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Critique de Pris


J'ai lu ce livre dans le cadre d'une Masse critique et je suis très reconnaissante à Babelio de m'avoir sélectionnée pour le lire. Je remercie aussi les PUL de me l'avoir fait parvenir rapidement;
Ce livre m'a intéressée à plus d'un titre, le principal étant la découverte d'un territoire d'outre-mer dont je ne sais pas grand-chose mais dont j'ai croisé quelques ressortissants dans mon parcours professionnel.
Clémence Léobal interroge la façon d'habiter des habitants de Saint-Laurent-du-Maroni, en particulier les Bushinengués, descendants d'esclaves marrons, qui vivent de part et d'autre du fleuve Maroni. Ce fleuve marque la frontière avec le Suriname et les habitants des deux rives ont des liens étroits entre eux... liens que l'administration française refuse d'envisager. Cette administration, la nôtre en fait, a une gestion du territoire très coloniale: les désignations des Bushinengués ont beaucoup varié dans le jargon administratif, quitte à aboutir à un amoindrissement de leurs droits par moments. Clémence Léobal fait un constat: la question du logement révèle le racisme du système. Attention, ici , le racisme n'est pas comme on pourrait le croire qu'une question de couleur de peau - même si plus elle est claire, mieux c'est. La hiérarchie est subtile. Une chose est sûre, tout en bas de cette hiérarchie se trouvent les Bushinengués.
L'administration française, comme celle de tous les pays d'Europe, repose sur l'attribution d'une identité, que ne possède pas une partie de la population adulte actuelle: comment ces personnes peuvent-elles alors faire valoir leurs droits en tant que citoyens si elles n'existent légalement pas?
On a l'impression de lire Kafka tellement les conceptions de la famille et de la propriété diffèrent entre les métropolitains et créoles d'une part, et les Bushinengués d'autre part: par exemple, un Bushinengué a plusieurs maisons - considérées comme des taudis par les officiels- partagées avec les membres de la famille, de part et d'autres de la frontière; les familles sont nombreuses et la parentalité n'est pas conceptualisée comme celle des Français "des modèles de famille nucléaire européens et bourgeois, en opposition aux familles nombreuses et aux mères célibataires", le maire les accuse même lors d'une réunion publique "Trop de personnes mettent des enfants au monde pour avoir des allocations et ne s'occupent pas des enfants."
Je ne présente ici qu'un aspect de l'ouvrage, celui qui m'a le plus marquée. Les Bushinengués vivent de manières très différentes cette question du logement, entre résistance aux expulsions (=avec une mise en valeur des terres conforme à l'environnement) pour les uns et demande de logement pour les autres, et j'ai apprécié la volonté de l'auteure de faire ressortir cette diversité sans stigmatiser qui que ce soit.

C'est donc un livre très riche que j'ai lu avec intérêt.
Cependant, je ne supporte pas l'écriture inclusive, à la mode désormais dans ce genre d'ouvrage et j'ai trouvé cela très rebutant.
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