Les aventures de "San Mao", présentées en français, sont sorties une semaine après le nouvel an chinois et l'ouvrage sera le livre de l'année en matière de mise en valeur d'une oeuvre du patrimoine littéraire chinois, toutes époques et tous genres confondus. C'est aussi vraisemblablement le seul ouvrage paru en 2014, venu du chinois, qui est accessible à tous ceux qui ont entre 8 et 88 ans. Il constitue un excellent support à l'approche de l'histoire et de la culture chinoise à travers son contenu iconographique.
Créé par Leping Zhang en 1935, alors que le lectorat francophone découvre les aventures de Tintin en Chine, grâce au "Lotus bleu", San Mao connaît après 200 strips une éclipse d'environ 10 ans. Il ne réapparaît qu'assez peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale en Asie, celle-ci ne prenant fin qu'en août 1945 en Asie.
On est ici dans le strip avec souvent quatre vignettes et parfois une à deux de plus. La chute est au bout de la dernière case, même s'il y a parfois continuation de l'essentiel de l'action entre deux bandes.
Le choix a ici été fait de regrouper des créations réalisées entre 1946 et 1949 autour de deux thèmes : la vie de jeune vagabond à Shanghai où on voit ce jeune d'une petite dizaine d'années exercer divers métiers comme cireur de chaussures, vendeurs de journaux artiste de cirque et par ailleurs San Mao revêtu de l'uniforme de l'armée chinoise en lutte contre les Japonais.
Le nombre de jeunes vagabonds était extrêmement élevé à Shanghai dans l'Entre-deux-guerres puis durant la guerre sino-japonaise (1937-1945). Rappelons que deux des enfants de Mao Zedong errèrent eux-mêmes plusieurs mois dans cette mégapole, après que ce dernier ait du fuir Shanghai et que son épouse ait été exécutée par les forces nationalistes. L'un sortit de cette mésaventure avec des troubles psychiatriques très importants et l'autre décéda lors de la Guerre de Corée.
Le seul reproche que l'on peut faire à cet ouvrage est de ne pas offrir une table des matières qui permettrait de retrouver rapidement à quelle page commence les deux parties de bande dessinée. Certaines vignettes comportent des écrits qui situent bien l'action, les idéogrammes sont heureusement traduits en notes. Cela ne concerne qu'environ 10% des planches ici présentes, toutes les autres restent de la BD muette. Excellent vecteur de la culture chinoise traditionnelle et très bon prétexte à des exercices d'expression écrite où il s'agirait par les mots de raconter une petite aventure, cette BD, qui se lit ici dans l'ordre de lecture occidental, a sa place aussi bien dans les CDI que dans les BCD.
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