Les Juifs dans l'Espagne chrétienne avant 1492

Béatrice Leroy démontre avec minutie, que dès 711, après que les Espagnols, des Wisigoths alors, soient défaits le 19 juillet 711 sur les rives du Guadalete, la logique de la Reconquista est enclenchée.
C'est la prise de conscience du morcellement des clans wisigoths ayant conduit à la victoire du chef musulman Tarik (celui du Djebel Tarik - Gibraltar) et à l'invasion de la péninsule ibérique qui entrainent certains chefs wisigoths à se regrouper dès 722 et à commencer une lente reconquête du territoire qui les conduira à Tolède en 1085.
La bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 consacre le pouvoir du roi Alphonse VIII de Castille.
Dans cette lente érosion de l'empire musulman, à son tour victime des appétits de pouvoir de ses différents chefs, les Juifs vont très vite se trouver confrontés à un choix entre d'un côté les Musulmans qui ont toléré leur religion et les Catholiques définissant la reconquête comme l'obligation d'imposer la foi catholique en chassant les musulmans du territoire espagnol, mais en exigeant désormais une allégeance de tout citoyen y vivant.
Dès lors nous explique Béatrice Leroy, l'issue ne pouvait en être que l'Edit du 31 mars 1492, chassant d'Espagne les Juifs qui n'abjuraient pas leur religion.
Histoire connue, jusqu'à son dénouement par le roi Felipe VI qui autorise par décret, (jusqu'au 31/12/2019), les descendants des Séfarades expulsés en 1492 à demander la nationalité espagnole.
Entre temps, dans les villes reconquises, l'espace géographique s'organise et définit les Aljamas ou Juderias comme des lieux ou les Juifs doivent résider. La réalité de cette organisation de l'espace est différente selon les villes et les régions. Mais comme le constate Béatrice Leroy, "Les chancelleries (...) dénomment aljamas les communautés de Juifs comme de Maures soumis après leur capitulation, (...)"
Plus tard, pour pouvoir continuer d'exercer certaines charges, les Juifs sont tenus de se convertir et l'on commence à voir dans la plupart des villes des "conversos" devenir intendants des rois, chargés de la collecte de l'impôt qu'ils garantissent sur leurs fonds personnels...
"Un seuil de tolérance est-il atteint pour la population chrétienne, qui est gérée, financée, par les Juifs, mais aussi habillée, soignée, nourrie par eux ?
La jalousie explique-t-elle seule cette marche vers le refus puis le rejet ?"
Un livre court qui se lit facilement et renvoie à une bibliographie précieuse pour le lecteur qui veut aller plus avant dans l'approche de cette question.
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Un livre à la fois synthétique et pointu qui retrace la longue présence juive en Espagne, les rapports entre les communautés au coeur des différents royaumes de la péninsule ibérique , les pratiques, les interdits, les apports intellectuels, économiques , scientifiques de cette minorité , le sort qui lui fut réservé par les rois très catholiques Isabelle de Castille , Ferdinand d'Aragon, l'édit d'expulsion du 31 mars 1492, leur déchirant exil et pour ceux qui restèrent en Espagne, hérétiques, conversos, maranes, les châtiments qu'ils eurent à subir .