second tome de la saga. Allez, je parie quelques piastres que l'histoire suivra davantage le personnage d'Hélène, en construction ici et dont on sent le potentiel romanesque.
Que du beau monde en ces pages.
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Roman attendu, comme à chaque fois pour cet auteur que je lis depuis de nombreuses années, séduite, dès le départ par les polars.

La nouvelle mouture s'inscrit dans le cadre de ces récits initiés avec Au-revoir là-haut. le récit s'alimente des destins à la fois banals et remarquables d'une poignée de personnages, inscrits dans les tourments que leur font subir la grande histoire.

En 1948, la France se remet lentement de ses blessures de guerre, les vivres sont encore rationnés, le confort est plus que sommaire et la vie quotidienne n'est aisée que pour les débrouillards.
Mais la famille Pelletier voit de loin ces tracas, puisque l'usine fondée par Louis est prospère et que la relève devrait être assurée par le fils ainé. Mais Jean n'a pas la fibre pour gérer une telle entreprise, et poursuivre le développement de la fabrique de savon installée à Beyrouth. Hélène est encore bien jeune et c'est une fille, François qui est bon élève est appelé à suivre une voie plus royale en France. Quant à Etienne, sa délicatesse le fait écarter d'emblée de la succession. D'autant que son ami Raymond est parti en Indochine et que rapidement, Jean n'en a plus de nouvelles. Il décide de se rendre sur place.

Puis c'est la débandade, l'effondrement des espoirs parentaux, et cerise sur le gâteau un meurtrier impulsif sème les cadavres sur sa route…

C'est dire si la matière est dense et justifie les cinq cents pages, que l'on dévore avec avidité.

On aime aussi beaucoup les pages consacrées à la guerre d'Indochine, aux enjeux économiques complexes , qui a laissé la presse et l'opinion quasi mutique pendant des années. Certains passages sont particulièrement violents.


Pierre Lemaitre a créé un genre, petite histoire plongée dans la grande histoire, illustrée par des personnages qui donnent l'envie de les suivre. Et on se réjouit de savoir que trois tomes suivront.
Merci à Babelio et aux éditions Calmann-Lévy.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (12)
Telerama
13 février 2023
Au Liban, Louis et Angèle, les parents, tiennent avec calme et dextérité la fabrique des Savons du Levant. Derrière eux se tiennent comme ils peuvent leurs quatre enfants, trois fils et une fille, qui n’ont pas forcément l’ambition de reprendre l’affaire paternelle.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
09 janvier 2023
Quoi de mieux pour commencer l'année qu'un gros roman intelligent qui vous tient en haleine jusqu'au bout ?
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Pierre Lemaitre propose cette année une plongée mouvementée dans la guerre d'Indochine dans son nouveau roman, Le Grand Monde.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
22 avril 2022
Pierre Lemaitre nous a délectés avec sa trilogie Les enfants du désastre, qui se déroulait pendant la période de l'entre-deux-guerres, et dont le premier tome, Au revoir là-haut, a remporté le Goncourt en 2013. Voilà qu'il amorce un nouveau cycle qui couvrira les trois décennies suivantes, Les années glorieuses, à peine deux ans après avoir clos le précédent.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
18 avril 2022
L'auteur d'"Au revoir là-haut" revient dans cette rentrée littéraire d'hiver avec "Le Grand Monde", une saga familale flamboyante dans laquelle il s'attaque aux Trente Glorieuses.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
24 mars 2022
Le romancier captive et étourdit habilement le lecteur sans jamais perdre le fil de cette histoire aux cent visages.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
FocusLeVif
24 mars 2022
Au sommet de son art, l'écrivain signe un roman d'aventure jubilatoire qui se double d'un portrait ravageur de la France de l'immédiat après-guerre. Un tour de force littéraire qui redonne ses lettres de noblesse au roman populaire.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Telerama
04 février 2022
L’écrivain français suit cette fois la famille Pelletier entre Paris, Beyrouth et Saigon au début des Trente Glorieuses. Le portrait de toute une époque, mêlé à un feuilleton haletant.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaCroix
04 février 2022
Enfin le grand romancier populaire de qualité qu’attendait la littérature française ! Avec cette nouvelle fresque sur les Trente Glorieuses, qui succède à la saga sur les Années folles et l’après-Grande Guerre, le doute n’est plus permis.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
26 janvier 2022
Fresque familiale, historique, récit tissé de suspense, de psychologie, de politique et d'ironie... on sort de cette lecture repu, avec l'impression d'avoir traversé le "Grand Monde" autant que les destins individuels de personnages auxquels on s'est attachés, et que l'on a hâte de retrouver.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaTribuneDeGeneve
24 janvier 2022
Plusieurs écrivains du club Goncourt s’affichent dans cette rentrée littéraire. Mais la valeur sûre des longues soirées d’hiver, c’est lui et son «Grand Monde».
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeParisienPresse
24 janvier 2022
Une fantastique saga familiale.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Citations et extraits (255) Voir plus Ajouter une citation
Ce Roman nous fait voyager... nous contant des allers et retours mais aussi des allers sans retour entre Liban, France et Indochine...

