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Éric Chédaille (Traducteur)
EAN : 9782404023656
288 pages
Gallmeister (01/02/2024)
4.07/5   75 notes
Résumé :
Une chose est juste quand elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est néfaste quand elle ne remplit pas ces conditions." Un constat limpide, qui fonde une éthique écologique à la postérité immense.
Né dans le rêve pionnier, Aldo Leopold a consacré sa vie à observer la nature. Autour de sa ferme dans son "comté des sables" comme à travers le reste des États-Unis, il mesure l’empreinte de l’homme, insidieuse,... >Voir plus
Que lire après Almanach d'un comté des sablesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Souvent, je ne lis pas les préfaces, c'est probablement un tort.
ça l'aurait été avec la préface de J.M.G le Clézio, car elle est une très bonne introduction à cet ouvrage.

Le Clézio résume parfaitement l'esprit et la démarche d'Aldo Leopold, mettant l'accent sur la qualité littéraire de cette oeuvre que l'on présente comme une quintessence du nature writing et de l'écologie.

Leopold, né dans l'Iowa, région rurale des Etats-Unis à la fin du dix-neuvième siècle, se passionne tout jeune pour l'ornithologie et après des études spécialisées dans la gestion forestière, rejoint l'office américain des forêts.

Si l'on parle écologie à propos d'Aldo Leopold, c'est d'une écologie empirique, raisonnée, vécue passionnément au quotidien, Leopold défenseur de la nature et précurseur de la protection animale était pêcheur et chasseur, ce qui ne manquera pas d'étonner voire de choquer les écolos 2.0 !

Ce qu'il faut retenir de la lecture de cet "Almanach d'un comté des sables", c'est l'émerveillement transmis par l'auteur, émerveillement d'un scientifique, professionnel de la forêt qu'il transmet au lecteur.

Aldo Léopold mourut à l'âge de 61 ans, d'une crise cardiaque en aidant des voisins à éteindre un feu de broussailles. Son engagement total lui coûta la vie, il en demeure d'autant plus exemplaire !

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Il y a des livres comme ça, qui dès les premières lignes font surgir des images, des lieux qui, même si vous ne les avez jamais parcourus autrement qu'en imagination, vous sont précieux. Pour moi, c'est l'image de la Grande Prairie américaine que foulent les troupeaux de bisons. le continent américain a subi bien des désastres écologiques, et d'autres se profilent à l'horizon, mais rien n'est plus poignant ni plus significatif que la perte de la Grande Prairie et le massacre des bisons, évoqués avec regret par Aldo Leopold. Entre deux cours à l'université, ce dernier vient se ressourcer dans son domaine de 50 hectares de prés et de bois, situé dans le Wisconsin.

Au fil des mois, le naturaliste (qui a été aussi chasseur) nous livre le fruit de ses observations et réflexions sur le monde sauvage qui l'entoure. Sur son domaine il croise cerfs, grouses, lapins, visons, ratons laveurs. Un arbre abattu permet à Leopold de remonter le temps et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'Histoire du Wisconsin n'est guère brillante : 1872, mort du dernier dindon sauvage, 1899 le dernier pigeon migrateur est abattu, 1908 c'est le dernier couguar qui tombe sous les balles d'un chasseur, 1925 la dernière martre disparaît…mais malgré une biodiversité qui s'amenuise dans cet Etat, Leopold s'émerveille tous les jours du spectacle que lui offre la nature, que ce soit le concert symphonique des oiseaux à l'aube, où les couleurs délicates de la rivière à un certain moment de l'année.
Dans la seconde partie du livre, intitulée « quelques croquis » , Leopold évoque, entre autres, le destin des grands carnivores américains, l'ours et le loup en particulier, éternels condamnés, sacrifiés à l'autel du profit. Un épisode de jeunesse lui revient, particulièrement désagréable, et lorqu'il s'approche du corps de la louve qu'il vient d'abattre, il mesure alors les conséquences douloureuses de son acte. La montagne est malade de la disparition des prédateurs mais qu'importe, l'homme n'a pas appris à penser comme une montagne, et ce constat lui inspire cette belle phrase reprise de Thoreau : « le salut du monde passe par l'état sauvage ». C'est assez malheureux d'entendre un si beau discours de la part d'un chasseur. Cela m'a d'ailleurs rappelé un peu le parcours de James Oliver Curwood...

