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Critique de Fortuna


Le bouddhisme était la 4ème religion en France en 1999. Elle s'est implantée dans les années 60 avec l'arrivée d'une communauté asiatique fuyant entre autres la guerre du Vietnam ou les crimes des Khmers rouges et les massacres du Tibet. Les pratiques bouddhistes ont attiré de plus en plus de Français au fil des années séduits par le caractère rationnel et pragmatique du bouddhisme, sa tolérance, son pacifisme, sa compassion, son respect du vivant, sa compatibilité avec d'autres religions. de nombreux catholiques en particulier vont y trouver un nouvel élan qui va leur permettre d'approfondir leur pratique religieuse. Le bouddhisme est en effet plus vécu comme une voie spirituelle qu'une religion dogmatique et attire également des adeptes athées qui y trouvent des techniques comme le yoga et la méditation, leur permettant de retrouver une sérénité loin du stress de la vie moderne.

A travers divers témoignages très intéressants de Français qui ne sont pas de culture asiatique, Frédéric Lenoir nous fait le portrait de ces nouveaux adeptes, répartis en trois groupes selon leur profondeur d'implication, les pratiquants, les proches et les sympathisants, autour de deux grandes écoles, le bouddhisme tibétain et le bouddhisme zen. Le premier connaît un réel succès suite au drame du Tibet, aux visites du dalaï-lama, à des figures comme celle de Matthieu Ricard qui ont transmis son message. L'attrait pour le bouddhisme zen est lui lié au succès de la pratique de la méditation en posture assise, le zazen.

Globalement les pratiques du bouddhisme en France sont très variées, englobant des personnes qui appartiennent à d'autres religions, le christianisme ou le judaïsme, des personnes en souffrance qui retrouvent un message d'espoir, d'autres engagés dans un combat écologique, adeptes de la non-violence. Frédéric Lenoir ne cache cependant pas que la vision idéalisée des occidentaux concernant les moines et maitres bouddhistes, n'empêche pas que certains soient fort éloignés de la vie spirituelle détachée des biens matériels…comme dans toute religion. Et si les croyances des bouddhistes – non-moi, abandon des illusions de l'individualité, nirvana, réincarnation – sont peu compatibles avec la mentalité occidentale – individualisme, droits de l'homme – il n'en reste pas moins qu'elles apportent une relativisation des valeurs de nos sociétés modernes et que le message du Bouddha contribue à rendre la vie meilleure.

Cet ouvrage est le deuxième volet de l'étude sociologique de Frédéric Lenoir sur le bouddhisme qu'il a menée dans le cadre de sa thèse, et qu'il considère comme un laboratoire de la modernité religieuse dans la mesure où s'élabore une sorte de syncrétisme entre différentes théories religieuses vers l'élaboration de pratiques qui cadrent mieux avec notre vie moderne que les religions traditionnelles. Le bouddhisme, lui-même détaché de son enracinement oriental et de traditions peut-être elles-mêmes obsolètes, a permis en effet à beaucoup de retrouver le chemin d'une spiritualité que le christianisme en particulier ne nourrissait plus. A méditer.
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