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Odile Demange (Traducteur)
EAN : 9782221122143
196 pages
Robert Laffont (18/11/2010)
3.95/5   22 notes
Résumé :
Du héros de ce roman, le jeune Arne, on ne sait rien sinon qu'il n'est plus là : le livre s'ouvre sur son absence, qui hante les premières pages tel un bateau fantôme.

Quelques bribes nous servent de repères, d'indices, mais guère plus : nous saurons juste qu'Arne a été recueilli par le père du narrateur, Hans, après la mort de son propre père. Il faudra toute la tendresse mêlée de pudeur d'un récit pour que la vie d'Arne prenne corps, à rebours, en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bien belle histoire que celle du roman le dernier bateau. Elle commence avec Hans qui fait le ménage dans sa chambre. Triste, il ramasse tous les objets ayant appartenus à Arne et les range dans une boite. Qu'est-il arrivé au jeune homme de douze ans ? Il a fugué ? Il est mort ? En tous cas, le lecteur ne peut qu'envisager le pire. Chaque objet que Hans place dans la boite est l‘occasion pour lui de se remémorer des moments précieux passé avec Arne parce que, même s'il était un peu plus âgé que lui, il l'appréciait bien. Cette amitié entre les deux garçons a commencé quelques mois plus tôt à l'arrivée de l'orphelin. le père de ce dernier s'est suicidé et avait tenté d'emporter sa famille avec lui. le garçon a été le seul rescapé. Ayant tout perdu, il est recueilli par un ami du père, chef d'un chantier naval, lequel avait déjà trois enfants : le petit garnement Lars, la belle Wiebke et le sympathique Hans, dont il partagera la chambre. Cette chambre, qui sera son refuge, a l'originalité d'être décorée à la manière d'un bateau. Probablement une explication au titre du roman.

D'abord, si Arne semble un peu perdu au début – et qui ne le serait pas après avoir perdu toute sa famille ! –, il se reprend rapidement et ses dons exceptionnels y sont pour beaucoup. Il épate tellement son instituteur qu'on lui propose de sauter une année. Quelle chance pour lui de se retrouver dans la même classe que la belle Wiebke ! Tout semble lui sourire à nouveau : il fait de belles compositions et il est habile avec langues (il se met au finlandais, qu'il maitrise en quelques jours), il rêve de la mer, se familiarise avec le monde marin (il apprend à faire des noeuds), tout en étant plongé dans des livres. Aussi, il fait des riches rencontres comme avec le marin estonien Kalluk. Si tout est facile dans sa nouvelle maison, ce l'est beaucoup moins à l'extérieur. Ses talents font un un peu l'envie des autres enfants de sa communauté et ses goûts dérangent. En tous cas, ils détonnent. Bref, très rapidement, il se sent en marge, à l'écart des autres garçons de son âge. Son désir d'être accepté à tout prix par eux sera lourd de conséquence… Il faudra lire le roman connaître son dénouement.

Le dernier bateau est une oeuvre empreinte d'une nostalgie qui, sans être trop lourde à porter, est toujours présente. La tristesse gagne Hans chaque fois qu'un objet lui fait penser à son frère d'adoption, la sensibilité retenue qu'Arne se manifeste subtilement alors qu'il est confronté aux aléas de la vie ainsi qu'à l'indifférence et au rejet de ses pairs. Et ça fonctionne ! Par exemple, je ressentais une réelle tristesse pour ce pauvre garçon. Lorsqu'il se sent trop mal pour lire sa composition devant l'école, et que Hans le fait à sa place, ouf ! J'imaginais les émotions qui devaient le tenailler à la réminiscence de ces espaces lointains qu'il rêvait de visiter, probablement avec son père. Ce malaise que j'éprouvais, pourtant, était plus que normal. Après tout, un roman dont le thème est l'exclusion doit troubler un peu. Ou, du moins, toucher.

