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Lucrezia Lerro (Autre)Murielle Hervé-Morier (Traducteur)
EAN : 9782491404086
144 pages
Éditions des lacs (23/02/2021)
4.53/5   34 notes
Résumé :
C'est un drame féminin, sincère et passionné, sur une maladie qui dévaste le corps et l'âme. Le quotidien d'une mère désemparée et de sa fille boulimique, qui libère sa parole dans un journal intime noirci de confessions à la fois tendres et implacables.

Nous pourrons parcourir les rues d'un village refermé sur lui-même, entendre les propos malveillants de ses habitants et compter les pas que l'héroïne accomplit dans son enfer quotidien, de la cuisin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Anorexie et boulimie sont les revers d'une même maladie impliquant de se remplir de nourriture pour se vider ensuite. Dans ce court roman, la fille, en proie à ce trouble du comportement alimentaire, cohabite avec sa mère. La jeune héroïne expulse ainsi tout ce qu'elle ingurgite dans un va-et-vient incessant entre la cuisine et la salle de bains. L'enfer au quotidien pour chacune et une souffrance incommunicable, que la fille réussit toutefois à consigner dans son journal intime. En feuilletant en cachette les confessions de sa fille, la mère cherche à comprendre le drame silencieux qui se trame pour elles deux. En plein désarroi, la mère voudra aider son enfant, celle qu'elle appelle tendrement son petit écureuil. Mais que faire quand l'argent manque et que tout a un prix ?

Pour lire entre les lignes :

Cette intrusion dans ce huis clos oppressant nous transforme en spectateurs impuissants d'un mal-être intraduisible. Lors de la sortie du livre en Italie, l'écrivain Alberto Bevilacqua parlait d'un « grotesque théâtre du réel » et, concernant les intentions de l'autrice, il expliquait dans le magazine Grazia que Lucrezia Lerro ne croyait pas « en la logique ni aux conséquences de la narration, car elle manipule le lecteur avec une habileté acerbe. C'est avec mépris et ironie qu'elle impose dans son théâtre de marionnettes des situations de complaisance. On ne trouve en définitive dans le roman aucune victimisation ni même d'égarements psychiques. Il existe en revanche une froideur impitoyable dans la représentation du monde actuel « à vomir » et dans les relations avec ses contemporains. »

Ainsi, abstraction faite des difficultés économiques qui ponctuent le quotidien des deux femmes, le destin a semble-t-il distribué les bonnes cartes au petit écureuil. Avec la jeunesse, la beauté et pas mal de suite dans les idées, un chemin pavé de roses devrait s'ouvrir devant ses pas. D'ailleurs il y a bien des jours où notre héroïne est heureuse. Alors où le bât blesse-t-il ? Pour y voir plus clair, le livre s'ouvre sur une merveilleuse citation tirée de la nouvelle d'Arthur Schnitzler Mademoiselle Else : « J'aurais dû naître pour une vie insouciante ».

Un instinct presque animal pousse la mère à protéger sa fille comme une louve réagirait face à un chasseur armé jusqu'aux dents. Avec la réussite qu'on peut imaginer dans une lutte à armes inégales. « Un faux mythe de la protection maternelle. Une représentation grotesque et déformée du monde, difficile à percevoir par l'incapacité à se transcender », en conclut A. Bevilacqua. Ainsi, en filigrane de cette relation mère – fille, se dessinent les contours de la vie villageoise et sa mentalité étriquée, comme métaphore de l'absurdité du monde extérieur. Auquel le petit écureuil n'est décidément pas adapté. Car, au bout du compte, la fille est mal à la campagne comme en ville et, lors de sa parenthèse étudiante et citadine, la vie n'était guère plus facile  qu'au « pays ». Quand le petit écureuil se raconte « Je vomis un peu tout le monde. Je vomis pour la vieille, pour mon père qui n'a pas voulu de moi, pour les gens de ce trou paumé qui ne m'ont pas acceptée, je vomis pour le mal que me font les autres… », ses mots ébauchent un passé familial douloureux marqué par le désamour : père absent, grand-mère tyrannique, nouveaux morceaux de cette mosaïque existentielle qui s'emboîteront dans d'autres romans… comme un écho à l'indifférence et à l'égoïsme que doit affronter le duo mère – fille.
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Ce livre est une véritable claque en plein visage, il montre parfaitement notre impuissance face à certaines pathologies, l'amour d'une mère, l'argent, certains docteurs, rien n'y fait.
Scoiattolina (petit écureuil) souffre d'un énorme mal être qui la dévore de l'intérieur, qui a déjà dévoré sa rationalité, et qui est en train de dévorer son corps. Boulimique et anorexique elle alterne les phases où elle engloutit tout le garde manger sans aucun remords, et où elle va passer de longues heures à se faire vomir. Elle n'a aucune conscience de son attitude face aux autres, puisqu'elle vomit tout le monde, elle se vomit elle-même.
Lucrezia Lerro nous peint la réalité dans toute son horreur. La composition de l'oeuvre est double, le récit nous est livré en partie par la mère, et en partie par les écrits du journal de sa fille. On prend conscience rapidement de l'emprise du monstre sur cette jeune fille. Et on voit, comme sa mère désespérée, nos limites à pouvoir l'aider. Les maladies du trouble alimentaire sont dévastatrices et malheureusement parfois sans aucun remède. Livre magnifique.
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Lucrezia Lerro livre ici une histoire violente, terrible avec des mots crus, sincères pour exposer les maux dont souffre cette jeune fille malade et cette maman démunie. En 143 pages, l'auteure nous décrit le quotidien de ces deux femmes unies envers et contre tous, c'est difficile, c'est poignant, c'est bouleversant. Les troubles du comportement alimentaire sont dévastateurs, que ce soit pour la personne qui en souffre comme pour les personnes qui en sont témoins. Des victimes collatérales d'un mal qui met à mal une famille entière. La violence des dialogues met en avant le mal être omniprésent dans ce foyer, la douleur de se remplir pour se vider, la douleur d'y assister sans rien pouvoir faire. J'ai été bouleversée, émue. En plus de ce monstre qui se loge dans le corps et la tête du petit écureuil, les problèmes d'argent rajoutent une dose supplémentaire de malheur, au point de pousser une mère à faire des choses impossibles pour le bien de son enfant, pour la survie de son foyer.

