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Critique de de


Jamais le sentiment d'indignation qui s'est élevé en moi ne s'apaisera !

L'éditeur, dans son introduction fournit des renseignements bibliographiques sur l'autrice (1824-1900). Il souligne, entre autres, son engagement pour l'émancipation des femmes, « En 1868, elle contribue à l'élaboration du programme de la Société de revendication des droits de la femme », sa participation aux luttes sociales et à la Commune, « Son ralliement est clair, l'insurrection parisienne est légitime », ses activités littéraires. « Figure emblématique du féminisme au XIXe siècle, André Léo a dérangé son temps, militante révolutionnaire, sa participation à la Commune de Paris montre qu'elle avait su lier la question de l'émancipation des femmes à la réalité sociale, sa vie entièrement vouée à la cause des pauvres, critique de la bourgeoisie et de la religion, elle fit valoir par ses écrits, romans, essais, articles, contes, la nécessité d'un éducation scientifique pour que le changement social aboutisse »…

Dans ce livre consacré aux écrits politiques, sont abordés les « américains » à Paris, l'éducation, la Commune et sa répression, la religion et notamment l'appareil ecclésiastique catholique, la place des femmes dans la société.

Dans L'école primaire démocratique, André Léo, aborde la Société pour la revendication des droits civils de la femme, un plan pour l'école primaire laïque, l'esprit autoritaire, les besoins légitimes des individus, la substitution des connaissances à la révélation, la préparation « des citoyennes et des sujettes », l'aide à l'initiative des enfants « au lieu de la combattre », la liberté humaine comme droit, la curiosité et l'activité…

Dans un autre texte, l'autrice précise, l'éducation des filles « doit être celle de l'être humain ». Elle critique la contrainte et le catéchisme, la lettre sans l'esprit, l'école comme « pépinière de sujets pour la monarchie ». Elle parle de respect de la liberté de l'enfant « parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de savoir être libre que d'exercer sa liberté », du plein développement « des forces, des aptitudes, des facultés » que seule permet la liberté, de droits, « l'enseignement fait à l'enfant de ses droits pour qu'il puisse les revendiquer et les défendre »…

Je souligne les pages sur la Commune, les Toutes avec tous, la démocratie et la liberté, « Il ne s'agit plus aujourd'hui de la défense nationale, mais au lieu de se rétrécir, le champ de bataille s'est agrandit. Il s'agit de défense humanitaire des droits de la liberté », Versailles et Mr Thiers, « le coffre-fort est Dieu et l'Assemblée de Versailles est son prophète », l'Appel aux consciences, les pauvres partisans sublimes, « La femme au champ de bataille, dans la guerre pour le droit, c'est la certitude dans la foi ; c'est l'âme de la cité disant au soldat : je suis avec toi. Tu fais bien », la révolution et les femmes, « croit-on pouvoir faire la révolution sans les femmes ? », la liberté et la responsabilité de toute créature humaine, « sans autre limite que le droit commun, sans aucun privilège de race, ni de sexe », les inconséquences des révolutionnaires, l'égalité et la liberté, « il ne peut y avoir d'égalité sans liberté, ni de liberté sans égalité », le complot monarchique, « le trône n'est autre chose qu'une barricade à l'usage des aristocraties », l'extermination des démocrates et l'écrasement de Paris, le droit d'asile refusé les déportations, la foi de ces gens-là, « mais au dessus de leurs saints, ils ont Dieu, le Privilège, et sur son autel, ils sacrifient leurs ressentiments et leurs divisions »…

Le dernier texte proposé dans ce livre s'intitule « Coupons le câble ! ». Une charge contre la religion et plus particulièrement les institutions de l'église catholique, Ignace de Loyola et tous les moyens employés pour « continuer le règne de la Foi », la caste ecclésiastique, la castration des cerveaux dès l'enfance, la haine de la liberté de conscience, les dévots, « Tous les rois ne pas croyants ; mais ils sont dévots »…

Je n'ai pas suivi l'ordre du livre. Je garde pour la fin le texte « La femme et les moeurs ». Un texte de 1869.

