Un roman noir assez court, un moment de lecture jubilatoire où derrière un humour noir percutant couve la menace terroriste.
Dans une ville portuaire de l'Ouest de la France, une de ces villes moyennes qui ne font pas, habituellement, la une des journaux télévisés, éclate une violente fusillade. Terreau du radicalisme à la fois religieux auprès des jeunes paumés de la cité des 800 et du nationalisme, la ville est dirigée par
le Bloc patriotique, cet évènement mettra en branle les forces de sécurité. En une nuit, la tension est à son comble, car l'inconnue règne en maître, personne ne sait vraiment à quoi s'attendre. le terrorisme ne se cache pas toujours derrière des visages barbus et il existe plus grande motivation que celles dictées par les religions.
Dans cette novella, Leroy dresse un portrait troublant de vérité de la France périphérique, presque inexistante aux yeux des élites politiques et intellectuelles parisiennes. Celle où naissent et se développent dans des esprits souvent ignorants, par manque de nourritures culturelles et intellectuelles, intégrismes religieux ou patriotiques, ou pire, simplement le dégoût de l'autre.
En même temps, nous ne pouvons reconnaître que nous ne faisons pas grand-chose pour y remédier. Souvent simples spectateurs, de l'évolution de la contamination des esprits par ces idées nauséabondes, nous nous révoltons à travers quelques publications sur les différents réseaux sociaux. Pour d'autres, le problème n'a qu'un visage, celui des musulmans. Comme le dit, à juste titre, Mokrane Méguelati, ce flic de la BAC en réponse à ceux (journalistes ou politiques) qui accusent les musulmans de France de ne pas manifester contre les islamistes : « les musulmans en France, quand ils ne sont pas parmi les victimes, ils n'ont pas forcément le temps de manifester : ils sont parmi les blessés, le personnel soignant qui s'occupe des blessés, ils sont parmi les profs qui essaient d'expliquer le lendemain aux mômes en face d'eux ce qui s'est passé, parmi les femmes de ménage qui épongent le sang du jour d'après ou parmi les maquilleuses qui refont vos sales gueules avant que vous alliez pérorer sur les chaînes d'infos continues. Ils sont même parmi les flics qui traquent les terroristes et, à l'occasion y laissent la peau. »
Cette société, si nous ne l'avons pas nécessairement voulu, nous l'entretenons, sourds à certains appels à changer. Souvent d'ailleurs, ces appels ne sont pas médiatisés, il est tellement plus télécompatible de mettre en lumière des femmes et hommes, caricatures d'eux-mêmes, qui seront très vite moqués ou qualifiés d'islamo-gauchistes.
Il y a tant à dire ce roman de pas tout à fait cent cinquante pages, que ce retour de lecture pourrait devenir interminable. Juste en conclusion, jetez-vous sur
La petite gauloise et laissez-vous emporter par le rythme jubilatoire teinté d'un humour noir intelligent que donne
Jérôme Leroy à ce récit incroyablement réaliste. Approchant les fêtes de fin d'année, si vous voulez faire une bonne action, offrez ce roman à chacun de vos proches tenté de voter pour la blonde éleveuse de chats ou pour le nouveau produit médiatique haineux.
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