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EAN : 9782370670700
218 pages
Plein jour (04/02/2022)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Élève prometteuse de l’Union européenne dans les années 1990, eldorado libéral dans les années 2000, la Hongrie fait surtout parler d’elle depuis que le Premier ministre, Viktor Orbán, y a lancé une « contre-révolution conservatrice » au nom d’une conception « illibérale » de la démocratie.

Mais comment vit-on dans ce laboratoire européen du populisme, admiré de Trump, Bolsonaro et Marine Le Pen ? Écrit par des journalistes français indépendants insta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand j'ai lu ce livre il y avait deux inconnues. Qui remporterait les élections législatives en Hongrie ? Qui serait au second tour de l'élection présidentielle en France ? En Hongrie, le parti de Viktor Orban arrive en tête (dans l'indifférence la plus totale ici, une info tout juste relayée dans les JT). En France, l'extrême droite est encore une fois au second tour. Et faire barrage fait de moins en moins recette. C'est donc un fait : l'Europe est un terreau pour le vote extrémiste.

La Hongrie sous Orban dirigé par Corentin Léotard (aux merveilleuses éditions Plein Jour avec le courrier d'Europe centrale) est un essai d'une grande pertinence et sans manichéisme qui fait le portrait de ce pays sous un gouvernement populiste. Des journalistes qui vivent en Hongrie se sont réunis pour nous proposer ce livre qui donne la part belle aux rencontres avec la population. Des tranches de vie qui nous amènent à la frontière ukrainienne, dans les rues de Budapest, avec des ouvriers, des politiques, des hommes et des femmes convaincus ou non par les décisions prises à la tête de l'état, par l'UE. Ceux qui voient l'arrivée des migrants de l'intérieur, ceux qui se souviennent des ghettos. Autant d'articles, courts et facile d'accès qui nous imergent au coeur du pays. C'est du grand journalisme, avec toutes ses lettres de noblesse. Celui qui nous fait découvrir et comprendre le monde. Celui qui nous révèle un pays méconnu et permet de mieux comprendre le nôtre. Celui qui ne juge pas mais donne toutes les clés de compréhension.

Aujourd'hui, regarder vers la Hongrie, c'est prendre conscience de tout ce qui se passe à l'est de l'Europe, les fêlures de l'histoire et la guerre en cours. Et qu'au milieu de tout ça, il y a des gens qui nous ressemblent, qui ressemblent à nos pères, amis, voisins. Il y a le quotidien, les choses de rien et les initiatives locales et puis les grandes décisions politiques avec lesquelles il faut bien vivre, s'adapter. Et toujours se rappeler qu'il y a déjà en Europe des pays gouvernés par l'extrême droite et qu'il est plus qu'urgent de voir ce qui s'y passe.

Et les jonquilles sur la photo ? Juste pour rêver à d'autres printemps.
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Cet essai dirigé par Corentin Léotard dresse, à travers les écrits de plusieurs journalistes, un tableau de la société hongroise et de ses préoccupations, proposant notamment une synthèse mesurée des dernières années sous Orban à l'aune de sa dernière réélection, en février 2022.

Les auteurs commencent par rappeler que certains Hongrois tirent fierté de la notoriété de leur premier ministre, plus célèbre que ses collègues roumains ou bulgares ; à travers les témoignages d'élus locaux, d'agriculteurs ou de militants s'esquissent les contradictions d'un pays gouverné par un parti d'extrême droite pourtant perfusé par l'aide économique européenne, insuffisante à rendre la Hongrie aussi prospère que sa consoeur et voisine autrichienne, à son grand dam.

J'ai été particulièrement intéressée par trois des sujets soulevés par cet essai, à savoir les similitudes et les liens entre le Fidesz et le Likoud, le traitement des minorités hongroises et la réécriture de l'histoire dans un discours officiel blanchi à la chaux.

La comparaison entre le Fidesz d'Orban et le Likoud de Netanyahou s'attarde notamment sur leur obsession du nationalisme ethnique, leur acharnement à affaiblir les contre-pouvoirs que sont la justice, la presse et les médias, leur attaques contre la société civile et l'asphyxie de toute opposition, ainsi que leur haine partagée diabolisant le milliardaire américain d'origine hongroise, George Soros. Joyeux cocktail!