1948 le deuxième conflit mondial est fini depuis trois ans mais la France est encore en guerre, non sur le sol métropolitain mais à plus de 10 000 km dans une de ses plus florissantes colonies, l'Indochine. Une sale guerre sans véritable front, où l'ennemi est le plus souvent invisible mais diaboliquement redoutable.

1948, c'est aussi des grèves interminables, de conflits sociaux à répétitions où la violence prend le pas sur les marches de manifestations contestataires. Elles résultent d'un manque de reconnaissance du travail forcené des mineurs mal rémunérés. Les mécontentements récurrents, sont exacerbés par une interminable période de restrictions mais aussi d'inflation appauvrissant toujours plus, les plus démunis.

La colère est à son comble, privations et injustices pour les uns, abondance et prospérité pour d'autres...

C'est dans ce contexte délétère et explosif que la famille Pelletier, un couple de nouveaux parvenus et leurs quatre enfants ont trouvé leur place au sein d'une bourgeoisie cultivant la primauté de ses bonnes relations parmi les personnalités influentes du moment. Installé au Liban, Louis le père est un entrepreneur opportuniste dirigeant une importante savonnerie à Beyrouth disposant de succursales dans les pays limitrophes au Moyen Orient. Une belle affaire qui rapporte mais aux profits mesurés. Il y a de l'argent chez les Pelletier mais on n'exhibe pas non plus sa fortune.

Les Pelletier... les enfants...

Leur histoire commence en 1946 au moment où le fils aîné Jean, est mis en poste comme responsable du service commercial, puis directeur général de la savonnerie... ce sera vite un échec. Jean surnommé "bouboule" n'est pas une flèche comme on dit. Chez lui, l’enthousiasme faisant vraiment défaut, se traduit par un manque d'envie, le retrait face à l'effort et à l'engagement. Jean n'est ni sot ni niais mais dolent, voire fuyant. Ce n'est pas non plus l'enfant préféré de la famille mais, étant l'aîné, c'est sur lui que l'on compte pour pérenniser et faire fructifier l'affaire familiale que les trois autres enfants n'ont aucune envie de reprendre... Jean s'est marié avec Geneviève, la "pièce rapportée"... comme peste, c'est un monument dans le genre... un monument tiens donc !...

Vient Étienne, beau ténébreux, profondément humain, à la fois poète et aventurier. Son grand amour, c'est Raymond, jeune agent comptable, de nationalité Belge qui, s'étant engagé dans la légion, a été aussitôt envoyé en Indochine. N'ayant plus de ses nouvelles, Étienne a décidé de quitter Beyrouth pour le rejoindre à Saïgon... Premier départ d'enfant chez les Pelletier... il ne reviendra pas...

François, c'est l'intellectuel de la famille, très jeune héros de la Résistance. Sans doute, plus taciturne que ses frères il est néanmoins, le plus déterminé quant à ses aspirations. Ses parents l'encouragent à faire Normal Sup, et pour ça, on l’envoie à Paris où, à contrario, suivant son idéal professionnel, il s'engage au "Journal du soir" comme journaliste à la rubrique des faits divers, sans rien en dire à ses parents. Il est le second à quitter les siens et Beyrouth.

