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Critique de mariecesttout


En exergue :
"Car le beau n'est rien que ce commencement
du Terrible que nous supportons encore, et si nous l'admirons,
c'est qu'il dédaigne, indifférent, de nous détruire.
Tout ange est terrifiant."
R. M. Rilke ( Les Elégies de Duino)

La plupart des choses que l'on peut écrire sur ce reportage graphique apparait dans les commentaires lus sur le site. En 2008, donc, Emmanuel Lepage et Gildas Chasseboeuf ont été contactés pour participer à un projet artistique , en tant qu"acteurs dessins " . Résider dans une maison à une vingtaine de kilomètres de la zone interdite . Interdite.. sauf à ceux qui y travaillent toujours à nettoyer et tenter d'isoler, comme en témoigne un reportage russe. ( en lien)
Ils ont fait paraître tous les deux en 2012 un album de dessins intitulé Les fleurs de Tchernobyl , et une exposition a été organisée au profit de l'association les enfants de Tchernobyl.

Là, Emmanuel Lepage reprend ses dessins et revient sur le récit et la genèse du projet, du voyage et du séjour. Avec ses peurs au départ. Qui se somatisent chez lui par une lésion neurologique qui provoque une telle douleur qu'il pense ne plus pouvoir dessiner, et qui disparaîtra subitement une fois sur place. Dans le voyage en train, il lit La supplication de Svetlana Alexievitch ..
Le récit revient sur la catastrophe elle-même, son traitement par les pouvoirs divers et les médias, ce fameux nuage bien respectueux des frontières vingt ans après.
La plupart des images sont en noir et blanc, gris, un peu de sépia, elles sont magnifiques et effrayantes. Au fur et à mesure qu'il va constater que la vie subsiste, partout, les couleurs de l'aquarelliste vont apparaître.
Toutes les planches sont vraiment splendides, et après avoir beaucoup aimé également celles de son Voyage aux îles de la désolation, j'admire de plus en plus cet artiste.
Deux choses m'ont semblé importantes dans la progression du récit , du constat. D'abord il fait bien comprendre à quel point cette radioactivité qu'on ne peut que mesurer est un danger très difficile à reconnaître de façon concrète. C'est cette abstraction qui est le plus grand danger, car, au fil des jours, finalement on oublie. On en a su très vite les conséquences à l'époque, mais en 2008, seul le compteur qui ne les quitte pas lors de leurs avancées en témoigne .
Et puis.. Emmanuel Lepage, comme dans l'album précédent parle beaucoup de ses propres impressions . Et de certains endroits, du séjour, des gens qu'il y a côtoyés ( dont la population locale qui n'est pas partie entièrement) , il ne retient finalement que la vie qui se redéveloppe sur ce monde d'après. Il s'est laissé surprendre par la vie, dit-il, la vie dans ce printemps de Tchernobyl, au point de se coucher dans l'herbe très contaminée , lors d'une incursion illégale dans la zone interdite, de se laisser «  duper par les apparences". Ce qui le réfléchir sur cette réalité qu'on ne voit pas, qu'on ne sent pas. Mais qui existe. Et cette réalité-là, , c'est bien l'homme qui l'a créée..

Lien : http://lavigue.blogspot.com/..
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