D'évidence les églises ne sont ni orientées vers l'Est ni vers Jerusalem ni vers le point où se lève le soleil le jour de la fête votive. (...)
... Un poteau, le soleil, l'heure de midi et probablement la fête votive sont les premiers ingrédients nécessaires au cérémonial de fondation roman ou gothique, mais afin de reconstituer le puzzle et parvenir à décrypter le livre de pierre, bien des éléments manquent encore. L'observation attentive des modestes églises comme celle des grandes cathédrales apporte, fort heureusement, d'autres enseignements qui vont permettre de compléter les données nécessaires à notre quête.
L'espace matériel formé par le corps du bâtiment d'une église, entre la porte d'entrée et l'autel, constitue le domaine privilégié, le creuset, où l'Homme doit trouver la possibilité de fortifier et purifier son âme pour parvenir, s'il en est capable, s'il le souhaite et si les forces lui en sont données, à approcher la Présence divine. L'église, telle que conçue au Moyen Âge, s'apparente tout autant à un sanctuaire, dévolu à la Puissance de Dieu, ce en quoi elle se révèle naturellement un Temple, qu'à une sorte de "machine spirituelle" dont l'objet serait de prendre en charge pour aider, voire transformer celui ou celle qui y pénètre. La conception architecturale, les formes, les dimensions, tout devait être mis en oeuvre, au moment de la construction, pour faciliter l'éveil spirituel, consolider la foi et faire passer sans heurt quiconque le souhaiterait de la matérialité terrestre à l'élévation de l'âme.
Les églises, en effet, furent conçues pour instruire, pour faire connaître aux hommes ce que pouvaient leur apporter les Écritures et les aider à développer leur spiritualité. En ce sens elles peuvent être comparées à des livres, des livres de pierres où furent déposer les connaissances et le savoir religieux de leurs bâtisseurs. Toutefois, dépositaires d'une culture de l'oral, elles ne laissent que rarement apercevoir les messages qu'elles recèlent. Leur conception symbolique réclame une démarche active pour qui veut les comprendre, et de ce fait, il est bien rare de lire en elles "à livre ouvert". Rejoignant les pensées ésotériques de l'époque, il faut bien admettre que ces livres sont "fermés", et donc gages du meilleur enseignement qui soit puisque leur compréhension réclamera, à tout instant, une démarche personnelle.
... Des symboles aussi fort que celui de la Croix ou du Chrisme existaient bien avant le début de notre ère et avaient cours tant dans le monde grec que romain. Certes la Croix ne portait pas le message de la crucifixion, mais représentait néanmoins l'image de l'élan spirituel de l'Homme vers sa divinité, en associant la ligne horizontale symbolisant la Terre, à la ligne verticale qui traduit le lien unissant l'univers créé avec le Ciel.