Voici un roman qui m'aura fait passer un très bon moment.Le contexte est déjà déroutant,guerre de 1914,vie à l'arrière des "planqués ",prise de pouvoir par les femmes troc,marche noir,la débrouille et puis une intrigue pas mal ficelée du tout avec une explication des plus pédagogiques à la fin.Tous ces ingrédients assurent une très bonne tenue à l'ensemble.Et puis il y a les personnages souvent désopilants, naviguant sans cesse entre serieux et humour.Les passages où Ray doit embrasser Cecily sont à mourir de rire.Loulou/Ray,personnage principal se débat dans son nouveau statut de femme détective mais se rend compte aussi que bien d'autres moyens lui auraient permis d'échapper "au front"sans avoir à se travestir.Tant pis,il lui faudra encore assumer son rôle dans de prochaines aventures et pour notre plus grand plaisir.Une belle découverte,merci à ma fille qui fait toujours preuve d'originalité lorsqu'elle m'offre(et c'est souvent) un roman.
Commenter  J’apprécie         100
Nous sommes en 1914, à Paris, un policier, Raymond Février, voit ses collègues partir à la guerre alors que leur métier est un rempart contre la mobilisation. Sauf s'ils ont déplu à certains qui s'empressent de les "dénoncer".
Il se fait petit et cherche une solution tout en ayant pleinement conscience que cela risque de ne pas durer.
Constatant que les femmes remplacent de plus en plus et partout les hommes, une idée lui vient. Il fait appel à une connaissance féminine pour l'aider à se travestir puis se fait engager dans une agence de détective privé (tenue par une femme) pour pouvoir continuer à travailler. Une enquête arrive alors.
Les méthodes de Ray, devenu Loulou Chandeleur, ne manque pas drôlerie et piquants, tout à la fois.
Il découvre ce que vivent les femmes dans un monde masculin et mysogine, et de plus, en guerre, où les femmes sont utiles, mais il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps !
Un bon moment de lecture avec Loulou Chandeleur.
Commenter  J’apprécie         70
Frédéric Lenormand est un auteur aguerri, à la plume musclée par tant de romans déjà publiés, au style avéré et bien posé, comme une bâtisse qui peut s'affranchir du temps qui passe sans craindre beaucoup. L'auteur né à Paris revient donc dans les librairies avec Seules les femmes sont éternelles publié aux Éditions De La Martinière, un roman qui prend toute sa place dans la France de 14-18, cette bonne vieille France où les hommes ont déserté pour le champ de bataille et les femmes restent timidement blotties à leur place en attendant le retour du mâle parti au mal. En apparence ?
# La bande-annonce
Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient « Loulou Chandeleur », détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu'il est aussi bon flic en robe qu'en pantalon, et peut-être meilleur homme qu'auparavant.
Aux côtés de la patronne de l'agence de détectives, la charmante Miss Barnett – qui ne connaît pas son secret –, Loulou enquête sur une intrigante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.
Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d'être une femme en temps de guerre... surtout quand on n'en est pas une.
# L'avis de Lettres it be
C'est avec cette étonnante histoire que Frédéric Lenormand nous revient. Un auteur dont le nom résonne fortement dans notre littérature française tant l'auteur parisien n'a cessé d'agrémenter sa bibliographie de nouveaux ouvrages, souvent encensés, et ce dans les quatre coins du globe. Après avoir été récemment auréolé, entre autres, du prix Arsène Lupin et du prix Historia, après avoir publié moult ouvrages avec récemment, pêle-mêle, Voltaire mène l'enquête publié chez Lattès, Nouvelles enquêtes du juge Ti publié chez Fayard et bien d'autres encore, Frédéric Lenormand démarre une nouvelle série policière avec, à sa tête, nul autre personnage que l'inénarrable Ray Février = Loulou Chandeleur. Un livre qui s'inspire, dans les grandes lignes, de l'histoire de Paul Grappe, un soldat déserteur ayant été obligé de se travestir en femme pour continuer à exister normalement dans une société d'alors où l'homme n'avait sa place qu'au front. Une inspiration historique que l'on retrouve dans le dernier film d'André Téchiné, Nos années folles.
La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Commenter  J’apprécie         00
La rue avait beaucoup changé depuis la déclaration de guerre d’août 1914. Aujourd’hui, le temps était clair, on pouvait espérer une belle journée sans pluie ni bombes. Les premières files d’attente commençaient à s’étirer devant les épiceries où s’affichaient des livraisons. Un fichu sur la tête, une balayeuse remplissait de gravats sa brouette à deux roues. Ray s’arrêta devant la vitrine d’un chausseur de luxe reconverti dans le matériel d’appoint, lampes à pétrole et masques à gaz. Il surprit son reflet au milieu de ce fourbi : un petit bonhomme à moustaches, pareil à des tas de petits moustachus que l’on coiffait d’un casque pour les envoyer charger, baïonnette en avant, d’autres bonshommes à moustaches. Sa qualité d’inspecteur de police lui avait épargné cela jusqu’à présent. Il priait chaque jour saint Joseph Fouché, patron des cyniques et des policiers, de prolonger ce miracle.
