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Critique de Klasina


Au coeur de l'essai, l'éthique universelle du Christ : justice, non violence, liberté, égalité, fraternité…

Pourquoi les droits de l'homme sont-ils nés en Occident ? Frédéric Lenoir nous répond, parce que l'Occident était chrétien. L'Eglise, dès sa naissance, a assombrie l'enseignement du Christ, c'est-à-dire qu'elle a subverti les valeurs du Christ. Dès que le christianisme est devenu religion officielle de l'Empire Romain au Vie siècle, c'est un voile, un nuage, un ciel qui s'est interposé entre le véritable enseignement du Christ.

L'ouvrage, reprenant par époque, le développement de la religion chrétienne, parvient à montrer que c'est en opposition à l'institution ecclésiale, que le message du Christ a pu se développer et parvenir à notre société actuelle. de même que l'auteur porte une lecture neuve sur les Evangiles.
L'ouvrage est pertinent, clairement présenté, et écrit dans une clarté implacable. L'auteur part des origines pour parvenir à notre société moderne actuelle qui a repris l'essentiel du message christique. Voici les grandes lignes.

L'enseignement de Jésus est révolutionnaire pour son temps. Contre la tradition juive, ( Jésus reste tout de même juif) Jésus prône l'égalité entre personne, la liberté au-delà des conditions extérieures de détermination (ethniques, sociales, politiques…) propres à une société, où chacun à sa place, son rôle à tenir, le tout au détriment de la partie (système holiste). Pour qu'un homme puisse suivre Jésus, il doit se défaire des liens familiaux, qui priment dans une société traditionnelle. Par là, c'est la Tradition qui est touchée. Amour du prochain, fraternité, justice sociale…autant de valeurs portées par le Christ. Et c'est valeurs ont forgé notre identité moderne.
Mais le message christique, a dévié. L'Eglise a été coupable d'actes de violence, des persécutions à l'Inquisition. Par ailleurs, elle a permis de contribuer à développer des centres de charité, pour la pauvreté…

L'humanisme de la Renaissance était encore imprégné du message christique, il ne reniait pas la foi. Les Lumières reprennent à leur tour, des idées des Evangiles, et au-delà du Christ. Elles ne fondent pas ce message sur la foi, mais sur la raison. Partant de là, le message du Christ est conservé sous une forme d'un humanisme séculier, et ensuite athée (les Lumières croient en une entité…). C'est la version laïcisée qui est venue à nous.
Enfin, l'auteur revient sur notre société actuelle : la place de la religion, du christianisme.

Jésus, deux millénaires avant nous, avait posé les bases de la « modernité ». Pourquoi dès lors, cette modernité a été refusée ? Ces valeurs étaient, à mon avis, trop révolutionnaires, dans une société aussi traditionnaliste. Peut-être que l'Humanité devait apprendre des leçons, peut-être son histoire n'était pas toute faite, elle attendait de voir la contingence, des actes libres surgir. S'il n'y avait pas eu de Moyen Age de l'Eglise, certaines idées n'auraient pas germé. C'est que chaque époque est complémentaire. On pense sur des idées léguées par les plus anciens, par là, on peut les reprendre, et développer à son tour, une idée novatrice, qui fait la dialectique des idées précédentes. ( ex : en philosophie, Kant, qui concile les empiristes et les idéalistes).

Ces valeurs ne devaient pas s'imposer, comme une hétéronomie, mais elles devaient se réaliser, se choisir, et devenir la marque de l'autonomie de la raison et de l'homme. Est-ce-là aussi un enseignement du Christ ?
Ces questions sont toujours ouvertes, le monde est toujours à regarder, à deviner, à déchiffrer.

On l'aura compris : le christianisme est toujours là, c'est un christianisme « invisible ». D'ailleurs, n'avons-nous pas trop de foi en nos idées modernes ?
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