AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Gustave Aucouturier (Traducteur)
EAN : 9782070398676
128 pages
Gallimard (03/09/2009)
3.87/5   49 notes
Résumé :
Georges et Vièrotchka se sont aimés, puis se sont perdus de vue. Lorsqu'ils se retrouvent quelques années plus tard, à Saint-Pétersbourg, il est devenu un jeune officier de la Garde, cynique et un peu cruel ; elle est mariée avec le vieux Prince Ligovskoï. Bien sûr, leurs sentiments ne tardent pas à renaître... Roman inachevé, La Princesse Ligovskoï nous offre une admirable peinture psychologique de deux jeunes mondains, ainsi qu'une brillante évocation du Saint-Pét... >Voir plus
Que lire après La princesse LigovskoïVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 49 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
La Princesse Ligovskoï de Mikhaïl Lermontov (1814-1841) est un roman inachevé et c'est bien dommage !
Lermontov le commence en 1836 mais à la suite d'une dispute avec son cousin Nicolas Stolypine, il est arrêté, emprisonné, accusé d'« appel à la révolution », puis exclu de la Garde et envoyé dans un régiment de dragons dans le Caucase où il écrira entre autres le Démon. La Princesse Ligovskoï est publié pour la première fois en 1882 dans la revue littéraire le Messager russe, bien après la mort de son auteur.


le roman débute par un accident spectaculaire et emblématique. « En 1833, le 21 décembre à quatre heures de l'après-midi » dans le centre de Saint-Pétersbourg, un jeune fonctionnaire est renversé par un traineau qui appartient à un officier de cavalerie de la Garde. le trotteur bai et le plumet blanc filent sans se retourner. Pendant que le jeune fonctionnaire rumine son amertume, l'officier qui est arrivé dans son riche palais décoré d'un luxe clinquant, oublie immédiatement ce qui s'est passé. Grégoire Alexandrovitch Piétchorine, que les siens appellent Georges, à la française, a bien d'autres chats à fouetter. Il intercepte une carte de visite destinée à sa mère et y lit , imprimé en caractères gothiques : «  le prince Etienne Stiépanovitch Ligovskoï et la princesse ». Il tressaille, il pâlit et jette la carte au feu avant de s'en repentir. le soir même, au théâtre Alexandra, Piétchorine revoit une ancienne conquête et s'empresse de l'éviter. Puis il se rend au restaurant Phénix et tombe sur Krasinski le petit fonctionnaire qui exige des excuses. Piétchorine en réponse propose de régler leur différend par un duel...

Ce petit roman est épatant. On ne s'ennuie pas une seconde. D'abord les deux intrigues sont savamment entrecroisées avec digressions et clins d'yeux au lecteur. On se demande jusqu'au bout comment vont tourner l'affrontement entre le petit fonctionnaire désargenté et le riche officier, et puis les retrouvailles sentimentales entre Piétchorine et la Princesse. Ensuite la peinture de la société mondaine pétersbourgeoise est formidable, précise et ironique. On a une galerie de portraits esquissés en deux ou trois traits saisissants et cruels à la Gogol. Les descriptions des lieux sont remarquablement concrètes et précises. Les dialogues sont fameux, dans la vie quotidienne, chez les domestiques, au bal ou au dîner. Les conversations y sont vides et pompeuses, les potins, les calomnies terribles s'enchainent avec le plus grand sérieux, au point qu'une vieille dame manque de s'étouffer avec ses asperges. Les dames ne sont pas épargnées. Piétchorine est arrogant, cruel et cynique mais aussi très complexé. Il cherche constamment à savoir ce que les femmes pensent de lui. Il est jaloux de Krasinski au physique avantageux qui fait tourner les têtes. Piétchorine feint le cynisme à la mode pour épater la galerie «c'est-à-dire être connu comme une personne capable de faire le mal quand bon lui semble » et il réprime en même temps ses véritables sentiments. Il rappelle par certains aspects Eugène Onéguine, cité en exergue ("Tire ! Tire ! crie une voix"). Il cherche à être reconnu de la bonne société et la méprise tout à la fois. le personnage de Piétchorine sera amplement développé dans le chef d'oeuvre Un héros de notre temps.