Comme toujours, Siegfried Lenz m'impressionne. J'avais beaucoup aimé La leçon d'Allemand ainsi que Une minute de silence. Ici encore, l'auteur sait aller droit à l'essentiel, aux émotions à l'état brut, tout en présentant une histoire poignante mais belle. En effet, au-delà du drame humain qui se joue, il y a des moments réjouissants, des personnages attachants et un décor impressionnant. D'ailleurs, la description, l'évocation du port de Hambourg, de l'Elbe et la mer toute proche, qui amène la brume. Et tout ce champ lexical du monde marin-maritime ! Parfois, je me prenais à me languir de ne pas être né ou vivre près de l'océan…
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Un court et beau roman de Siegfried Lenz qui m'avait marqué par sa Leçon d'allemand ce qui m'a fait acheter ce livre là les yeux fermés.
Arne a douze ans et il a déjà connu le pire, la perte de sa famille, un ami de son père l'accueille chez lui, il est le chef d'un chantier de démolition dans le port de Hambourg. Arne va désormais vivre avec Hans le fils aîné de dix sept ans, Lars le plus jeune et Wiebke la soeur de Hans.
" Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers"
Une amitié se noue immédiatement avec Hans, il est en sécurité avec lui et la chambre qu'ils partagent est un territoire quasiment magique, Arne est " figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père "

Arne s'apprivoise, curieux de tout, il apprend le finnois et les noeuds marins, il a une petit bibliothèque bien à lui, il est doué pour les langues et réussit très bien à l'école. Mais si l'amitié avec Hans est facile, il a du mal à s'intégrer hors de la maison, Lars et Wiebke sont un brin hostiles. Arne est souvent auprès de Kalluk, le gardien du chantier de démolition, originaire d'Estonie, taciturne et secret. Mais c'est la bande d'adolescents du quartier qui l'attire, en faire partie devient son rêve, il va par tous les moyens tenter de se faire accepter.
Ses efforts seront vains et vont entraîner un drame.
Le récit extrêmement prenant est construit sur un lent retour en arrière, les personnages sont peu à peu dévoilés, les mots de Lenz sont d'une grande sobriété et d'une totale simplicité. Un beau récit sur l'exclusion, l'amitié, la marginalité et la solitude.
Le port de Hambourg, les brumes de l'Elbe, l'atmosphère du chantier et son attrait, tout est rendu proche par le talent de l'auteur.
Siegfried Lenz dans ce roman comme dans La leçon d'allemand sait rendre les sentiments de l'adolescence et l'intimité de la vie familiale avec une immense sensibilité.
Ce livre a obtenu le Prix Goethe, mais récompense ou pas je vais lui faire une place dans ma bibliothèque.
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Je ne connaissais rien de Siegfried Lenz.J'avais vu il y 25 ans un film de Jerzy Skolimowski qui m'avait bien plu,Le bateau phare avec Robert Duvall et Klaus Maria Brandauer.Je viens d'apprendre qu'il est adapté d'un roman de Siegfried Lenz.Mes lectures doivent parfois (presque) au hasard,je l'ai déjà dit.En phase germanophile ce titre,Le dernier bateau,m'a attiré et sa brièveté n'y était pas pour rien.Logorrhées et pavés me pèsent de plus en plus.Mais là si c'est le hasard il a bien fait les choses.C'est une des plus belles lectures de ces dernières années.

Arne,douze ans,se retrouve orphelin.Un ami de son père le recueille au sein de sa famille.Les deux pères ont jadis navigué ensemble.Cet homme dirige un chantier de démolition navale à Hambourg.Diversement apprécié parmi les trois enfants Arne se révèle surdoué et hypersensible.Hans l'aîné se prend d'affection et l'amitié ne sera jamais démentie.Ils partagent une chambre,une chambre pleine de la Mer si j'ose dire.Les décors,les objets de marine,cartes,les couchettes proviennent de bateaux dégréés.C'est une belle réussite esthétique d'imaginer ainsi cette pièce où semblent souffler un vent hanséatique et un esprit ouvert au large.Tout hélas n'est pas aussi ouvert et Arne grandit de quelques années,restant cependant à la marge. Sans vraie méchanceté,par maladresse plutôt que par ostracisme,les jeunes,intimidés en quelque sorte, comme apeurés et notamment Wiebke la soeur de Hans ne sauront pas faire le geste,simple sûrement et qui aurait suffi.