La dernière partie « en fin de compte », est un constat, amer forcément, et une série de propositions sur la façon d'aborder l'écologie et les moyens de protéger la nature.
Publié en 1949, cet Almanach n'a pas pris une ride. Outil de réflexion et de connaissances, l'ouvrage d'Aldo Leopold est aussi une formidable invitation à nous émerveiller devant les beautés de la nature.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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L'almanach d'Aldo Leopold (1887-1948), livre testamentaire, publié à titre posthume en 1949, égrène, dans une première partie, les observations naturalistes au fil des mois depuis une « cabane » occupée en fin de semaine, une ferme de la région des sables du Wisconsin, aux Etats-Unis. Professeur de foresterie de réputation internationale, Aldo Leopold sait filer la métaphore quand il s'agit de scier un chêne foudroyé pour se chauffer. Il remonte le temps historique de l'Etat du Wisconsin à mesure que les dents entaillent les anneaux de croissance de l'arbre. le passé défile année par année, succinctement, mais avec son lot de massacres effarant : « En 1871, on estime à cent trente-six millions le nombre de pigeons venus nicher dans un triangle de 80 kilomètres… Les chasseurs venaient par centaines, armés de fusils, de matraques et de pierres à lécher et c'est par trains entiers que les pâtés de pigeon en puissance repartaient en direction des villes…Ce fut, cette année-là, la dernière grande nichée dans le Wisconsin… En 1870, un chasseur industriel se vanta dans le Chasseur américain d'avoir tué six mille canards en une seule saison dans les environs de Chicago ». Puis l'arbre s'abat. Les « copeaux de réalité » sont appelés par les bûcherons la sciure et par les historiens les archives. Aldo Leopold pourrait apparaître comme un apôtre écolo prêchant la bonne parole, forcément au-dessus de la mêlée des simples mortels. Lui, sait. Il chasse mais il ne plombe pas toutes les bécasses car il a été initié à la « danse céleste » et il veut continuer à jouir de la parade nuptiale des volatiles. Est-ce bécasse ? Aldo l'écolo chasse en artiste. Bonjour la prise d'esthète ! Aldo « la classe » prodigue aussi ses bons conseils avec la désinvolture qui sied en la circonstance quand le gâchis est déjà bien là, irrémédiable, presque anodin en apparence, à l'exemple de la tondeuse tueuse maniée par une équipe de cantonniers insouciants qui coupe sans remords les derniers silphiums [fleurs reliques de la Grande Prairie] jusqu'à lors épargnés dans le cimetière du coin : « A quoi pouvaient bien ressembler cinq cents hectares de silphium en fleur chatouillant le ventre des bisons, voilà une question qui n'aura plus jamais de réponse et peut-être même plus jamais l'occasion d'être posée ». La lecture de l'almanach est surtout étonnante par la description de comportements humains banals et destructeurs, ceux d'Aldo Leopold inclus « J'étais jeune à l'époque et toujours le doigt sur la gâchette », décrits voici soixante-dix ans aux Etats-Unis et transposables sans en changer un traître mot dans nos sociétés occidentales aujourd'hui. Les marais asséchés, la culture du maïs envers et contre tous, les rivières égouts, les haies arrachées, les animaux exterminés, les chasseurs et leur autosatisfaction presque maladive, le besoin de distinction, de reconnaissance, l'accumulation frénétique d'objets, la vitesse accrue des déplacements humains, tout cela et des menus détails disent bien plus le mal du siècle qu'un pensum d'ethnologie. La force et la beauté de l'Almanach d'un comté des sables tiennent essentiellement au pouvoir d'évocation des frontières floues, aux tableaux évanescents rehaussés de fines observations naturalistes. Le Clézio, dans sa préface, a bien senti la force poétique qui émane du « tableau sublime que sait peindre la rivière Wisconsin certains matins d'été et des domaines illimités de l'aube, qu'aucun fonctionnaire du cadastre ne pourra jamais arpenter ». La seconde partie de l'almanach intitulée « Quelques croquis », clame l'élégie des marais, chante la mort du loup (bien après Alfred de Vigny), dresse la stèle aux pigeons…, l'auteur égrenant ses pensées au rythme de ses pérégrinations, du Wisconsin jusqu'au Manitoba. La dernière partie de l'ouvrage, « En fin de compte », dresse un bilan des convictions éthiques et philosophiques de l'auteur. La partie est d'ores et déjà perdue pour la vie sauvage et la survie des hommes paraît bien menacée. « Penser comme une montagne » est une révolution que l'écologie radicale ne pourra jamais mettre en oeuvre à elle seule.
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J'avais posté ce commentaire soulignant une critique de lectrice (Folfaerie !)
Je la réédite en clair, quelques années ont passé et la prise de conscience a fait quelque avancée notable(en gros )
Désolé de me citer !!
"Il est de petits opus tels celui-ci que l 'on garde à portée de main :soit une recherche nous y ramène soit un neveu ou ami vous demande un renseignement et plutôt que répondre vaguement , vous lui mettez le livre en mains et il le garde: c'est tant mieux .
J'ai en même temps retrouvé chez un bouquiniste un ouvrage consacré au grand peintre Frédérick Remington :on peut associer les deux personnages !"
Associer ces deux personnages - par ailleurs sans doute opposés dans leur philosophie - permet de constater ce fossé entre la mentalité de "civilisateurs brutaux"** que furent les immigrés anglo-saxons.
Le récent passage tv de "Danse avec les Loups" exposait la brutalité de ces pionniers quand au début l éclaireur de K Costner se comporte avec muflerie (mais tué bientôt par les flèches des Sioux.)
Je digresse mais c est cette Amérique assez fidèle historiquement que nous font voir Aldo Léopold ,F Remington et K Costner .
Le personnage de d'Trump condensait ces traits de comportement :irrespect et toute puissance
J'arrête ici comme disent nos cousins du Québec...
"ça n'a point de bon sens !"
** des pas brutaux ? pas sûr qu'il en existe cf :Ouïghours Tibétains Berbères Tupamis Aborigènes Africains ....