J'ai été touchée par ces deux personnages, par leur amour mutuel, par leurs épreuves. J'ai eu le coeur serré et l'impression d'assister à chaque scène avec un réalisme saisissant. L'écriture incisive met en lumière une maladie terrible aux conséquences tout aussi dramatiques. J'ai été subjuguée par cette plume, par cette approche de ce sujet. Tantôt par le point de vue de la maman, tantôt par les extraits du journal de la jeune fille. On assiste impuissant à cette descente aux enfers et nos espoirs de guérison s'amenuisent au fur et à mesure de la lecture. J'ai été effrayé par toute cette douleur, ce mal qui gangrène deux êtres qui pourtant, tentent de s'en sortir.

L'environnement familial et les événements passés entretiennent la situation et la résilience semble s'éloigner chaque fois un peu plus. Quand une mère assiste impuissante à la destruction de son enfant, je pense qu'il n'est pas nécessaire d'avoir goûté à la maternité pour tenter d'imaginer ne serait-ce qu'un instant la souffrance que cela doit engendrer. Culpabilité, incapacité, sentiment d'isolement, peur, angoisse… Voilà de quoi est teintée la vie de ces deux femmes. Mère et fille vivent cette maladie ensemble, ne sachant pas vraiment comment s'en sortir, c'est déroutant, révoltant, on aimerait tant pouvoir les aider mais comment? Cette question n'a pour le coup aucune réponse prédéfinie, aucun mode d'emploi n'est disponible.

Ce livre est fort, c'est un récit puissant qui ne se cache pas derrière des phrases alambiquées ou édulcorées. C'est brut, c'est violent, c'est probablement nécessaire pour faire prendre conscience de l'horreur de ce trouble dévastateur. Je suis particulièrement touchée par cette lecture car elle m'a été offerte par une personne que j'aime énormément et qui m'a laissée un petit mot de petit écureuil lourd de signification. J'ai appréhendé ce texte avec beaucoup d'émotions, j'ai tourné les pages comme si je risquais de l'abîmer, de le briser, avec une grande délicatesse. J'ai voulu me sentir le plus concernée possible afin d'apporter moi aussi, une vision de cette histoire aussi sincère et réaliste que possible, pour lui rendre hommage aussi. de nature sensible, j'ai pris claque sur claque en lisant ces mots, j'ai eu les mains qui tremblaient, le coeur qui s'emballait.

La prise compulsive de quantité gargantuesque de nourriture, qui sera finalement entièrement rendue après des heures et des heures passées au dessus d'une cuvette de WC peut être choquante pour toute personne n'ayant pas vécu de près ou de loin ce trouble du comportement alimentaire. Pourtant c'est bel et bien une réalité qu'il est important d'évoquer. N'ayons pas peur des mots, Lucrezia Lerro elle, n'a pas eu peur de nous les exposer. Elle n'a pas eu peur de dire les choses telles qu'elles doivent être dites. C'était puissant, court mais extrêmement puissant. Une lecture difficile mais nécessaire.
Pour conclure

Un roman sous forme de témoignage qui a toute sa place dans l'ensemble des bibliothèques. Un roman fort, indispensable. Une plume superbe, ce fût un rendez-vous réussi avec l'auteure, elle m'a touchée en plein coeur. Si dans votre entourage vous avez quelqu'un qui souffre de cette maladie, ce livre raisonnera en vous, si ce n'est pas le cas, vous n'en serez pas moins émus. Un très bon moment de lecture même si paradoxalement il a été très difficile. Il y a des jours où je suis heureuse est à lire, par tous.
Lien : https://black-books.fr/2022/..
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Mais quel livre, quelle histoire, peut on vraiment sortir indemne de cette lecture une fois le livre refermée, je ne crois pas .

