AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782130495079
392 pages
PUF | Collection Perspectives (01/01/1998)
5/5   1 notes
Résumé :
Au terme d'une vaste enquête incluant les livres de souvenirs, les journaux intimes, les revues consacrées d'avant-garde, les correspondances d'écrivains et les archives d'éditeurs, les auteurs restituent les grandes caractéristiques de la Belle Époque littéraire (marché du livre, structures de diffusion, instances de consécration, formes de production, stratégies des écrivains). La précision des données recueillies, souvent chiffrées, a permis d'éliminer des anachr... >Voir plus
Que lire après La Vie littéraire à la Belle ÉpoqueVoir plus
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[Mme de Loynes] née Detourbey en 1937, d’origine modeste, avait effectué une remarquable ascension sociale en jouant de sa joliesse, de son intelligence et de ses aptitudes à la galanterie distinguée. Elle fut introduite dans l’élite intellectuelle et politique parisienne par Dumas fils, Sainte-Beuve, Émile de Girardin. Son intimité avec le prince Napoléon (« Plon-Plon »), neuveu de l’Empereur, lui fut également précieuse. Avant de mourir à la guerre de 1870, l’un de ses amants, Ernest Baroche, lui avait légué une fortune considérable. Mariée ensuite au comte de Loynes, elle s’en sépara peu après, mais garda le titre de comtesse. Sous le Second Empire, ses réceptions s’honoraient de la présence de personnalités forts célèbres, Flaubert, Taine, Renan, About, Victorien Sardou. A la fin du siècle, son salon se tenait 152, avenue des Champs-Élysées. Elle y donnait l’hospitalité à de très nombreuses célébrités du temps. Les dîners (vendredi et dimanche) étaient très raffinés et d’une ordonnace parfaite aux dires de Léon Daudet qui nous en donne la composition ordinaire : un potage, un relevé, un poisson, un rôti, un gibier, des légumes, de la salade accompagnée de pâté, divers desserts. Le même mémorialiste nous renseigne sur l’ambiance et le contenu des conversations qui suivaient.

« On sortait de table à neuf heures […] Après le repas, les dames et les non-fumeurs se groupaient au salon autour de notre amie, les fumeurs s’entassaient dans l’anti-chambre. Les habitués de la soirée arrivaient et tout de suite, tout chauds, tout bouillants, se mêlaient à la conversation, apportaient le dernier potin de la Chambre, des théâtres, de Paris en général. Il fallait fréquenter avenue des Champs-Élysées pour connaître le dessous des cartes et l’envers, comique et tragique, des événements. En même temps, il se faisait là une opinion moyenne et courante, qui devait être le lendemain, celle des principaux journaux nationalistes et simplement parisiens. »

