Voilà un livre qui aurait pu me faire prendre quelques kilos mal placés : plus de 700 pages que j'ai dévorées comme une affamée.
Pourtant, il y avait de quoi me rebuter ou me faire hurler, dans cette brique qui aurait pu me rester sur l'estomac, si j'avais un grain de bon sens. Mais je n'en ai point...
A ma gauche, nous avons un jeune paysan, Giovanni, amoureux d'une grande et belle jeune fille noble (elle est à ma droite, et je ne fais pas de politique) : déjà, ça pue le cliché de l'amour impossible suite à leur différences de classes sociales (et au 16ème siècle, c'est vachement important !).
Bon, la grande noble n'est pas si grande, elle a son âge, mais elle est pétée de thunes et très noble tandis que lui est très fils de paysan. Il aurait pu se contenter de se faire plaisir tous les soirs en pensant à elle. Mais non ! Il l'aime !
Je ne résiste pas à citer cet extrait qui, malgré ce que l'on pourrait penser, ne provient pas d'un roman guimauve de
Barbara Cartland : « Cette attirance réciproque lui semblait bien étrange, mais l'aura magique de cette rencontre ne faisait qu'attiser le feu qui commençait à gagner son coeur ».
Si, je vous jure, j'ai apprécié le livre ! J'ai pas fini de critiquer, en plus... Attendez, on peu se moquer et aimer, non ?
Bon, ce fils d'agriculteur (que rien ne le prédestinait à une pareille vie rocambolesque que l'auteur va lui faire mener dès son départ du village), fera des rencontres capitales et vivra des déconvenues dramatiques.
Notre garçon est inculte (paysan, 16ème siècle, pas d'école, enfants au travail, gnagnagni et gnagnagna) mais il va tout apprendre en 4 ans... Et pas que apprendre à lire et à écrire, hein ! le garçon rencontre des gens intelligents qui ont tout à lui apprendre. Too much !
Et comme je vous parlais de déconvenues, un peu plus haut, je vais vous tailler aussi un bout d'gras sur les petites misères que traversera Giovanni : un duel, une condamnation à mort -transformée en galères à vie mais heureusement un naufrage sauvera notre paysan - et paf, le voilà sauvé. Un passage par un monastère (si, pour moi c'est une déconvenue)... où il apprendra l'art de peindre des icônes et miracle, il deviendra le peintre de son temps !
Que de qualités, ce garçon ! Non, n'allez pas croire que je n'ai pas aimé le livre, il m'a fait passer de bons moments, mais je m'étais mise en mode «Te pose pas trop de questions, lis et ne prends pas garde au côté SuperMan du héros».
Oui, le roman est innondé de clichés qui peuvent irriter (de la pommade et on n'y verra plus rien). Oui, l'auteur veut nous cultiver, pauvres lecteurs incultes que nous sommes.
Oui, à chaque nouvelle rencontre, l'auteur nous abreuve de toutes les données historiques, philosophiques, théologiques, etc... qu'il connaît sur cette belle époque de la renaissance italienne...
Sans oublier le côté un peu moralisateur sur les vilains chrétiens catholiques de cette époque et leurs foutus préjugés sur les autres qui n'ont pas la même religion que eux, parce que les autres, c'est des vilain pécheurs qui ont tués Jésus.
Certes, je ne lui donne pas tort, c'était des crétins, ces Chrétiens ! Bourrés de préjugés, avides, jaloux et prêt à accuser les autres de tout et n'importe quoi.
Qui a dit «C'est toujours d'actualité ? Qu'il se lève et nous donne son nom, il aura un bonbon».
Oui, Giovanni rencontrera tant de maîtres spirituels exceptionnels (spécialistes dans des domaines aussi variés que le christianisme, l'astrologie, la kabbale, et j'en passe…) qu'on se dit qu'il a un peu trop de chance, lui.
Ce n'est donc pas la crédibilité que recherche l'auteur mais le divertissement. C'est réussi, j'ai été divertie et je me demandais si Giovanni allait enfin retrouver sa dulcinée. Parce que le temps passe vite...
L'histoire est donc riche en rebondissements, elle contient tous les ingrédients pour en faire un best-seller, même s'il est souvent «cliché».
En vrac et au poid, dans les rebondissements et les clichés, nous avons : un duel, de la sorcellerie, des corsaires, un ermite, de la prison, un chien qui sauve le héros mourant (c'était Lassie), le héros qui perd la foi (objets trouvés), le désir de vengeance, le héros qui retrouve la foi («Perdu de foi» était passé par là), les bons sentiments, une fin horrible et très larmoyante, des rivales qui tombent dans les bras l'une de l'autre, …
Difficile de s'ennuyer, j'ai tout dévoré, j'ai aimé (malgré mon ton sarcastique et ironique du haut). L'intrigue est très bien ficelée et l'histoire d'amour tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière des 617 pages.
L'histoire est pleine de rebondissements, de suspense et l'aventure et l'amour se mêlent avec brio (avec qui ?) dans cet univers philosophique...
Rhâ, lisez-le sans vous poser de questions, c'est un roman divertissant et vous prendrez plaisir à relever ses incohérences, tout comme moi.
L'auteur n'a jamais dit que c'était une fresque historique, non ?