Citations sur Une enquête du commissaire Brunetti : La tentation du p.. (53)
Ah, comme les poètes aimaient cette image de partance, les choses emportées par l'inexorable marée.
Brunetti avait appris, dés le début de sa carrière, que les témoins toléraient tout, sauf le sarcasme.
Il regagna son bureau, tout en méditant sur le fait que la signorina Elettra et lui-même travaillaient tous les deux, au fond, pour cet État indifférent et négligent.
Les bateaux appartenaient à l’insouciance, la frivolité de la jeunesse, ou aux heures infinies et parfois trop vides de la retraite. La plupart des hommes avaient déjà bien à s’occuper avec leurs familles et leur travail. Un bateau, c’était comme une petite amie, pas une épouse.
Une fois dehors, Brunetti marqua une pause le temps de consulter brièvement le GPS interne que tout bon Vénitien possédait dès la naissance, avec toute la discrétion d’une aiguille de boussole frémissant à la recherche du Nord ou de l’Ouest.
… les gens n’aiment pas avoir affaire avec la police. Pas seulement à elle d’ailleurs : à l’État sous toutes ses formes. Il s’est opéré une rupture de contrat entre l’État et le public, ou une résiliation, mais personne ne veut en prendre acte. Nous savons qu’il n’y a plus de contrat et ils savent que nous savons. Ils se fichent de ce que nous désirons et ne se préoccupent plus de nos existences. Et nous ne pouvons rien faire.
(Calmann Levy Noir, p.108)
« Tant qu’il y aura du football à la télévision, personne ne se préoccupera vraiment de savoir si notre gouvernement est élu ou choisi par un politicien croulant. »
Ah, où étaient les sous d’antan ? L’époque était aux virements bancaires et il régnait une atmosphère de méfiance générale entre les acquéreurs et les vendeurs, car l’État ne tolérait plus l’ancien système et exigeait dorénavant de percevoir tous les impôts qui lui revenaient sur chaque vente effectuée. Malheureusement, on n’avait pas encore trouvé de système empêchant l’argent d’être happé dans le trou noir des malversations du gouvernement.
Le commissaire pénétra dans un appartement silencieux, mais des années d'expérience lui soufflèrent qu'il n'était pas vide. Une odeur de pin sylvestre embaumait le couloir, ce qui signifiait que Raffi s'était de nouveau servi du shampoing de son père et, dans le salon, l'écharpe rouge de Chiara traînait sur le dossier du canapé. Guido Brunetti, détective de choc, se félicita-t-il en gagnant le bureau de Paola.
Il passa la tête dans l'embrasure de la porte et la vit se prélasser sur son divan, un livre à la main et un crayon dans l'autre.
" Dur, hein, le travail", plaisanta-t-il en entrant dans la pièce. Il s'approcha et l'embrassa sur le front.
p.111
Parce que dans la réalité, il n'y a pas de narrateur, la vie déborde de mensonges et de demi-verités, donc nous n'avons jamais de certitudes, pas vraiment.