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Critique de Pecosa


Le 08 décembre 2004, Hilda Trujillo, directrice du musée Frida Kahlo fait ouvrir les deux salles de bain de la Casa Azul scellées par Diego Rivera à la mort de son épouse en 1954. A l'intérieur des "chambres secrètes" du 247 rue de Londres à Coyoacan, on découvre plus de 22000 documents, 5387 photos, 102 dessins, des bijoux, des tenues, dont une partie sera exposée au Palais des Beaux-Arts en 2007. S'inspirant de cet évènement artistique majeur de l'année 2004, Gregorio Leon nous livre L'Ultime secret de Frida K.
A Mexico, des ouvriers effectuant des travaux dans la Casa Azul mettent à jour une malle dans laquelle se trouve une lettre de Leon Trotski adressée à Frida Kahlo. Il y évoque leur liaison et un mystérieux autoportrait que l'artiste lui a dédié.
Peu de temps après cette découverte, un tableau est volé à Mexico, et le propriétaire de la galerie assassiné avec une statuette de la Santa Muerte. Une détective privée madrilène, Daniela Ackerman, est chargée de le retrouver au plus vite. Au même moment, à Azcapotzalco, on découvre les corps de danseuses du Club Manhattan dont le sein gauche a été tatoué à l'effigie de la Santa Muerte. L'inspecteur Machuca et son collègue Figueroa doivent mener l'enquête avec prudence le Club Manhattan appartient au mystérieux Tsar, chef de la mafia de Mexico et La Santa, Vierge des oubliés, vénérée par les sicarios, les narcos, et une partie grandissante de la population, semble faire planer une menace au dessus de la tête des deux policiers.
Inutile d'aller plus loin dans le récit, sachez que l'on y trouve un flic désabusé, une Espagnole opiniâtre, un tueur à gages fan du Real Madrid, une procureure érotomane, des adorateurs de la Santa Muerte, Ramon Mercader, des communistes, la Guépéou... et les trois intrigues nous mènent vers un mystérieux autoportrait volé deux fois.
Le coeur du récit est bien l'histoire d'amour qui unit Frida Kahlo et Léon Trotski. Cette improbable liaison au parfum de vaudeville et au goût d'interdit -ils doivent se cacher de Diego Rivera et de Natalia Sedova- ne doit pas franchir les murs de la Casa Azul car elle pourrait avoir de graves conséquences. Frida Kahlo s'attirerait les foudres de son ogre de mari, infidèle notoire qui ne tolère que les liaisons saphiques de sa femme. Trotski, quant à lui, perdrait toute crédibilité politique et le président Cardenas, qui lui a accordé l'asile à la demande de Rivera, pourrait être discrédité. L'autoportrait, preuve tangible de cette passion, ne doit surtout pas tomber entre les mains de la Guépéou, donc, de Staline.
Gregorio Leon connaît bien le Mexique. Il a déjà publié le roman Balada de perros tristes (éditions Nowtilus) sur les disparues de Ciudad Juarez, pour lequel il a reçu le prix Alfons El Magnanim de la Novela en 2008. Sa description de l'univers des sicaires et du culte de la Santa Muerte, condamné par l'Eglise catholique en 2009 est un des aspects les plus intéressants du roman. On retiendra surtout de L'Ultime secret de Frida K les beaux portraits de Frida Kahlo dont la vie, les combats et l'oeuvre ne cessent de nous fasciner, et d'un Trotski usé par l'exil, mais amoureux comme un adolescent.
Une petite réserve cependant, les libertés prises par l'auteur avec la chronologie peuvent parfois perturber la lecture de certains passages: la liaison entre les deux amants a eu lieu trois années auparavant et la guerre d'Espagne est déjà terminée en 1940. Il nous faut donc laisser de côté ces fantaisies chronologiques et nous laisser porter par l'intrigue, même si elles nous font parfois (souvent) sursauter. Les inconditionnels de Frida Kahlo dont je fais partie seront cependant enchantés de voir que leur icône est devenue le personnage d'un roman.
Pour l'anecdote, l'autoportrait de Frida Kahlo dédié au russe existe bel et bien. Il s'intitule "Entre las cortinas". On y voit Kahlo entre deux rideaux, un bouquet dans une main, et une lettre dans l'autre, dans laquelle on peut lire "Pour Leon Trotski avec toute mon affection, je dédie cette peinture, le 07 novembre 1937. Frida Kahlo à San Angel, Mexique".

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