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Critique de mariecesttout


Accompagné par les illustrations de Laurent Gnoni,riches en couleurs surtout quand il s'agit de la période algérienne, José Lenzini , natif de Sétif, raconte la vie d'Albert Camus.
En quatre chapitres de longueur inégale, tous débutant par une phrase du discours de Stockholm prononcé par Albert Camus le 10 décembre 1957, alors que lui a été attribué, à 43 ans, le Prix Nobel de littérature.

L'enfance, père mort dès le début de la guerre dont il ne connaîtra qu'un portrait, grand-mère sévère, mère sourde illettrée, pauvreté extrême. L'école, et le premier instituteur qui détecte ses capacités. La grand-mère ne veut pas qu'il continue l'école, la mère prend la décision.
Et puis, le grand collège, le foot, les petits boulots à côté pour rapporter de l'argent. Les premières hontes aussi, quand il dit de sa mère qu'elle est morte. Lui aussi dira plus tard qu'il a honte d'avoir eu honte..
Après, c'est Alger chez son oncle boucher, le début de l'écriture, la tuberculose qui l'oblige à arrêter le foot, le premier mariage qui tourne vite mal.
Et le départ en métropole. Commencé en 1939, L'Etranger sera édité en 1942, en pleine occupation allemande, il a 28 ans. Journaliste dans Combat, qui parait clandestinement. Résistant, semble-t-il. L'Etranger est salué par Sartre , et c'est le début de ses relations avec lui.
"Il est comment, ce Camus?" demande-t-on à Sartre. " Il ressemble à un petit voyou de Bab El Oued.."
1951, ça va se gâter avec la parution de L'homme révolté . Expliquer si tôt certaines dérives, alors là.. ça ne passait pas. Avoir claqué la porte du PC en Algérie 15 ans plus tôt non plus.
Sartre lui écrit: "l'amitié, elle aussi, tend à devenir totalitaire; il faut l'accord en tout, ou la brouille." Hum..
Et c'est la guerre d'Algérie, le terrorisme , sa mère ne veut pas quitter le pays. le déchirement, il aime ce pays.
Et la mort, dans un accident de voiture, le 4 janvier 1960.

J'ai beaucoup apprécié que l'histoire ne s'arrête pas là, mais qu'il y ait un épilogue consacré à une phrase qui a fait couler beaucoup d'encre ( et de bave..) . Complètement extraite de son contexte. Interpellé par une jeune Kabyle lors d'une conférence de presse , qui lui reprochait son non engagement dans le mouvement algérien pour l'indépendance, il a répondu: "J'ai toujours condamné la terreur, je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément dans les rues d'Alger par exemple et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice."
Phrase donc extraite du contexte et transformée en: «  Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère. »
Une dénonciation de tout terrorisme . J'aurais envie de dire que transformée et tronquée, de toute façon, cette phrase ne veut absolument rien dire, et que peut être ces intellectuels auraient pu se poser plus de questions sur ce qu'il voulait vraiment dire? Mais je ne suis pas une intellectuelle, alors.. je passe. Mais je n'en pense pas moins, en lisant certaines réactions ! Un peu plus de .. concret n'aurait peut être pas nui à certains?

L'excellent article de Philippe Lançon dans Libération semble encore en ligne, il dit beaucoup de choses intéressantes, je le mets en lien.
Et je me permets d'en extraire ceci, toujours issu du discours de Suède:
«Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. Héritière d'une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd'hui nous détruire mais ne savent plus convaincre…»
Mon pauvre Albert, si tu savais..

Un bon album souvenir qui peut permettre à tous une rencontre plus poussée avec un auteur qui n'aimait pas, semble-t-il, qu'on dise de lui que c'était un homme honnête?
Et bien tant pis, c'est fait.
Lien : http://www.liberation.fr/cul..
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