Hélène la "petite dernière" n'est encore pas majeure mais a déjà bravé bien des interdits. Modèle parfait de "révoltée" insubordonnée, elle est jolie comme un cœur, pas vraiment garçon manqué mais, féminine en diable, elle est à la fois désobéissante. provocatrice, et volontaire jusqu'à l'arrogance. Elle est plus liée et complice avec Étienne qu'avec ses autres frères. Elle sera la dernière à quitter le cocon familial sur le mode fugue...

Les parents...

Louis, est un homme calme du genre qui ne perd pas facilement son sang froid. C'est un créatif réaliste et opportuniste qui a le sens des affaires particulièrement fier de sa réussite mais, étant aussi un père aimant, il sait déléguer et faire confiance. Il compte bien sur les héritiers de la dynastie des Pelletier dont il dit qu'elle remonte à un ancêtre proche du maréchal Ney, pour lui succéder. Louis aime tout ce qui est technique et dans ce domaine, ne laisse à personne d'autre que lui le soin de surveiller la qualité de fabrication. Tôt le matin, Il est présent près des chaudrons et des appareils de moulage du savon. S'il ne se déplace qu'à bicyclette, n'ayant pas le permis de conduire automobile, il prend souvent l'avion pour faire le tour de ses filiales.

Angèle, son épouse quelque peu névrosée, si elle dirige la partie intendance de la savonnerie avec rigueur, elle soupçonne son époux d'avoir quelques maîtresses conquises au gré de ses déplacements. Dans leur entourage, lui faisant cette réputation d'homme infidèle, cela la flatte assurément. Elle supporte difficilement la séparation de ses enfants qui, les uns après les autres, quittent le foyer familial pour aller faire leur vie bien trop loin. Au-delà de sa fragilité et de ses craintes face à l'âpreté de la réalité et aux déceptions cruelles, elle est capable de mansuétude et même de pugnacité pour soutenir les siens .

et... le chat Joseph... en poste sur le vieux réfrigérateur est l'observateur attentif des tensions internes de celui qui se dit son maître... une pompe à stress imperturbable, omniprésent, point de jonction apaisant entre la réalité brutale et l’ineffable.



La galerie de portraits ne s'arrête pas là ... il y a plein d'autres truculents et intrigants personnages dans ce grand monde, bien évidemment plus grand par son étendue spatiale que par la grandeur d'âme et la probité des occupants des divers lieux présentés dans ces pages.

Dans ce chassé-croisé de destins ballottés par leurs quêtes et ambitions mais aussi par leurs angoisses et terreurs, on ne sait pas toujours qui sont les bons et qui sont les mauvais... duperies, traquenards, trahisons n'épargnent pas les impétrants dans les rôles et fonctions hasardeusement ou providentiellement assignés. Ceci, sur fond d'exotisme avec ses parfums, ses langueurs sa moiteur.

D'un chapitre à l'autre, d'un paragraphe au suivant, l'auteur a ce talent envoûtant de nous promener dans des situations et des univers très différents, tantôt familiers presque rassurants, tantôt glauques, inquiétants, à en avoir la nausée, nous laissant découvrir des scènes d'horreurs jusqu'à l'insoutenable... D’aller au cinéma dans une salle parisienne ou en mission dans la jungle vietnamienne peut être malencontreusement fatal et, à chaque fois, irrémédiablement périlleux... entre "bêtes et méchants", il y a des tordus, des crapules, des malades, mais aussi des doux, des plus purs, des innocents, des scrupuleux, des gens honnêtes, des braves...

Dans cet empire colonial en liquéfaction, les envolées de la Piastre auraient-elle rendu le Franc lourd avant la date ?...

S'il en est qui ont de la suite dans les idées, Pierre Lemaître a, lui, ce sens encore plus aigu au service des parutions successives de ses romans, en nous replongeant avec art et malice, dans la suite des événements marquants du tumultueux XXe siècle.
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— C'est un imbécile. lâcha le garçon.
— Non, c'est un con.
— C'est pareil.
M. Pelletier s'arrêta de jouer.
— Non, c'est pas pareil. Si tu expliques trois fois un truc à quelqu'un et qu'il ne le comprend pas, c'est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l'avoir compris mieux que toi, alors, tu as affaire à un con.

