La plus belle du monde" de
Lucrezia Lerro est un roman qui ne laisse pas indifférent. L'histoire suit Elsa, une jeune étudiante de 20 ans vivant à Florence avec son compagnon Federico, un homme violent et toxicomane. Tout bascule lorsqu'Elsa découvre qu'elle est enceinte, une grossesse qu'elle ne désire absolument pas. le roman explore les thèmes déchirants de la grossesse non désirée, de la violence domestique, de la toxicomanie, de l'avortement clandestin, et de la lutte pour la survie dans un environnement difficile.
J'ai du mal à expliquer les sentiments mitigés et les émotions mêlées dont je suis sortie de cette histoire. En fermant le livre, j'ai été en colère, pleine de compassion, et dans une incompréhension des relations humaines. Ce livre offre une plongée poignante dans la réalité d'Elsa, une jeune femme prise au piège entre ses rêves d'avenir et la brutalité de sa situation actuelle. Les sujets abordés sont difficiles et laissent une empreinte dans l'esprit du lecteur. Il n'est pas question de juger le choix d'Elsa, ni d'aucune femme de par le monde. L'avortement existe depuis des millénaires, mais ici, il y a cette forme de proximité, la réalité des violences que subit Elsa. Et c'est cette partie qui m'a le plus mis en colère. L'auteure,
Lucrezia Lerro, décrit avec une précision chirurgicale la vie en Italie du Sud, dépeignant une mentalité patriarcale et machiste qui exerce une pression écrasante sur les femmes.
Dans ce roman, l'entourage et les traditions jouent un rôle majeur dans les choix et les réactions des personnages, mettant en lumière la difficulté pour Elsa de prendre le contrôle de sa propre vie, de chercher des solutions auprès de ses parents ou même de trouver une issue à sa situation. Et il y a l'influence de Federico, un personnage que l'on déteste pour sa violence, sa toxicomanie, et son comportement manipulateur. Il m'a viscéralement prise aux tripes, car il ne s'agit peut-être que d'une fiction, mais de la réalité pour beaucoup de personnes (homme ou femme, les violences domestiques touchent tout le monde). On n'oublie pas les relations familiales du côté d'Elsa comme de Federico qui sont dépeintes avec beaucoup de pudeur.
Il est difficile de ne pas se laisser emporter par les émotions, et le comportement d'Elsa, en fonction de nos vies, de nos ressentis, de nos propres épreuves, est parfois incompréhensible, difficile à cerner ou encore improbable. Oui, j'ai été prise de tachycardie quant à sa volonté de s'occuper de cet avortement, là maintenant tout de suite. Mais au final, les réponses qu'elle a eues par voie légale étaient aussi minimes face à son anxiété grandissante. Les défis auxquels elle est confrontée pour échapper à l'emprise de Federico, elle est coincée dedans, nous, lecteur, sommes observateurs silencieux.
En bref : "
La plus belle du monde" est un livre qui suscite des émotions fortes et des réflexions profondes. Il offre une vision brutale de la réalité que peuvent vivre beaucoup de femmes, tout en abordant des thèmes universels tels que la famille, la liberté, le pouvoir, les choix et la résilience. Il offre une exploration puissante et poignante de la condition humaine dans des circonstances extrêmes. Une lecture qui marque, quelle que soit la réaction qu'elle suscite.