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Critique de Lenocherdeslivres


Pour moi, les Brunetti sont comme les Terry Pratchett : des petits bonbons que je garde dans un coin de l'étagère. Pas trop loin pour ne pas les oublier. Mais surtout pas trop près pour ne pas céder trop facilement à la tentation de les prendre et de les dévorer illico. Confinement oblige, je me suis permis de piocher dans ma petite pile et j'ai lu, pardon, avalé Brunetti et le mauvais augure.

J'ai retrouvé le Brunetti que j'aime : attentif à la ville qu'il habite et apprécie toujours autant (malgré les touristes – pas facile, d'ailleurs, quand on lit cette série, de se dire qu'on va aller visiter cette cité : les touristes ressemblent tellement à une calamité ; enfin, en ce moment, la question ne se pose pas!) ; attentif également à la souffrance des autres, surtout les plus démunis, mais sans angélisme ; attentif à sa famille (que l'on ne voit pas beaucoup dans cet épisode ; juste ce qu'il faut pour s'apercevoir que son épouse se radicalise de plus en plus et offre des avis très tranchés sur la société, dont, ici, une charge virulente contre le communisme du temps de l'Union Soviétique) ; attentif, enfin, au regard des Anciens (Brunetti s'en remet toujours aux anciens Romains, voire Grecs et, si vous observez mes autres lectures, vous pouvez comprendre que cela me touche).

Les personnages habituels sont là, plus ou moins longtemps : la splendide et ingénieuse signorina Elettra, seule personne à ne pas sembler souffrir de la chaleur écrasante de l'été ; Patta et sa chose, le lieutenant Scarpa, méprisables à souhait ; le collègue et ami Vianello, dont l'importance ne cesse de croître. Et le médecin légiste, et le pilote du bateau de police…

Bref, tout ce qu'il faut pour un moment agréable, dépaysant mais pas trop (car en lisant un Brunetti, j'enfile mes chaussons confortables, et c'est un des buts). L'intrigue est solide. Comme souvent, on démarre deux intrigues, sans lien les unes avec les autres : d'un côté, un astrologue qui arnaquerait ses clientes, dont la tante de Vianello (Brunetti doit-il enquêter sur cette affaire privée ?) ; d'un autre une dénonciation à propos de possibles accointances de deux membres de la magistrature avec certains entrepreneurs et d'ajournements de jugements bien utiles. Bien évidemment, ces deux affaires finissent pas se croiser, de manière assez naturelle. Dans ce roman, l'habituel côté dénonciation sociale est présent (le rejet de l'homosexualité, entre autres), ainsi que le côté sordide de certaines familles. Et donc le dégoût de Brunetti devant ce monde qu'il semble avoir de plus en plus de mal à supporter.

Malgré cette grisaille morale, lire ce roman policier, qui se déroule dans une Venise estivale toujours aussi prompte à faire rêver, a été pour moi un grand moment de plaisir. Une douceur sucrée dont je garde la prochaine perle pour plus tard...
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