AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


Ce roman, qui fait partie du cycle de Lanmeur, est un concentré d'imaginaire anthropologique.
Concentré assurément car il ne fait même pas 200 pages et contient pourtant autant d'images fabuleuses que les gros pavés dont les éditeurs d'aujourd'hui nous abreuvent. Anthropologique car, une fois encore, Christian Léourier excelle à nous présenter une civilisation humaine fascinante très différente de ce que nous connaissons.

Akrèn est une jeune archéologue de Lanmeur, la planète qui a décidé d'unifier toutes les civilisations éparpillées dans l'univers au sein du Rassemblement. Depuis toujours elle rêve d'explorer les vestiges de Gogleth, la principale ville autochtone de la planète Nédim. Lorsqu'elle l'atteint après des années de voyage en hibernation, elle découvre une colonie Lanmeurienne en train de dépérir, des autochtones méprisants et songeant à la révolte, et l'hiver implacable qui, ici, est déjà là (G.R.R. Martin, si tu m'entends…).
Car Nédim est une planète à forte excentricité dont la longueur d'une saison englobe des générations humaines (pas aussi longtemps que sur l'Hélliconia de Brian Aldiss mais pas loin). C'est si long que les autochtones Nédans ont personnifié les saisons comme deux Dieux qui s'affrontent éternellement pour l'amour de Nédim et règnent tour à tour durant des dizaines d'années. La vie des Nédans est réglée dans leur quotidien même par cette lutte divine. A présent, il est temps pour l'Élu de se rendre à Gogleth couverte de glace, pour tuer l'Hiver. Akrèn profite de l'aubaine et se joint à l'expédition pour explorer la Ville dont elle a toujours rêvé.

Le roman est divisé en trois parties : l'arrivée à Loed, capitale mourante des colons Lanmeuriens imbibés de drogue, l'expédition vers le Nord glacial avec chiens et traineau, enfin la découverte de Gogleth qui se révèle une véritable nécropole aussi riche que la Vallée des Rois en Égypte. Transversalement, le plus intéressant est la présentation du mode d'existence religieusement rigide, forgé par des siècles de confrontation avec une nature hostile, des Nédans, et des interactions avec les colons. Les deux groupes éprouvent un profond mépris l'un pour l'autre. Akrèn considère les autochtones comme des arriérés superstitieux, cependant elle n'a de cesse de parvenir à se faire accepter par ses guides lors de l'éprouvant voyage vers le Nord. Les Nédans voient les colons comme de gênants moustiques d'été incapables de comprendre les forces qui habitent leur planète et seront balayés par elles. Malgré les tentatives le fossé qui les sépare est infranchissable. du moins…

J'ai pris mon temps pour lire ce court roman, car sa densité me rassasiait au bout de quelques pages. Je l'ai consommé délicatement comme un mets précieux. A la fin j'aurais voulu prolonger ce contact, en apprendre plus sur Nédim et ses Dieux, mais paradoxalement j'étais ravi de sentir que ce désir ne serait pas satisfait. Si le désir et la curiosité sont encore présents à la fin d'une histoire c'est qu'elle a parfaitement rempli son office. Elle termine par la note la plus positive qui soit, l'antithèse de l'ennui.
Commenter  J’apprécie          312



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}