Lermontov est un immense écrivain, méconnu en France. Ce petit livre permet de le découvrir.
Commenter  J’apprécie          4529
Les princesses ne sont plus ce qu'elles étaient… l'ascension sociale, les mariages arrangés et l'importance accordée au profil social ont transformé le visage de l'aristocratie pour donner jour à des princesses dont seule l'illégitimité semble incontestable. Afin de transmettre une image de cette situation bien connue de son quotidien, Lermontov écrit dès l'âge de vingt-deux ans l'histoire de la Princesse Ligovskoï.


A Saint-Pétersbourg, au cours de la première moitié du 19e siècle, Georges retrouve Viérotchka, une ancienne maîtresse. le désarroi de la jeune femme semble immense –elle ne le cache même pas à Georges, reconnaissant avoir compromis son avenir et sa jeunesse pour obtenir un titre qui ne lui apporte finalement aucune satisfaction. Les retrouvailles s'effectuent donc sous le signe du malheur ambitieux, recoupé par le regard cynique et moqueur –insensible !- de Georges. On reconnaît derrière ce personnage le caractère du jeune auteur : son désenchantement, ses désillusions amoureuses, son goût pour l'(auto)dérision et son ambivalence vis-à-vis des soirées mondaines se confondent pour former un autoportrait dont la sincérité ne manquera de convaincre aucun lecteur.


L'histoire, si elle avait été racontée du point de vue de la princesse larmoyante, aurait sans doute été lourde, gonflée de colifichets, artificiellement éplorée ; racontée du point de vue de Georges, elle prend une tournure cruellement joviale, virevoltant de l'aversion la plus injustifiée (quoique toujours assumée) à l'humour le plus piquant. le ton est enlevé, léger, faisant la part belle aux divagations et aux considérations les plus extravagantes d'un personnage enflammé. Surtout, Lermontov réussit à prendre suffisamment de distance avec son sujet pour en faire ressortir les caractéristiques les plus notables –ouvrant ainsi une voie de communication directe avec le lecteur français du début du 21e siècle.


Bien que l'histoire soit inachevée, la frustration sera légère. Lit-on l'histoire de la Princesse Ligovskoï pour son dénouement ? Non. Mais pour la cruauté réjouissante de ses considérations –oui !


Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          293
Je m'empresse de poster mon avis sur ce petit roman de 122 pages. Commencé en 1836 et inachevé, il laissera (tout comme moi), les lecteurs sur leur faim mais peut-être est-ce là le secret de son succès ? Son auteur, Michel Lermontov, né le 3 octobre 1814 à Moscou, exilé à deux reprises au Caucase. Il est tué dans un duel en juillet 1841.
A premier abord, la princesse Ligovskoi ne laisse pas indifférent. A Saint-Pétersbourg, tomber amoureux d'une femme est chose naturelle, lui faire une cour assidue rentre dans les convenances de la société Russe, éconduire une et faire souffrir une autre est une « bataille gagnée ».
Je ne peux dire laquelle des deux femmes est à plaindre le plus car sont égales dans la douleur du coeur et même leur bourreau, le beau Pietchorine n'est pas aussi vainqueur qu'il le croit.
Je vous recommande de lire ce petit bijou, juste pour découvrir une plume aussi légère et gracile qu'une valse à Saint-Pétersbourg.
La couverture est magnifique !!!
Commenter  J’apprécie          260
J'ai aimé "La Princesse Ligovskoï" de Michel Lermontov. Ce roman inachevé nous offre une description de la société russe du XIXème siècle où Georges (dit Petchorine) et Vierotchka se sont aimés mais, suite à la mobilisation de Georges à la guerre, se sont perdus de vue.

Georges est devenu un officier de la Garde, cynique ainsi que cruel, et le jour où il retrouve Vierotchka, qui est, quant à elle, mariée au vieux prince Ligovskoï, lui avoue (implicitement) qu'il ne l'a jamais oubliée...

