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Critique de litolff


Enfermé dans une prison pour jeunes délinquants, Siggi Jepsen est puni pour avoir rendu copie blanche à une rédaction sur « les joies du devoir » : ce n'est pas qu'il manque d'inspiration, c'est au contraire qu'il a trop à dire... Siggi doit donc effectuer sa punition sur "les joies du devoir" tout seul dans une cellule et va alors peu à peu dévider sa mémoire et ses souvenirs sur les pages du cahier et nous confier sa jeunesse.
En 1943, à l'embouchure de l'Elbe, dans un hameau non loin de la frontière danoise, le peintre Max Ludwig Nansen reçoit de Berlin, en plein régime nazi, une interdiction de peindre car son art est considéré comme "dégénéré" par le régime. le brigadier de police locale et père de Siggi, Jens Ole Jepsen, également camarade d'enfance du peintre, est chargé non seulement de la lui transmettre mais aussi de veiller à ce que l'intéressé la respecte. Empêcher le peintre de peindre, telle devient sa mission qui va se muer en idée fixe. Mais l'enfant va devenir le complice du peintre, et tenter de préserver certaines toiles et l'histoire de son combat contre son père va donc se dérouler sous nos yeux petits à petits. le fils s'opposera à l'aveuglement imbécile et criminel de son père, passivement d'abord, puis activement. En prenant fait et cause pour le peintre traqué, l'adolescent se fera le défenseur d'un « devoir de désobéissance ».
Décrire le processus psychologique qui entoure le phénomène de l'obéissance aveugle à l'ordre qui vient d'en haut constitue le propos central de Siegfried Lenz. Car ce dont Jens Ole Jepsen, figure de l'éternel exécutant, s'acquitte par sens du devoir, finit par devenir un " tic ", une " idée fixe ", " une véritable maladie ", au nom d'une " mission " qu'il se complaît d'honorer avec un zèle fanatique - jusqu'au bout, même après, lorsque la guerre finie, elle sera devenue caduque. C'est cet acharnement stupide, inflexible dans sa bonne conscience, que nous raconte Siggi : pourquoi et comment il paie pour la faute de son père, dont ce dernier n'a jamais eu conscience.
Parallèlement, l'auteur décrit son pays avec un amour que l'on ressent dans son écriture, magnifique d'évocation (et magnifiquement traduite). Enfin, la Leçon d'Allemand est un très bel hommage à l'oeuvre du peintre Emil Nolde, dont Lenz était l'ami. On retrouve, dans la description des couleurs, des horizons, des vents de cette côte septentrionale, toute l'oeuvre de Nolde.
J'émets cependant quelques réserves à la lecture de ce livre qui m'a parfois paru long, surtout dans la dernière partie.
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