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Critique de BillDOE


MargaretParker, la « duchesse », tient un ranch avec son mari Thomas dans le Colorado durant les années 1870. Ils capturent des chevaux sauvages, les dressent et en font le commerce. Lorsque Thomas meure, leur voisin, le colonel Conolly, mets la main sur la propriété de Margaret en ruinant cette dernière. Elle décide de monter un gang avec Hattie Lacour, une esclave qu'elle avait recueillie, Joan et Stella, deux soeurs orphelines et Jehu un employé. Plus tard les rejoindra Grace dont les intentions journalistiques cachent une autre vérité. Pendant quelques années, ce gang va braquer banques et diligences afin de voler l'argent du colonel.
Une auteure qui écrit une histoire de femmes hors la loi dans une Amérique de la fin du XIXe siècle pourrait être le prétexte à une propagande féministe politique et partisane, il n'en est rien. Mélissa Lenhardt ne se venge pas de siècles de soumission de la femme par l'homme mais dresse plutôt le bilan d'une société patriarcale et fait la démonstration de l'égalité homme-femme. Il n'y a qu'une nature humaine où se partagent équitablement qualités et défauts entre les deux sexes. Même si la description des relations entre les héroïnes tourne parfois à une ambiance de poulailler, on est séduit par les caractères bien tranchés des protagonistes. La « duchesse » se dresse en porte étendard d'une cause qui était loin d'être gagnée à l'époque et encore de nos jours, et témoigne de l'exemplarité d'une femme face à la bêtise machiste d'une certaine tranche de la population masculine. C'est là toute l'intelligence de cette personne, d'être partout où on ne l'attend pas, d'avoir une liberté et une autonomie de pensée édifiante et, sans jamais entrer dans une confrontation violente, s'assurer la reconnaissance de ses amis comme de ses ennemis.
L'auteure, en tant qu'historienne, s'appuie sur des faits réels pour construire son histoire et, afin de donner foi à ses arguments, ponctue son récit de coupures de presses de l'époque, de témoignages de rescapés du temps héroïque de l'Heresy Ranch, de carnets de notes de Margaret ou de Grace, qui s'appelle en réalité Claire Hamilton. Cette forme de roman aurait pu donner l'occasion aux lecteurs d'avoir différents points de vue sur une même action. Malheureusement Melissa Lenhardt manie mal cet effet de style et l'on a souvent l'impression de lire plusieurs fois la même version des faits.
« Les femmes d'Heresy ranch » est un vrai-faux reportage sur les moeurs du far-West de cette fin du XIXe siècle avec l'idée d'apporter du grain à moudre aux mouvements féministes contemporains.
L'écriture est simple, dans un style directe et efficace. Certains passages qui frisent la mièvrerie et cultivent un manichéisme sexiste entendu n'entravent absolument pas le plaisir de la lecture et l'engouement pour ces personnages au caractère bien trempé et aux idées révolutionnaires pour l'époque.
Merci à babelio masse critique et aux éditions du Cherche Midi pour la découverte de cette auteure et de sa passionnante histoire de femmes dans un far-West encore sauvage où les mots liberté et indépendance avaient encore du sens.
Traduction de Tania Capron.
Edition du Cherche Midi, 537 pages.
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