Le salon, éclectique à ses débuts, avait évolué vers la droite boulangiste puis nationaliste, réunissant Barrès, Henri de Rochefort, Drumont, Léon Daudet, Coppée, Syveton, Déroulède. La Ligue de la patrie française, rivale de la Ligue des droits de l’homme, trouva là un centre de ralliement ; plus tard, sous le combisme, s’y retrouvaient les opposants au Bloc des gauches.
Commenter  J’apprécie          00
À la fin du siècle, le salon de la princesse Mathilde qui eut ses plus belles heures de gloire sous le Second Empire, n’a pas complètement perdu son éclat. Dans les plus réputés des salons aristocratiques affichant des goûts artistiques et littéraires figurent ceux de la comtesse de Chevigné, née Laure de Sade, rue de Miromesnil, puis rue d’Anjou, de la duchesse de Clermont-Tonnerre, rue de la Faisanderie, de Rosa de Fitz-James, de Mélanie de Pourtalès, rue Tronchet, de la comtesse Potocka. Celui de la princesse de Polignac était surtout voué à la musique. La maison la plus prestigieuse fut assurément celle de « la beauté-reine, la comtesse Greffulhe, splendide et rieuse », rue d’Astorg. De très haute naissance, Caraman-Chimay par son père, Montesquiou par sa mère, ayant des relations dans l’aristocratie européenne, suprêmement élégante, elle fut apparemment l’un des modèles de la duchesse de Guermantes. Elle fascinait d’autant plus les snobs mondains que l’accès à ses réceptions était des plus difficile. Inversement, assure Élisabeth de Gramont, « elle ne va que là où elle préside. Telle Salammbô, elle ne se montre à la foule qu’en haut des marches ou entourée de rois, s’il y en a, d’ambassadeurs et de ministres ». Loin de se cantonner à ce rôle de parade sociale, elle contribua à la diffusion des impressionnistes, organisa de grands concerts, fit connaître Caruso, Chaliapin, lança Debussy, Moussorsgsky, suggéra la construction des Champs-Élysées, introduisit les Ballets russes à Paris. Elle aida également des savants comme Branly et Marie Curie. En politique, son prestige lui permit de trancher sur son milieu en prenant partie pour Dreyfus sans en éprouver de dommage.
Commenter  J’apprécie          00
Le « Monde » est un ensemble très typé et circonscrit. Sur la rive gauche, le « noble faubourg » est limité au nord par la Seine, à l’ouest par |30| les Invalides, à l’est par la rue des Saints-Pères, au sud par le quartier Saint-François-Xavier. Les beaux hôtels occupés aujourd’hui par des ministères et des ambassades témoignent encore des fastes du passé. Certains de ses représentants, ainsi que des grands bourgeois, se sont installés sur la rive droite autour de l’Étoile.
Milieu fermé, il n’en est pas pour autant homogène car il est divisé en clans eux-mêmes étagés selon une hiérarchie. L’admission au Cercle de l’Union, boulevard de la Madeleine, qui à sa fondation se proposait de favoriser le rapprochement de la France et de l’Angeleterre, signait l’appartenance à la haute société. Plus prestigieux encore, le Jockey-Club issu du Cercle de la Société d’encouragement pour l’amélioration des races de chevaux créés par Lord Seymour, célèbre dandy sous la Monarchie de Juillet, réunissait un millier de représentants des grandes familles nobles et étrangères.
Commenter  J’apprécie          00
Bourget, au début de L’Irréparable, nous donne en 1884 une description qui n’a pas perdu sa vérité à la fin du siècle évoquant

« cette société à demi-européenne, à demi-française qui peuple la plus grande partie des hôtels situés autour du parc Monceau et de l’Arc de Triomphe, ainsi qu’un petit nombre de vieux hôtels de la rive gauche. Cette société a ses revenus bien établis, son étiquette stricte, ses galeries de tableaux authentiques, ses équipages soigneusement tenus, ses loges à l’Opéra, ses réceptions retentissantes, bref, tout un opulent décor de haute vie – et c’est bien le Monde, mais plus du tout au sens où les chroniqueurs de l’élégance auraient pris ce mot voici cinquante ans. Ce monde moderne ressemble à l’époque dont il forme l’aristocratie luxueuse. Il est, comme cette époque, mouvant et improvisé, tout contradictoire et dépourvu de tradition. La grande fortune, pourvu qu’elle ait été acquise sans trop de scandale, en force la porte, comme le talent, pourvu qu’il ne se montre pas dans son naïf égoïsme ».
Commenter  J’apprécie          00
L’influence des salons à la Belle Époque a certainement été importante bien qu’elle soit diffuse et difficile à cerner précisément. Il est évident que tous les écrivains ne les ont pas fréquentés, du moins de façon constante. À lui seul, le barrage du savoir-vivre mondain en a écarté plus d’un ! Zola n’a jamais pu le franchir ; même Proust craignait de faire des impairs… La fréquentation ordinaire de ces milieux ne dépend pas en effet du hasard mais de facteurs objectifs qui en règlent l’accès. Les hôtes les plus assidus n’y arrivent pas sans posséder des atouts sociaux, culturels, économiques qui les différencient de leurs confrères moins privilégiés. En règle générale, ils sont issus de familles appartenant au moins à la moyenne bourgeoisie. Ils sont passés par l’enseignement supérieur.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : belle epoqueVoir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3620 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}