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On me demande parfois une définition de l'écologie ou qu'est-ce qu'un écologiste. Vaste sujet qui, par sa définition même, englobe presque tous les autres.
Aldo Leopold possède la réponse. Son Almanach pourrait être la Bible de cette science, tellement galvaudée depuis que l'on s'est aperçu que l'homme avait une influence sur la planète - si toutefois l'écologie peut s'appréhender comme une religion, ce qui, je l'espère, est assez éloigné de la vérité.
Le livre est construit et divisé en trois parties. D'abord un calendrier à la manière d'un journal puis des instantanés glanés au fil des lieux visités et enfin une réflexion purement écologique. Si cette dernière souffre d'un pragmatisme sinon dans les faits du moins dans les conseils, les deux premières demeurent un hymne au vivant, sous toutes ses formes.
Léopold a vécu la première moitié du XXème siècle dans cette partie des Etats Unis dont Fenimore Cooper a longuement vanté la Prairie ; il délivre cette poésie de l'environnement chère à Rousseau. Ce qui rend ce livre si attachant, c'est non seulement cette approche humble et modeste vis-à-vis de tout ce qui nous entoure, mais aussi cette faculté qu'ont en commun tous les observateurs de la beauté première de percevoir le moindre détail autour de soi. Nul besoin, affirme Léopold, d'aller au bout du monde : la beauté et l'originalité sont souvent sous votre nez : il suffit de bien regarder, de savoir s'imprégner de son milieu. L'art de percevoir est déjà un pas vers une communion plus étroite avec la nature qui vous fait sentir comme partie prenante du concept Gaia (la Terre vue comme un supra organisme où tout est lié et connecté ensemble). Quoi de plus écologiste que de tels propos ? On touche à la définition même de cette science qui est dorénavant sortie de ses applications propres et au nom de laquelle des gens de tout poil glosent pour ne rien dire.
L'auteur possède de surcroit un style simple et lyrique, les mots coulent comme un long fleuve, ils cataractent tel un torrent de montagne, se répandent paresseusement en méandres où l'on aime se perdre. Sa plume file comme une hirondelle dans un ciel d'Avril. Cet almanach se lit comme un déguste un repas gastronomique : des saveurs subtiles et recherchées mais aucun risque d'overdose.
Botaniste et ornithologue averti, Léopold n'hésite pas à appeler un chat un chat et il vous faudra peut-être (sûrement pour les citadins endurcis) sortir un dictionnaire pour parvenir à suivre les appellations florales et aviaires.
Il y a du David Thoreau et du John Muir chez Léopold et ce n'est pas pour me déplaire. Ouvrez à n'importe quelle page cet hymne à la nature avant une sortie au dehors : vous profiterez bien mieux de votre escapade, tous vos sens en alerte. le murmure de la brise dans le feuillage d'un chêne, le son de soie qu'on découpe au passage d'un vol de corbeau, le chuchotis d'un ruisseau encore invisible, le grouillement de millions d'insectes oeuvrant au niveau du sol, la danse des hautes herbes sous un vent printanier, l'amorti de vos pas dans la neige fraiche, le picotement délicieux des rayons du soleil sur votre nuque, la rugosité de l'écorce d'un pin sous vos doigts, cette senteur forte de terre mouillée après l'averse et même ces tons fantasmagoriques les jours de brume.