Pages 20-21, Calmann-Lévy 2022.
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Elle interrogea François, réputé l'intellectuel de la famille parce qu'il avait passé son baccalauréat avant l'âge.
— Ce sont des noms de demi-mondaines, maman. Ninon de Lenclos pour la première, Virginia de Castiglione pour la seconde. La Païva, c'est le nom adopté par une femme nommée Esther Lachmann. On disait d'elle : « Qui paie y va. »
Mme Pelletier ouvrit une bouche ronde.
— Ce sont des… ?
— Oui, maman, confirma calmement François, ce sont des.
— Mais pas du tout ! protesta M. Pelletier lorsqu'il fut interrogé. Ce sont des courtisanes, Angèle. Je les ai appelées comme ça parce que ce sont mes petites chéries, voilà tout…
— Des salopes, oui.
— Oui, aussi… Mais c'est pas trop pour ça…
Mme Pelletier aimait à faire à son mari la réputation d'un homme infidèle. Cela devait la flatter. En réalité, Louis ne l'avait jamais trompée, mais elle ne manquait pas une occasion de stigmatiser en public des écarts de conduite qu'elle savait parfaitement imaginaires. Il en allait ainsi, par exemple, du fait que son mari, lorsqu'il se rendait à Paris, descendait toujours à l'Hôtel de l'Europe. Il vantait souvent les qualités d'accueil de Mme Ducrau, l'hôtelière que Mme Pelletier n'appelait jamais autrement que « la maîtresse de mon mari » ou « la maîtresse de votre père » quand elle s'adressait aux enfants. Louis protestait toujours. « Mme Ducrau doit être bicentenaire, Angèle ! » disait-il, mais elle accueillait cet argument d'un petit mouvement de principal signifiant : « À d'autres ! »
Pour l'heure, Mme Pelletier avait un tout autre souci que les maîtresses de son mari ou le surnom des trois grandes cuves à savon : survivre.
Selon elle, rien n'était moins certain.
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- Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal Palace, vous avez tout ce qui compte à Saïgon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L’erreur serait de croire que Saïgon est une ville. C’est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l’alcool, le pouvoir, tout s’y donne libre cours sous l’autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir Sa Majesté la Piastre !
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Elle se demandait si son fils n’allait pas faire le voyage pour rien. Et si ce Raymond, bien qu’il ait l’air si gentil, n’en voulait plus, de son Étienne ? Et s’il ne répondait plus aux lettres parce qu’il avait changé d’avis? Mme Pelletier l’espérait confusément, son fils reviendrait alors à la maison, elle eut honte de cette pensée. Mais aussi, il se mêlait à ce départ tant de préjugés… L’Indochine avait la réputation d’une terre de stupre et de fornication, destination privilégiée des aventuriers, des ratés et des dépravés. À l’annonce du départ d’Étienne pour ce pays consacré à la luxure et au vice sous toutes ses formes, Angèle avait perçu les sourires de quelques membres de leur entourage comme les Cholet qui n’en rataient pas une. Mais elle se demandait avec inquiétude si cette pensée n’avait pas gagné la famille Pelletier elle-même, Jean, par exemple, ce qui la remplissait de tristesse.
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Vidéo de Pierre Lemaitre
Dans le 173e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente L’homme qui en a trop vu, histoire basée sur le témoignage du photoreporter Ali Arkady que met en scénario Simon Rochepeau, en dessin Isaac Wens et qui est édité chez Futuropolis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Les Beatles à Paris, un titre que nous devons au scénario de Philippe Thirault, épaulé par Vassilissa Thirault, au dessin de Christopher et c’est publié aux éditions Robinson - La sortie de l’album Les herbes sauvages que l’on doit à l’auteur Adam de Souza et qui est édité chez Gallimard - La sortie de l’album Delta blues café que l’on doit au scénario de Philippe Charlot, au dessin de Miras et que publient les éditions Grand angle - La sortie de l’album Des femmes guettant l’annonce que l’on doit à Fedwa Misk pour le scénario, Aude Massot pour le dessin et qui est édité chez Sarbacane - La sortie d’Après, le troisième et dernier tome de la série Cadres noirs, adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre par Pascal Bertho au scénario, Giuseppe Liotti au dessin et c’est édité chez Rue de Sèvres - La réédition dans la collection La bibliothèque de Daniel Clowes des éditions Delcourt de Pussey, album que l’on doit à Daniel Clowes
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