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Citations sur La femme qui voit de l'autre côté du miroir (19)

Un ange passe dans la salle, avec un air de « que celui qui n'a jamais été glouton lui jette la première pierre». Lucie, elle, est décontenancée par cette intervention véhémente. Elle en a tellement soupé, tellement bavé. Et, au moment où elle arrive enfin à se rebeller et à oser exprimer sa colère contre sa famille et à se sentir mieux, il faut que ce soit un gros en plus qui vienne la sermonner et lui demander d'endosser ses responsabilités, de se flageller.

Mais elle en a assez de faire tous ces efforts. Qu'on arrête de la croire coupable ! Elle n'a pas fait exprès, bordel, d'être grosse ! Bon, elle veut bien reconnaître qu'elle n'est pas un ange, un modèle diététique. C'est bien elle et personne d'autre qui soulève son popotin du canapé pour aller se chercher des cookies ou un gros chocolat chaud. Toutes ces sucreries ne sont pas arrivées non plus toutes seules dans son placard. Ce n'est pas juste la publicité qui les y a conduites.

C'est elle aussi qui, d'une certaine manière, a choisi de régler ses problèmes de cette manière. Il faudra qu'elle aborde ce sujet-là avec sa psy. Qu'est-ce qui la pousse encore à jouer le personnage de la grosse ? Quelque part, en fait, cet homme a raison, et c'est rassurant d'ailleurs de reconnaître qu'elle garde un rôle dans son histoire, que tout ne dépend pas des autres.

Responsable mais pas coupable.
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Les gens n'aiment pas les gros, ni ceux qui l'ont été. Ils en ont peur. Ils représentent exactement ce qu'ils craignent de devenir. Ce qu'ils ne voudraient surtout pas être.
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—J'en ai surtout marre d'entendre que je n'ai aucun mérite d'avoir minci, sous prétexte qu'avec une chirurgie c'est facile. Les gens ne comprennent rien. Et, pourtant, ils en parlent comme s'ils savaient tout sur tout...

— C'est normal, ça remet en question leurs préjugés, continue une autre patiente, de l'autre côté de la salle. Pour certains, on est devenus gros parce qu'on n'a pas fait assez de sport ou de régimes. Ils ne réalisent pas qu'on a arrêté le sport justement parce qu'on est gros ni qu'on a grossi parce qu'on a entre autres suivi des régimes. Donc, la chirurgie, ça leur coupe l'herbe sous le pied. C'est trop facile, ça leur semble même injuste, ils voudraient que tu paies, que tu sois punie d'avoir pris ces kilos, que tu souffres pour les perdre. Comme si on ne souffrait pas assez comme ça... Quoi qu'on fasse, on gêne, on déborde.
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Un homme, la cinquantaine, s'énerve soudainement :

— Eh oh, d'accord pour analyser tout ça, mais il serait peut-être temps d'arrêter de jouer les victimes. Depuis le début de la réunion, vous accusez la société, vos parents, le sexe, les hommes, les grandes industries alimentaires, bientôt ce sera les magazines féminins, la mode, les applis... comme si cela suffisait pour nous faire plonger dans la nourriture. C'est bien joli vos histoires, mais, nous, on a choisi d'être goinfres quand d'autres préfèrent se priver de nourriture. La vérité est aussi là !

La question n'est pas d'essayer de trouver toutes les causes possibles à notre problème parce que je vous promets que la liste, elle n'est pas près d'être finie, vu la société dans laquelle on vit, mais de comprendre pourquoi aujourd'hui, toi, moi, lui, nous, on n'arrive pas à se détacher de cette souffrance. Si on est là, c'est bien pour en parler et aller mieux, non ?

Faudrait pas faire comme si, chacun d'entre nous, on n'avait pas joué un petit rôle dans cette histoire, faudrait pas nier non plus qu'on continue parfois à le jouer, même si c'est difficile de le reconnaître tellement on nous la seriné que c'étaient nous les coupables.

Remettons les choses à leur juste place et assumons un peu ! On n'est pas obligés de céder au syndrome de Stockholm et de croire religieusement les règles édictées par la société, selon lesquelles, sans corps mince, on ne vaut rien. On est des adultes, maintenant, non ?
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Parfois, elle a juste le moral à zéro : une journée éreintante au collège, un coup de téléphone désagréable, des regards méprisants, des remarques insultantes dans la rue. Alors elle s'offre des blinis tartinés de tarama ou de houmous, qui lui permettent de patienter jusqu'au dîner.
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En une nuit, pof, sont apparus arbitrairement des millions d'obèses, seulement parce que le seuil de la catégorie "normal" a été abaissé de 27 à 25. Sous la pression de compagnies d'assurances américaines, l' OMS a suivi, qui sait exactement ce qu'il s'est passé...Et hop, voilà comment on vous colle un chiffre, une étiquette en un tour de main...
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Elle leur avait bien dit ne pas vouloir de cadeau. Un simple repas en famille lui aurait suffi. C'est déjà suffisamment éprouvant.
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La drague lourde, c'est moins de la séduction qu'un rapport de forces, on le sait bien
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Un ange passe. Lucie comprend. Ses collègues doivent parler régime et calories et n'osent pas continuer en sa présence. C'est un peu comme parler à quelqu'un de course à pied alors qu'il circule en fauteuil roulant. Elle sait bien qu'à leurs yeux son poids est un fardeau. Un handicap. Une maladie. Une affection gênante. Une honte aussi.
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- René a raison. Nous, on n'a pas voulu s'en préoccuper avant qu'il soit trop tard. On n'avait pas envie, mais alors pas du tout, de faire gaffe. René et moi, on est frères. Jumeaux, si vous ne l'aviez pas deviné. Dans la famille, c'est autour de la table qu'on se réunit. De grandes bouffes, pour un oui, pour un non. Chez nous, trop manger, ce n'est pas génétique, c'est culturel. Et c'est difficile de dire non, je peux en témoigner.
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