Voilà, vous y êtes. Au coeur du vivant – dont vous faites partie. Merci Monsieur Léopold.
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critiques presse (1)
Actualitte
10 mars 2017
En promeneur solitaire, attentif et observateur, Aldo LEOPOLD nous fait découvrir, avec une langue pleine de poésie et d’admiration, toutes les beautés d’une nature encore vivante subissant les bouleversements des actions humaines.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
J'ai lu de nombreuses définitions de ce qu'est un écologiste, et j'en ai moi-même écrit quelques-unes, mais je soupçonne que la meilleure d'entre elles ne s'écrit pas au stylo, mais à la cognée. La question est : à quoi pense un homme au moment où il coupe un arbre, ou au moment où il décide de ce qu'il doit couper ? Un écologiste est quelqu'un qui a conscience, humblement, qu'à chaque coup de cognée il inscrit sa signature sur la face de sa terre. Les signatures diffèrent entre elles, qu'elles soient tracées avec une plume ou avec une cognée, et c'est dans l'ordre des choses.
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Concevoir l'Amérique comme une Histoire et la destinée comme un avenir, respirer le parfum d'un hickory à travers le silence des âges, c'est possible. Il nous suffit d'un ciel grand ouvert et de la volonté de faire usage de nos ailes. C'est-cela, plus que les bombes de M.Bush ou les bas Nylon de M.Dupont, qui fournit une preuve objective de notre supériorité sur les bêtes.
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Il y a des gens qui peuvent se passer des êtres sauvages et d'autres qui ne le peuvent pas. Ces essais sont les délices et les dilemmes de quelqu'un qui ne le peut pas.
Tout comme le vent et les couchers de soleil, les êtres sauvages faisaient partie du décor jusqu'à ce que le progrès se mette à les supprimer. Nous sommes maintenant confrontés à la question de savoir si un "niveau de vie" encore plus élevé justifie son prix en êtres sauvages, naturels et libres. Pour nous, minorité, la possibilité de voir des oies est plus importante que la télévision, et la possibilité de trouver une pasque est un droit aussi inaliénable que la liberté d'expression.
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Chaque année, après les tempêtes de neige du coeur de l’hiver, survient une nuit de dégel où le tintement de l’eau qui goutte traverse le pays, réveillant sur son passage les créatures assoupies pour la nuit et d’autres qui dormaient depuis le début de l’hiver. La mouffette roulée en boule au fond de sa tanière déplie ses membres et risque une sortie dans cet univers humide, en traînant son ventre dans la neige. La trace de la mouffette marque l’un des premiers événements repérables de ce cycle de fins et de commencements qu’on appelle une année
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Un peu plus loin, je tombe sur une tache sanglante entourée d'un grand arc de cercle dessiné dans la neige par les ailes d'une chouette. Le dégel, en délivrant le lapin de la faim, lui a fait oublier sa peur. La chouette est venue lui rappeler que les pensées printanières ne sauraient remplacer la prudence.

Janvier.
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