J'ai beaucoup aimé les descriptions complètes des personnages; l'auteur, qui emploie tout au long du roman, le pronom personnel "je" nous indique son point de vue et permet ainsi au lecteur de "s'introduire" dans cette fantastique vie mondaine de Pétersbourg.

J'ai vraiment "dévoré" ce livre même si la fin, étant ouverte, m'a laissée curieuse de connaître la suite de cette histoire si captivante !

Un très beau livre que je conseille à tous ! A lire.
Commenter  J’apprécie          180
Quel dommage que Lermontov n'ait pas terminé ce roman qui porte en lui tous les germes des grands romans à venir de Dostoïevski !

Mikhaïl Lermontov, grand écrivain de l'âge d'or de la littérature russe romantique et contemporain de Pouchkine, ne nous a laissé que les neuf premiers chapitres de ce roman déjà brillant avant de l'interrompre à peine un an après l'avoir commencé. En effet, en février 1837, il est arrêté et emprisonné pour le poème vengeur et jugé subversif qu'il a publié sur la mort tragique de Pouchkine puis est exilé sur le front du Caucase. Lermontov ne prolongera et ne terminera jamais ce roman, expliquant que "les circonstances ont changé". Bien sûr, au Caucase, c'en est fini des bals et des soirées au théâtre et c'est une vie de militaire et des combats qui l'attendent.

Avant cet exil, Lermontov a fréquenté le milieu mondain de Saint-Pétersbourg et a eu quelques expériences sentimentales plus ou moins malheureuses, qui ne lui ont pas toujours fait honneur. le romancier s'en est directement inspiré pour se livrer à une belle étude psychologique doublée d'un portrait de la vie de plaisirs et d'oisiveté que menait l'aristocratie pétersbourgeoise. le roman aborde ainsi plusieurs thématiques : l'état d'esprit superficiel de la noblesse de Saint-Pétersbourg, la lutte des classes qui oppose deux jeunes hommes, Piétchorine, oisif fortuné et détestable et Krasinski, fonctionnaire pauvre au caractère ombrageux, les amours contrariées de Piétchorine avec Vièra, les jalousies des deux anciennes conquêtes de Piétchorine...

Les figures masculines m'ont semblé être traitées avec plus de profondeur que les figures féminines. Et le personnage de Krasinski préfigure un certain type de personnage populaire dostoïevskien : un homme au coeur noble, fier et révolté, qui se bat sans moyens contre la société.

Malheureusement, la narration de la Princesse Ligovskoï s'arrête au moment même où les portraits des différents protagonistes sont bien achevés, où la haine entre les deux jeunes hommes s'est durablement installée et l'intrigue suffisamment étoffée pour nous laisser entrevoir les prémices de développements dramatiques...

Bien que le roman soit resté inachevé, Lermontov a repris son cynique héros Piétchorine pour en faire le personnage principal de son roman Un héros de notre temps, mais dans une veine plus réaliste...

Si, à l'instar de Pouchkine, Lermontov n'avait pas connu la même fin tragique lors d'un duel, quels magnifiques romans n'aurait-il pas encore écrits...