Comme si les sentiments parfois nous pesaient comme un carcan et qu'à force de ne pas se dire qu'on s'aime plutôt bien,on laissait une forme d'indifférence conduire vers le drame,inéluctable.Cette histoire magnifique et troublante nous entraîne à la manière d'une corne de brume qui mugirait vers des confins baltiques,alors que martellent les ouvriers du chantier sur les nefs en destruction et que la peine nous étreint.Je sais que d'autres ont aimé,comme Dominique le dernier bateau - Siegfried Lenz.Je sais aussi maintenant que Siegfried Lenz est un écrivain majeur de l'Allemagne d'après-guerre.Il était temps,Lenz est né en 1926.Je sais enfin,mais ça je le savais déjà:ô combien de choses on ignore!


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Un roman qui m'a laissé la larme à l'oeil durant toute la lecture et qui laisse une sorte de souffrance une fois refermé.
L'on suit l'accueil d'un jeune adolescent Arne, accueilli par des amis de son père disparu dans un naufrage avec le reste de la famille.
La narration est au passé, et le narrateur n'est autre que le fils aîné de la nouvelle famille. Un récit au passé, qui nous laisse penser qu'un drame nouveau s'est produit et que seules l'évolution de l'histoire nous confirmera le doute qui nous saisit.
Bien écrit, déchirant, avec des personnages attachants et d'autres qu'on aime détester, on reste le coeur et l'air suspendus par la crainte que la fin ne soit pas heureuse.
Une oeuvre qui marque indéfiniment.
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"Le dernier bateau", soit en allemand "Arnes Nachlass".
J'apprends l'allemand: en janvier 2015 j'achetai "Arnes Nachlass". Je l'entamai cet été,progressant peu à peu dans sa lecture, peu à peu car nécessitant l'usage fréquent (voire permanent...) du dictionnaire,car ce livre comporte de nombreux termes techniques ou rares (pas toujours trouvés dans mon dictionnaire de base).Cependant impossible de l'abandonner.C'est un livre magnifique,d'une sensibilité exceptionnelle (Lenz l'a publié en 1999,il avait donc 73 ans...).On ne peut se détacher de ses personnages:Arne bien sûr mais aussi Hans,LaMère, le Père, Kalluk,que des beaux personnages.Je n'ai pas honte de dire que j'ai souvent eu les larmes aux yeux à cette lecture, et encore maintenant, écrivant ceci...
Je vais me procurer la traduction française.j'espère qu'elle saura me procurer le même bonheur que la version originale ("Le dernier bateau",cependant, ce titre ne m'emballe pas trop, mais il est vrai que c'est probablement assez difficile d'en trouver un qui sonne juste -je ne m'y rique d'ailleurs pas...-)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
[...] au cours de notre vie commune, tu m'as appris que tout peut prendre de l'importance - même les objets les plus petits, les plus insignifiants - pourvu qu'ils témoignent de quelque chose.
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[...] mon père a élevé la voix et s'est écrié d'un ton résolu : Non, mon garçon, non, non, la mort n'a rien de terrible, rien d'angoissant, il faut l'accepter, c'est tout.
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Tu n'es pas le seul, Arne, à t'être arrêté sur le seuil, figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père- c'était le patron, c'était à lui de décider – pour m'installer, à bon compte, une chambre où soufflait le vent du large. […] on pouvait voir tout le chantier naval, le bassin portuaire et, le soir, la voûte lumineuse de Hambourg.
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Loin sur l'Elbe, un de ces immenses cargos porte conteneurs a demandé le passage et son signal était si grave, si puissant qu'on aurait dit que toute la terre autour du fleuve tendait l'oreille
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Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers
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Coup de coeur d'Isabelle Leclerc, librairie L'imagigraphe - Salon du livre 2015 avec lecteurs.com .Lecteurs.com, partenaire du Salon du livre de Paris 2015, a proposé à des libraires de partager leurs coups de c?ur format poche. En partenariat avec parislibairies.fr. Isabelle Leclerc de la librairie L'Imagigraphe, Paris 11ème nous parle du livre La Leçon d?allemand de Siegfried Lenz, Pavillons poche. http://www.lecteurs.com/livre/la-lecon-dallemand/245865
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