Dans le kiosque, le buraliste habituel avait été remplacé par une femme, peut-être la sienne. Ray lui acheta le dernier numéro de Charivari, et aussi Le Gaulois pour empêcher les collègues de voir qu’il lisait des parutions séditieuses. Le marchand prenait soin d’envelopper le méchant journal dans le gentil, sa remplaçante n’en fit rien, elle ne maîtrisait pas encore les ficelles du métier.
Il s’assit et déploya l’un des journaux. La qualité de l’encre avait encore baissé, certains mots étaient à deviner, surtout ceux qui auraient pu déplaire au gouvernement. Le vilain papier trop fin et mal blanchi se dépiautait, il comptait moins de feuilles, on avait perdu les pages « loisirs » jadis remplies de dessins, de billets d’humeur et de devinettes impertinentes. Le rire était subversif, il avait été jeté par-dessus bord le premier.
À force de vouloir remonter le moral des patriotes, la presse devenait déprimante. La consigne était de prétendre que la guerre allait être courte et victorieuse, alors qu’elle s’étirait et que nous étions en train de la perdre.
Sur la place de la Concorde, la statue monumentale en marbre de l’Alsace était ornée d’étendards flambant neufs et d’un macaron où l’on pouvait lire : « Française toujours ! » On apercevait, du côté de la tour Eiffel, la grande roue d’une fête populaire interrompue.
Le pire dans cette guerre n'était pas les combats, les privations, les destructions, les blessures ; c'était ce qu'elle faisait aux gens à l'intérieur. Ces malheurs arrivaient par l'inertie du peuple. L'abattoir n'existait que par le consentement des veaux. La catastrophe ne s'imposait à nous que par le nombre de ceux qui l'acceptaient, telle était la vraie lâcheté. Le renoncement de la masse créait l'abîme, cet abîme n'existait que parce que nous le voulions bien. La lâcheté créait de la résistance. Il avait davantage raison que ceux qui avaient dit oui au massacre : il était en vie.
Il n'avait tué personne en refusant d'aller se faire tuer. Il avait échangé un mort de moins contre une femme de plus. Il n'y avait là rien d'infamant pour la société, une femme vivante valait bien un soldat mort.
La nuit était quasiment noire lorsqu'ils en sortirent, après avoir réglé leur affaire à quelques fruits de mer. L'éclairage tamisé par l'administration plongeait les rues dans une atmosphère mystérieuse et inquiétante dont l'invention du lampadaire au gaz avait fait perdre l'habitude. Loulou se sentit serrée de près par un malotru que l'armée avait oublié d'appeler à la grande fête des balles et de la glèbe.
La police était une administration, l'administration ne raisonnait pas en personne saine d'esprit. Elle avait ses propres buts, sans rapport avec le bien et le mal. Son propre mode de fonctionnement, sa propre échelle de valeurs lui permettaient de broyer ses administrés sans un remords, sans états d'âme. L'administration était l'humanité devenue machine.
Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
•
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
•
•
le Bureau des affaires occultes (T3) Les Nuits de la peur bleue de Éric Fouassier aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/le-bureau-des-affaires-occultes-tome-3-les-nuits-de-la-peur-bleue.html
•
le Bureau des affaires occultes (T2) le fantôme du Vicaire de Eric Fouassier aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/le-fantome-du-vicaire-le-bureau-des-affaires-occultes-tome-2.html
•
le Bureau des affaires occultes (T1) de Eric Fouassier aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/le-bureau-des-affaires-occultes.html
•
Mort sur le fil : Au service de Marie-Antoinette de Frédéric Lenormand aux éditions De La Martinière
https://www.lagriffenoire.com/mort-sur-le-fil.-au-service-de-marie-antoinette-9.html
•
le fils du Gouverneur de Jean-Marie Baron aux éditions Baker Street
https://www.lagriffenoire.com/le-fils-du-gouverneur.html
•
Caillebotte impressionniste de Jean-Marie Baron aux éditions Herscher
9782733503713
•
Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu de Stéphanie Chardeau-Botteri aux éditions Fayard
https://www.lagriffenoire.com/gustave-caillebotte-l-impressionniste-inconnu.html
•
Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette - Leffe-toi et marche ! de Nadine Monfils aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/les-folles-enquetes-de-magritte-et-georgette-t.5-leffe-toi-et-marche.html
•
L'été passe... les recettes restent: 80 recettes de vacances de Andrée Zana-Murat aux éditions Hachette Pratique
https://www.lagriffenoire.com/l-ete-passe...-les-recettes-restent-80-recettes-de-vacances.html
•
La famille de Pantin de Michèle Fitoussi aux éditions Stock
https://www.lagriffenoire.com/la-famille-de-pantin.html
•
Les Petits Personnages de Marie Sizun aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/les-petits-personnages-1.html
•
Plage de Marie Sizun aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/plage-1.html
•
Gisèle Halimi l'insoumise : Avocate pour changer le monde de Jean-Yves le Naour et Marko aux éditions Dunod
https://www.lagriffenoire.com/gisele-halimi-l-insoumise-avocate-pour-changer-le-monde.html
•
Blanche et la bonne étoile de Catherine Delorsaux éditions Héloïse d'Ormesson
https://www.lagriffenoire.com/blanche-et-la-bonne-etoile.html
•
+ Lire la suite