Mon tresor

Elle était grande, sans l’être trop, avec les membres longs, la démarche aisée, les gestes harmonieux d’un bel animal vigoureux. Un cou long et pur, dégagé par la coupe des cheveux, dorés comme une moisson mûre, supportait une petite tête dont on pouvait dire qu’elle était fière et impérative… « Impérative, pensa Pascal, dans le sens étymologique du mot qui, rejoint imperator. » On parle assez facilement d’un port de reine. Celle-ci avait nettement un port d’impératrice et le front, haut et bombé, les immenses yeux violets accusaient encore cette impression de force dominatrice et sereine.

Nos réactions ne devraient pas vous surprendre, il me semble. Si vous étiez un garçon tant soit peu réaliste, vous les auriez prévues. Sur vous pèse un préjugé de doute. Ce que je me demande, c’est, – si vous êtes aussi désintéressé que vous le dites en cette affaire, – c’est, dis-je, pourquoi vous êtes venu nous trouver d’abord. C’eût été tellement plus normal d’accomplir tout seul vos recherches et de nous en apporter ensuite le fruit ! Alors, plus de doute, plus d’injurieux soupçons… Vous pouviez triompher sur toute la ligne…

Une levrette empaillée lui rappelait les chevauchées de son enfance, quand les écuries des Lions abritaient encore meute et pur-sang. Des fleurs desséchées, des rubans fanés, un paravent de Coromandel de valeur et un siège dépaillé ayant servi jadis à sa nourrice pour la langer, Mlle de Vercéjac conservait là, sous ses yeux, à portée de sa main pieuse, tous les vestiges d’un passé qui demeurait toute sa richesse.

Maintenant, ce n’est pas pour la propreté, c’est pour… le plaisir ! Vous ne pouvez savoir combien j’aime l’eau, dit-elle avec une soudaine ardeur dans la voix. Je ne peux jamais résister à son attirance. Passer devant les bassins de la place de la Concorde ou la fontaine Médicis, à Paris, sans y plonger les mains, est un vrai supplice pour moi ! Aussi, quand je reviens au pays, je m’en donne à cœur joie…,

La seule élégance qu’on pouvait lui attribuer venait sûrement de la souplesse du corps qu’il vêtait. Ses faux plis, ses poches déformées, son pantalon avachi, tout disait la confection bon marché. De même que les mocassins fendillés, craquelés, qui le chaussaient.