Challenges multi-défis 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Descendu du pont de l'Ascension et se préparant à tourner à droite le long du trottoir, il [le jeune fonctionnaire] entendit soudain un cri : "Attention, tire-toi de là !". Droit sur lui fonçait un trotteur bai ; derrière le cocher frémissait un plumet blanc et bâillait le collet d'une capote grise. A peine avait-il eu le temps de lever les yeux qu'un limon était devant sa poitrine et que la vapeur qui s'échappait en nuage des naseaux du coursier lui enveloppait le visage ; il s'agrippa machinalement des deux mains au brancard, et tout aussitôt un fort élan du cheval le rejeta de côté, à plusieurs pas sur le trottoir...Des cris retentirent : il l'a écrasé, il l'a écrasé ! ", des cochers s'élancèrent à la poursuite du coupable, mais ils n'eurent que le temps de voir disparaître au loin le plumet blanc.
Quand le fonctionnaire revint à lui, il ne ressentait nulle part de douleur, mais ses genoux tremblaient encore d'effroi ; il se leva, s'accouda au parapet du canal, cherchant à rassembler ses esprits. Des pensées amères s'emparèrent de son être, et à partir de cet instant il reporta des cochers aux plumets blancs toute la haine dont son âme était capable.
Pendant ce temps le plumet blanc et le trotteur bai filaient le long du canal, tournaient à la perspective Nievski, puis à la rue des Caravanes, de là gagnaient le pont Siémionovski, puis à droite la Fontanka, où ils s'arrêtaient devant un riche portail avec avant-toit et porte de verre brillamment garnie de bronze.
Commenter  J’apprécie          170
 On s’efforce vers un amour durable, vers une gloire durable, vers une richesse durable, et puis soudain… la mort, la maladie, le feu, l’inondation, la guerre, la paix, un rival, un changement de l’opinion publique –et tous vos efforts sont réduits à néant !... Quant à l’oubli… l’oubli est également inexorable aux minutes et aux siècles. Si l’on me demandait de choisir entre une minute de pleine félicité et des années de bonheur ambigu… je préférerais concentrer tous mes sentiments et ma passion sur un moment de divin bonheur, et souffrir ensuite tant qu’on voudrait, plutôt que de les faire durer indéfiniment et de les placer un à un dans les intervalles de l’ennui et du chagrin.
Commenter  J’apprécie          100
Catherine Ivanova était une dame point sotte, au dire des fonctionnaires qui servaient sous les ordres de son mari ; une femme adroite et retorse de l’avis d’autres dames d’âge ; une maman bonne, confiante et aveugle pour la jeunesse dansante… quant à son vrai caractère, je ne l’ai pas encore bien démêlé ; je tâcherai dans mes descriptions de réunir et de traduire ensemble les trois appréciations que je viens de rapporter… et s’il en résulte un portrait fidèle, je promets de me rendre à pied au monastère d’Alexandre Nievski écouter les chantres !... 
Commenter  J’apprécie          110
Durant toute sa jeunesse, cet homme ne s’était passionné de rien : ni des femmes, ni du vin, ni des cartes, ni des honneurs, et avec tout cela, pour faire comme ses camarades et amis, il s’enivrait très souvent, il s’était amouraché deux ou trois fois pour faire plaisir à des femmes qui voulaient lui plaire, il avait une fois perdu trente mille roubles au jeu quand il était à la mode de perdre, il avait compromis sa santé au service pour être agréable à ses supérieurs. Égoïste au plus haut point, il avait néanmoins toujours eu la réputation d’un bon garçon prêt à toutes les complaisances, et s’il s’était marié, c’était parce que toute sa famille le désirait.
Commenter  J’apprécie          80
Elle n'était pas une beauté, bien que ses traits fussent assez réguliers. [...] La perpétuelle mobilité de sa physionomie, contrastant visiblement avec ce que ses traits avaient d'un peu accusé, l'empêchait de plaire à tous et de plaire toujours; mais un homme exercé à suivre ces changements instantanés auraient pu y découvrir une rare ardeur intérieure, et cette constante excitabilité nerveuse qui promet tant de jouissance à un amant perspicace. [...] En la voyant pour la première fois vous auriez dit, si vous êtes un observateur expérimenté, que c'était une femme de caractère ferme, décidé, froid, croyant en sa propre conviction, prête à sacrifier son bonheur aux principes, mais non à la rumeur publique. En la voyant à la minute de la passion et de l'émotion, vous auriez dit tout autre chose, - ou plutôt vous n'auriez su que dire.
Commenter  J’apprécie          51

Video de Michaïl Lermontov (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michaïl Lermontov
My Lonely Way, texte Mikhail Lermontov, musique Elisaveta Shashina, interprète Sergeï Lemeshev
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (152) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..