La folie est de ne pas accepter le changement, même s'il est douloureux !
La vie est mouvement ; vivre est déjà un privilège.
"Est-ce qu'une mère peut mourir ?
- La mienne est morte !
- N'est-elle pas une partie de toi, vivante ... Ne lui ressembles-tu pas un peu ?
- Oui, mais elle n'est plus là ! ... Elle me manque !".
Esaric soupire et presse sur ses yeux pour réprimer un sanglot.
Désormais, elle vivait avec difficulté l'étrange expérience d'une existence sans son compagnon ; cela avait si peu de sens ...
Elle n'était plus ni granitique, ni sévère, et n'offrirait que peu de résistance.
Abandonnée, elle s'abandonnait, comme un foulard dans le vent, entre chien et loup.
Elle regardait ce monde, établi d'éternel équilibre, se disloquer peu à peu.
Oui ! C'est fantastique, parce que cela veut dire qu'un humain, après sa mort, ensemence la vie.
Il est une partie du terreau des rosiers et participe des terres noires des forêts.
Quel qu'il ait été, l'homme finit toujours par contribuer au printemps.
Le mal est là qui le tenaille et lui brûle la poitrine.
Il voudrait s'enfuir, partir n'importe où, penser à autre chose ; disparaître ... Trop tard !
L'angoisse l'écrase au sol comme une seconde noyade.
Les petits se pelotonnent au creux des ventres édredons.
Mâchonnées de la sorte, les ritournelles soignent les questions sans réponse ; elles sont l'onguent des solitudes inquiètes qu'elles travestissent en nonchalance.