J'ai encore pris une claque en lisant ce livre, c'est une histoire fusionnelle d'une mère et sa fille, elles souffrent toutes les deux de leurs histoires, de leur souffrance et de la pauvreté.

Ce roman nous oblige a regarde en face cette maladie cette souffrance, j'ai été retournée, dévastée mes larmes ont coulées, mon ventre s'est tordus de douleurs.

Ce livre mérite que l'on s'arrête sur cette maladie ou enfin ce trouble le TCA, trouble qui touche plus de personne que ne l'on croit.

Les éditions des lacs signe encore une fois un livre poignant et une auteure bourrée de talent
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BOULIMIE, ce mot, ce mal, impitoyable et si douloureusement impénétrable. Voilà ce dont nous parle Lucrezia Lerro, auteure à succès en Italie et publiée pour la 1ère fois en France aux Editions des Lacs. IL Y A DES JOURS OÙ JE SUIS HEUREUSE est sorti ce mardi 23 Février.

Ce roman est glaçant de vérité. Il vous prend, vous lamine le coeur, que vous soyez mère…, soeur de…, frère de…, ou même soignant comme c'est mon cas. Il a l'effet et le tranchant d'une lame de rasoir. Les personnages sont mis à nu, leurs douleurs, leurs souffrances, psychiques et physiques. La maman et son petit écureuil sont des écorchées de la vie et la plume de l'auteure sert l'insoutenable qui entoure cette maladie. Tour à tour, j'ai souffert avec la maman ; voire son enfant sombrer et ne pouvoir qu'assister à ce triste spectacle. Être là mais impuissante, la peur au ventre d'avoir un geste ou une parole déplacée et déclenchant une crise. Et j'ai souffert avec ce petit écureuil, dans ces quelques mètres carrés où se trouve la cuvette des toilettes. J'aurais aimé la prendre dans mes bras, avoir les mots ; ceux que sa mère a sûrement cherchés, ceux qui l'auraient peut-être sauvée. Mais comment savoir ? Il n'y a pas seulement le présent dans leur histoire, mais tout un passé familial bien lourd et un environnement pas des plus amènes.

À la lecture, je suis retournée quelques années en arrière, infirmière remplaçante en chirurgie et les émotions, les frustrations de l'époque sont remontées. Vous me direz : quel rapport ? Eh bien, face à cette jeune fille, anorexique, avec sa « nouille » dans le nez, je me suis sentie d'une telle impuissance. Que pouvais-je faire pour elle à part l'écouter ? Et encore, je n'ai pas rencontré ses proches ! Alors pas de pansements, elle n'était pas là pour ça. Lui proposer une prise en soins psy, en chirurgie ? Un peu compliqué et surtout, complètement inadapté. Alors je l'ai vu repartir avec le sentiment de n'avoir rien pu faire pour elle. Est-elle revenue ? Je ne le sais pas. Mais ce que je sais, c'est que le système de soins dans lequel nous évoluons à un grand travail à faire pour une meilleure prise en soins des TCA (troubles des conduites alimentaires).

Même si c'est une lecture difficile, poignante et ô combien bouleversante, je trouve que ce roman met bien en lumière les difficultés inhérentes à la boulimie pour la personne atteinte, pour l'entourage, et le manque flagrant d'une prise en soins de qualité.
Merci à Lucrezia Lerro pour ce roman.
Et merci aux Editions des Lacs de nous faire découvrir ce genre de pépite.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je m’en sortirai bientôt, je vais devoir recommencer, il me faudra « digérer cette réalité » et avoir peut-être la chance de trouver quelqu’un avec qui partager ma souffrance, à qui je puisse dire : « Tu vois, depuis que tu es là, il y a des jours où je suis heureuse. Quand je mange avec toi, je ne vomis pas. »
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Personne n’a rien à obtenir de moi. En plus, c’est justement cette foutue beauté qui m’a pourri la vie. Si j’avais été moins attirante, on m’aurait peut-être acceptée plus facilement.
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Moi, je me sens tout le temps en équilibre entre la vie et la mort. Il y a des jours où je suis heureuse, d’autres où je voudrais mourir. L’ennui me rend folle. Certains jours, je me sens écrasée, sans enthousiasme, rien ne m’intéresse, je suis seule et malheureuse. La réalité devient insupportable et je ne sais pas où me réfugier, mourir, vomir...
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Je fais toujours ce que j’aimerais que les autres me fassent, mais ça a l’air si compliqué! Les gens sont si attachés à des choses dérisoires qui pèsent autant que leur solitude... Ah, si seulement ils avaient le courage de se montrer généreux et de penser plus souvent à la mort. Toi, tu y penses souvent à la mort?
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Tu vois, depuis que tu es là, il y a des jours où je suis heureuse. Quand je mange avec toi, je ne vomis pas.
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