Du côté des minorités hongroises, on s'étonne de la différence de traitement entre les Hongrois de l'extérieur, ou plutôt les magyarophones en Slovaquie, Serbie ou Roumanie que le gouvernement hongrois arrose de passeports (qui facilitent notamment le travail dans l'Union européenne pour les ressortissants de la Voïvodine serbe) et encourage à voter lors des élections, et celui réservé à la minorité rom, exclue, discriminée et invisibilisée.

Enfin, la réécriture de l'histoire hongroise suit la recette du savoureux roman national : s'estimant lésée par le Traité de Trianon de 1920 où elle perdit une grande partie de son territoire (d'où d'ailleurs les nombreuses minorités magyares chez ses voisins), la Hongrie se passionne à présent pour ses prétendues origines turques et la théorie touranienne mise sur le devant de la scène par le jobbik : les Hongrois seraient les descendants directs des nomades des steppes conduits par Attila, autant d'excuses pour resserrer les liens avec la Turquie et encourager cette dernière à prospecter sur le sol hongrois à la recherche de vestiges archéologiques qui viendraient corroborer le récit.
Même réécriture de l'histoire contemporaine, avec les tentatives répétées de faire sombrer dans l'oubli les accointances intéressées de la Hongrie avec l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, avant que cette dernière ne finisse en mars 1944 par l'occuper.

Décidément un très chouette bouquin pour mieux comprendre la Hongrie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Aucune cérémonie d'inauguration n'est prévue : en représentant l'Allemagne comme un aigle terrifiant attaquant par-derrière une Hongrie innocente incarnée par l'ange Gabriel, le gouvernement Fidesz cherche à dédouaner le pays de toute responsabilité dans la Shoah. Le tollé provoqué par cette représentation a contraint le gouvernement à agir avec discrétion et à ériger le monument en catimini. Présenter la Hongrie comme un État occupé qui ne peut pour cette raison être tenu responsable des actes survenus sur son territoire à la fin de la Seconde Guerre mondiale est au cœur de la rhétorique du gouvernement de Viktor Orbán. Au point qu'il a inscrit dans le préambule de la nouvelle Constitution hongroise de 2012:

"Le rétablissement de l'autodétermination de notre pays, perdue le 19 mars 1944, a eu lieu le 2 mai 1990."
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Le Fidesz de Viktor Orbán et le Likoud de Benyamin Netanyahou (qui sera écarté du pouvoir le 13 juin 2021) ont tissé des liens solides, multipliant les rencontres et les gestes d'amitié.

Ils partagent tant en commun: nationalisme ethnique, affaiblissement des contre-pouvoirs, asphyxie de l'opposition, attaques contre la société civile, diabolisation du milliardaire américain. d'origine juive hongroise, George Soros.
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"La Hongrie a été le premier pays du bloc de l'Est à détruire le rideau de fer. Nous sommes en train de le remettre sur pied, tout ça parce qu'il faut contrer la popularité grandissante de l'extrême droite hongroise", ajoutait-il, en référence à la stratégie gagnante de Viktor Orbán, alors en plein siphonnage des voix du Jobbik.
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Il se trouve que ce regain d'intérêt de la Turquie pour son passé sur le sol hongrois sied parfaitement aux aspirations des nationalistes magyars, alors en plein dépoussiérage d'une théorie déjà mobilisée au XIXe siècle: la théorie touranienne. Particulièrement revendiquée par le Jobbik dans les années 2000 jusqu'au début des années 2010, cette théorie confère aux Hongrois des origines turques, et fait d'eux les descendants du guerrier Attila, le Hun, à rebours de la théorie dominante "finno-ougrienne". Un institut de recherches pluridisciplinaires sur la "Magyarité" (Magyarságkutató Intézet) a été créé en 2019, dans le but de percer le grand mystère des origines, et placé sous l'égide du ministre des Ressources humaines, Miklós Kásler, fervent partisan de la filiation orientale des Hongrois.
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Qui connaît le nom du Premier ministre tchèque? celui du chef de l'exécutif roumain, ou même polonais ? Alors que le dirigeant hongrois, tout le monde le sait aujourd'hui, c'est Viktor Orbán. Avoir un dirigeant connu au-delà des frontières de leur pays, c'est une première pour les Hongrois. Certains s'en lamentent: la Hongrie, proclament-ils, ce n'est pas que Viktor Orbán!
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