Ce tout petit livre était coincé sur l'étagère pour tous jeunes lecteurs de la librairie où je faisais des réserves pour les mois à venir... L'ayant découvert au détour d'une critique de lecteur sur internet, je me suis dit que ce pourrait être un bon premier livre de “science-fiction” pour mon nouveau lecteur fait maison, mais j'ai voulu y goûter moi-même avant pour pouvoir en accompagner sa lecture.
Et je crois que j'ai vraiment été surprise par la qualité du texte. Il évoque à mots à peine couverts les abus d'un Etat totalitaire et l'importance de savoir résister en continuant à vivre selon ses propres principes et valeurs. On saura peu de choses de ce monde dystopique, seulement ce qui est indispensable à l'histoire, à charge pour le lecteur d'imaginer le décor tout autour. On sait seulement que l'Etat contrôle les jardins et l'alimentation (pourquoi ? quels sont les autres domaines où il s'impose ainsi ?...), mais Marius prendra tous les risques pour faire pousser quelques plants de tomate pour que son fils Clovis connaissent le goût de la liberté, et celui d'une vie qui continue à être libre dans les pensées si ce n'est dans la société.
Goût de tomates mûries à l'abri d'une fenêtre, qui n'aura pas tout le goût d'un fruit gorgé de soleil mais qui aura celui de la liberté…
Si l'amour entre le père et le fils donne une douceur indéniable au récit, l'ambiance en est lourde, entre délation possible et mère en fuite. Et la fin reste ouverte, comme dans les meilleures nouvelles. Ces deux éléments me font penser que, si j'avais été libraire, je n'aurais pas mis ce livre là où je l'ai trouvé. Il faut une bonne dose de réalisme mais aussi une bonne capacité critique et d'analyse pour pouvoir digérer cette lecture qui est loin d'être anodine.
J'attendrais donc probablement un an ou deux avant de partager ce livre avec P'tit Raton. Mais en attendant ce moment, j'ai beaucoup apprécié cette lecture qui m'a fait mesurer encore une fois l'importance de l'éducation et des valeurs que l'on transmet, pour que ce monde n'arrive pas, alors qu'il n'est peut-être pas si loin de nous, de moi ou de mes enfants. Un appel à une résistance morale qui s'adresse à tout lecteur de 7 à 77 ans et au-delà, un très beau livre qui laisse place à l'interprétation et à l'imagination.
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Clovis a sept ans et il vit dans un monde à peine futuriste qui paraît fort triste: pour le bien de toute la population (qu'on imagine trop nombreuse), il est interdit de cultiver un bout de jardin. La nourriture est fournie par les autorités et elle subvient aux besoins nutritifs, sans plus. Pour avoir désobéi à ces restrictions, la mère de Clovis a dû prendre le large, on ne sait où ni pour combien de temps. En souvenir d'elle, Marius - le père de Clovis - décide de cultiver en secret un plan de tomates. Une façon de faire goûter à son fils les saveurs inconnues... de la liberté.
Ce tout petit livre est un bijou de délicatesse. Il est touchant de constater combien le père et le fils sont de connivence, et comment l'absence de la mère - cruellement ressentie par les deux garçons - les rapproche encore. En son nom, ils résistent à la dictature alimentaire et font de leur malheur une force.
Petits et grands, lisez ce roman: il ne vous laissera pas indifférent.
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Ce livre est une histoire palpitante que Chistophe Léon a écrit.
Ce roman représente l'histoire de Clovis qui a sept ans et qui vit avec son père Marius.Sa maman s'est enfuie car elle s'est fait surprendre en train de donner des légumes aux poules. Dans leurs pays, ils n'ont pas le droit d'avoir un potager et ils n'ont presque pas de végétation. Seuls le père et le fils vont oser le faire pour goûter au goût de la liberté.
Ce livre m'a plu car il est plein d'aventures et un petit peu émouvant.
Je recommande ce livre pour les lecteurs qui aiment l'aventure car cette histoire est pleine de risques et pleine d'aventures.
"Il faut nuit noir. Une nuit qui rappelle de mauvais souvenirs à Clovis ...Sa mère venait de sortir. Elle tenait à la main un bol rempli des restes des repas de la journée .Elle s'apprête à les donner aux de poules pondeuses que ses parents élevaient en cage et en cachette dans l'atelier. Soudain, de violentes lumimières l'avaient aveuglé. Elle avait lâché le bol et avait couru se réfugier à l'intérieur de la maison. "
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Un texte court qui en dit pourtant long : c’est toute la force du récit de Christophe Léon qui se déguste comme le produit frais d’un jardin gorgé de soleil.
Lire la critique sur le site : Ricochet
- Papa?
- Hum...
- Tu me mens pas pour maman, hein?
- Si je te mens, alors c'est que je me mens à moi aussi.
- Ça veut dire quoi ça, papa?
Marius se gratte la gorge. Sa voix n'est plus qu'un filet.
- Ça veut dire qu'il faut faire confiance à ta tomate, au goût de la liberté et à ta mère...
Les autorités ont maintenant le monopole de la vente de légumes et de fruits, mais aussi de toute l'alimentation. Elles passent chaque année un contrat avec des sociétés qui les fournissent. Les gens se servent dans des centres. Les prix sont imposés. La loi est la même pour tous.
Les autorités savent ce qui est bon pour les citoyens.
"Ce que je veux dire, c’est que l’important n’est pas la grosseur qu’elles auront, ce qui compte c’est que ces tomates auront le goût de la liberté, fiston."
je te rappelle encore une fois, Clovis, que ça doit rester un secret. Ce que nous faisons ne doit pas s'ébruiter. Si jamais ces choses-là étaient rapportées aux autorités...
Marius n'achève pas sa phrase.
Un après-midi, Clovis découvre la première tomate mûre. A croire qu'elle se cachait ou qu'elle a rougi dans l'instant. Elle est là, au bout d'une tige, avec sa sœur jumelle, qui est encore verte.
Rencontre avec Christophe Léon autour de "Silence, on irradie !"