La sagesse nous apprend à désirer et à aimer ce qui est. Elle nous apprend à dire "oui" à la vie. Un bonheur profond et durable devient possible dès lors que nous transformons notre propre regard sur le monde. Nous découvrons alors que bonheur et malheur ne dépendent plus tant des causes extérieures que de notre "état d'être".
Nous sommes conditionnés mais pas déterminés à être plus ou moins heureux. Nous avons donc la faculté, notamment par l'usage de notre raison et de notre volonté, d'accroître notre capacité à être heureux (sans pour cela que le succès de cette quête nous soit garanti).
Il n'est pas de condition humaine, pour humble ou misérable qu'elle soit, qui n'ait quotidiennement la proposition du bonheur: pour l'atteindre, rien n'est nécessaire que soi-même . Jean Giono
Nul ne pourra être heureux s'il veut aller à contre-courant de sa nature profonde.
« Tu ne seras jamais heureux tant que tu seras torturé par un plus heureux58. » Sénèque rangeait au demeurant l’argent parmi les choses dites « préférables ». À la manière d’Aristote, il pensait qu’il valait mieux disposer de biens en suffisance que d’en être privé. Mais, comme la plupart des philosophes de l’Antiquité, il considérait aussi qu’une trop grande abondance de biens non seulement n’était pas nécessaire au bonheur, mais pouvait aussi lui nuire...
Ce qui tourmentent les hommes ce n'est pas la réalité, mais les opinions qu'ils s'en font. - Epictète
Victor Hugo l'a bien exprimé dans ces vers tirés des Contemplations :
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme;
Vous me connaissez, vous ! Vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Un humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau m'occupe tout un jour,
La contemplation m'emplit le coeur d'amour (...)
Qu'est-ce je serais heureux si j'étais heureux !
Woody Allen !
Me trouvé-je en quelque assiette (état ) tranquille? Y a-t-il quelque volupté qui me chatouille? Je ne la laisse pas friponner aux sens, j'y associe mon âme, non pour s'y engager, mais pour s'y agréer, non pas pour s'y perdre mais pour s'y trouver; et l'emploi de sa part (pour sa part) à se mirer dans ce prospère état, et en peser et estimer le bonheur et amplifier. Montaigne Essais, III, 13.
Tout l'art du bonheur consiste à ne pas se fixer des objectifs trop élevés, inatteignables. Il est bon de les graduer, de persévérer sans crispation tout en sachant parfois lâcher prise et accepter les échecs et les aléas de la vie. C'est ce que Montaigne et les sages taoïstes chinois ont bien compris et expliqué : Laisser s'exercer son attention sans effort ; ne jamais affronter une situation en vue de la forcer ; savoir agir et ne pas agir. Bref, espérer le bonheur et le poursuivre tout en étant souple, patient, sans attentes démesurées, sans crispation, en constante ouverture de cœur et d'esprit.