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Citations sur Les mystères de Venise, tome 4 : Crimes, gondoles et pa.. (33)

La morale des dalla Frascada était rigoureuse : on pouvait tremper dans les pires manigances mais il fallait garder un extérieur immaculé.
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En ce premier jour de carnaval d'hiver, Leonora suivait un sac de farine dans le sestiere de San Marco. Or rien n'est plus difficile que de suivre un sac de farine un jour d'ouverture de carnaval.
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- Je vous ai suivie, répondit le vizio-bargello Pensabel.
A tout autre que lui elle aurait rétorqué que le fait de suivre une femme dans la rue ne témoignait pas d'une grande moralité.
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En ce premier jour du carnaval d'hiver, Leonora suivait un sac de farine dans le sestiere de San Marco. Or rien n'est plus difficile que de suivre un sac de farine un jour d'ouverture de carnaval. Le sac fila à travers les rues sinueuses de la paroisse San Lorenzo, puis il emprunta un étroit borgoloco en direction du rio di San Severo. Gênée par sa jupe bouffante qui la faisait ressembler à la fiancée d'Arlequin, par ses souliers en peau de chèvre dalmate dont les semelles glissaient sur les pavés de bois, par la moretta ovale qu'elle maintenait devant son visage grâce à un manche torsadé, Leonora se heurtait aux passants, masqués eux aussi, qui venaient en sens inverse, elle doublait péniblement les livreurs qui lui bouchaient le passage et risquait tout autant de causer un accident que de perdre sa cible de vue.
Au matin de ce 26 décembre 1762, Leonora s'était lancée dans l'aventure des filatures indiscrètes par suite d'une rumeur sur un trafic de marsala qui, à vrai dire, lui paraissait fort indigne d'elle. Hélas, elle était tenue de fournir en ragots le tribunal des inquisiteurs, employeur exigeant et sans états d'âme. Le sac de farine pénétra dans le corte del Pozzo Reverso, la cour du Puits Renversé, qui débouchait dans la calle Querini. La piste des trafiquants de marsala menait à l'atelier d'un pistor, un boulanger qui se servait probablement de cet alcool pour aromatiser sa fogassa.
Malgré ses efforts pour remplir son nouveau rôle d'espionne au service du bien, de la vertu et de la police, Leonora n'était pas encore parvenue à de très brillants résultats. Ses scrupules à dénoncer ses concitoyens l'embarrassaient. Double difficulté, il importait de faire l'espionne sans être soupçonnée de l'être, au risque de se voir claquer au nez, et à jamais, toutes les portes de la Dominante. Cette raison obligeait les «confidents» à n'avoir jamais l'air de ce qu'ils étaient : ils devaient dissimuler leurs activités derrière une honorable profession de façade ou se rendre invisibles aux yeux du vulgum pecus.
Leonora profita de ce que l'artisan lui tournait le dos pour se glisser derrière un amoncellement de barils d'huile. Comme elle voyait mal ce qu'il faisait, elle grimpa sur un tonneau et put enfin se livrer à l'espionnage exigé d'elle par la plus importante autorité morale de son pays.
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Des Calabrais défilaient à grand bruit, coiffés d’un tricorne rouge à plumet blanc, un livre de parodies de prières à la main. Leonora attendit qu’ils se soient éloignés et rallia les arcades qui bordaient la place. Elle avait besoin de son courtisan vénitien. À cette heure-là, un premier jour de carnaval, il n’existait qu’un seul endroit où le chercher : aux alentours du listone, la portion de la Piazza qui longeait les Procuratie Vecchie, bien délimitée par les bandes blanches du dallage. C’était la promenade favorite de ceux qui exhibaient leur nouveau déguisement avant d’aller se désaltérer dans l’un des nombreux cafés, où ils décideraient dans quel tripot ils dilapideraient le contenu de leur bourse.
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L’ambiance, sur la Piazza, était encore assez calme. Elle gagnerait en intensité au fil des jours pour culminer avant le carême, quand auraient lieu les funérailles d’un pantin couronné, transporté en cortège devant la basilique.
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Leonora était perplexe. Avec ce fichu culte du secret, tant prisé par la Sérénissime, on sortait des réunions sans en savoir davantage qu’avant d’y être entré.
Le véritable mystère était : qu’est-ce qui pouvait bien pousser Leurs Excellences à les envoyer enquêter sur un livre ?
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La découverte de la manne dans le désert n’avait pas dû réjouir davantage les Hébreux. Cette somme représentait la moitié du budget annuel consacré à la rétribution des indicateurs de police. Hélas, sous les lambris de la Sérénissime, le coup de bâton suivait de peu l’apparition de la carotte.
– Ce montant est à la hauteur de notre résolution, prévint Missier Grande. Nous voulons éviter tout scandale, c’est pourquoi vous n’êtes que dix. Soyez sûrs que la moindre divulgation d’information sur cette affaire sera punie. Vous savez combien le courroux de nos inquisiteurs peut être effroyable.
Les confidents auraient frémi d’appréhension si leurs pensées n’avaient été tout entières tournées vers les deux mille ducats.
Missier Grande se leva. L’audience était close. Ils n’en sauraient pas plus.
Ils rajustèrent leurs masques et quittèrent les bureaux de la police ducale par l’étroit escalier de bois qui reliait cet étage discret aux vastes salles du palais garnies de tableaux.
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Puisque chacun était identifié, le capitan grande aborda le nœud de l’affaire.
– Nous savons de bonne part qu’un livre interdit a été introduit à Venise. Nous vous chargeons de trouver cet ouvrage ou, à défaut, celui qui le détient, et de nous le livrer.
Leonora aurait volontiers posé une série de questions intéressantes : Quel est le sujet de ce texte ? Connaît-on l’identité de son propriétaire ? Étant la plus jeune du lot, elle ne se crut pas autorisée à prendre la parole la première et se contenta d’attendre sagement qu’on s’informe à sa place. Aussi fut-elle surprise d’entendre l’un de ses acolytes demander :
– Leurs Excellences ont-elles prévu une gratification spéciale ?
Le capitan grande fronça le sourcil. De l’argent. Telle était leur préoccupation. Ils avaient toujours besoin d’argent. L’espionnage de ses contemporains n’était donc pas un métier que l’on pratiquait pour l’amour de la patrie.
– Nous avons décidé d’offrir une prime de deux mille ducats à celui ou celle d’entre vous qui nous donnera satisfaction.
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– Il n’y a ici que des personnes qui ont fait leurs preuves – et aussi siora Leonora, poursuivit Marco Testagrossa. J’ai devant moi des gens habiles, susceptibles de tout savoir sur tout le monde – sans oublier siora Leonora. Enfin, nous nous reposons sur votre talent remarquable – et sur celui de siora Leonora.
Les masques se tournèrent vers la susnommée pour voir qui était cette demoiselle inexpérimentée qu’on leur agrégeait. Jamais jusqu’à ce jour la jeune femme n’avait mieux ressenti ce que l’expression « mouton noir » voulait dire.
Missier Grande toussota pour ramener l’attention à lui.
– Contrairement aux usages, nous allons vous prier de dévoiler vos identités respectives afin que vous ne perdiez pas votre temps à enquêter les uns sur les autres. Faites tomber les masques !
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