« Dans cet élan passionné qui fit tomber tant de chaînes, qui reconnut l'homme dans l'esclave et fit du serf un citoyen, la femme, qui le partagea, fut oubliée ; on n'y songea pas ». André Léo parle de la Révolution, de l'égalité, de Condorcet et de sa défense de l'égalité des sexes, du retour des femmes à la littérature et à la philosophie, « Tout voyage a ses repos ; mais de halte en halte on avance », de 1830, des vices du mariage, des socialistes, « Les socialistes seuls avant 48 avaient posé la question du droit de la femme », de 1848, « Il y eut en 48 un mouvement féminin », de la candidature de Jeanne Deroin, de la protestation de Pauline Roland, des saint-simoniens et de l'égalité des salaires, de mademoiselle Daubié, de la misogynie – et du refus de l'égalité – de Pierre-Joseph Proudhon, des réponses aux insultes de celui-ci par Juliette Lambert « Idées anti-proudhoniennes » et par J. d'Héricourt « La femme affranchie », de droit, « Son droit, dont s'irrite le pouvoir de l'homme, est en question ; l'inquiétude et la défiance éveillées mettent de coté l'ancienne courtoisie, et sans vouloir la traiter en égale, déjà on la traite en adversaire »…

L'autrice aborde les infanticides et les avortements, la dépendance et l'objectivation, « Par la dépendance matérielle où elle est tenue, écartée de presque toutes les fonctions sociales autres que serviles, et réduite à un salaire insuffisant, on la force, ou à se vendre dans le mariage en échange d'une protection souvent illusoire, ou à sa louer dans des unions temporaires : – On en a fait un objet », la soumission, l'idéalisme, « Il est beau de vivre les pieds dans la boue, les yeux dans les nuages », la part de la « moitié de l'humanité »…

L'autrice discute de travail – elle rappelle que les femmes sont les « premier ouvrier de l'humanité », « la première bête de somme »-, de force physique et de résistance, « Depuis quand est-il établi que la force physique et l'intelligence soient en raison directe l'une de l'autre ? », de cerveau et de conclusions pseudo-scientifiques, d'instruction égalitaire, des rapports entre individus et de l'humanité, « Mais il n'y a pas plus d'histoire, de langage et de littérature sans la femme qu'il n'y a d'humanité », de sciences, « Mais depuis quand les effets comptent-ils à part des causes », des préjugés et de pauvreté, « le préjugé s'ajoute à la pauvreté pour les refouler dans une ignorance systématique », de réduction des femmes comme « agent de reproduction, ou de plaisir », de maternité et de soins maternels, « C'est dans ce point unique cependant qu'on veut absorber et fondre toute la destinée de la femme », de travail et d'indépendance, « Pourquoi cette peur insensée, illogique, de la connaissance, de la réflexion, du libre développement de l'être ? Parce que de la connaissance dérive la volonté, comme de l'ignorance l'incertitude. Qui pense et qui sait veut ; tous les despotes sentent cela »…

André Léo insiste sur certains points, les femmes ne disposent librement « de quoi que ce soit », l'impunité matérielle et morale des hommes se considérant comme « suzerain » des femmes, l'opposition entre devoirs et droits, « Qu'on cesse d'élever les devoirs de la femme contre ses droits », les privilèges masculins, « Quand on a mis en poudre le droit divin, c'était pour que chaque mâle (style proudhonien) en pût avoir une parcelle », la justice réclamée « en la déniant à autrui », la solidarité des droits, « tous les droits sont solidaires », la hiérarchie sociale, la prostitution, « la femme, égale de l'homme dans la société, c'est la prostitution à jamais détruite », le prétexte usé de tous les despotisme : « l'ordre », le remplacement du mot hommes par « êtres humains », la réalisation complète des trois grands termes : liberté, égalité, fraternité, « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits » et l'autrice d'ajouter : « Chaque époque a ses clartés et ses ténèbres. Celle-ci fut un orage, et l'éclair incomplet n'embrasa pas tout le ciel »…

Pour ne pas toujours recommencer à zéro, il faut étudier ces féministes oubliées par les présentations réductrices en « vague ». Et parmi elles, ne pas oublier, les femmes de 1848, les saint-simoniennes, les insurgées de la Commune…

Il est surprenant qu'un texte comme « La femme et les moeurs » ne serve pas plus souvent de référence dans les combats d'émancipation des femmes…



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