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EAN : 9782729119225
220 pages
Editions de La Différence (17/02/2011)
4.29/5   55 notes
Résumé :
Le texte paraît en 1920 quand Čapek a 30 ans. Le succès international de cette « comédie utopique » fait de lui l’écrivain tchèque le plus connu. R.U.R. est traduit dans une vingtaine de langues, joué de Tokyo à New-York, de Bruxelles à Tel Aviv.

Rossum, un scientifique génial, invente un robot. Ses successeurs le perfectionnent et la société Rossum’s Universal Robots commence à les produire en masse. Les Robots sont des machines capables de pens... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Dans cette pièce de théâtre, écrite en 1920, l'un des pères de la littérature de science-fiction offre à l'homme un miroir gênant.

Dans sa pièce dystopique R.U.R, Karel Capek imagine l'invention des robots au service des humains. Non seulement ses robots existent désormais, mais, de surcroit, ils portent le nom qu'il a inventé pour eux ! En effet, “rob” vient de l'ancien slave et veut dire esclave et “robota” veut dire corvée en tchèque, voilà l'invention d'un mot révolutionnaire pour les siècles à venir… la classe quoi !

“Je veux réveiller la conscience de ceux qui n'ont pas réfléchi” écrivait le poète tchèque Vítezslav Nezval. Comme son collègue, Karel Capek est engagé à gauche et fait réfléchir sur son époque et n'aura de cesse de le faire jusqu'à sa mort en 1938 quelque semaines avant son arrestation planifiée par la Gestapo.

Ces robots, parfaits, dociles, sorte de vertige de l'hubris humain, ne sont ils pas une sorte de miroir tendu à l'homme ? Leur révolte face à leurs créateurs, ils la justifient ironiquement ainsi : “il faut tuer et régner pour être comme les hommes” que peut-on leur opposer ?

Plus que les robots, reprogrammés, c'est l'homme nouveau, concept en vogue dans l'entre-deux-guerre qu'il soit soviétique ou nazi, qui inquiète l'humaniste qu'est Capek. Un homme tout au service d'un collectif, dont l'humus intime pour reprendre le mot de Robert Musil, labyrinthe et toile de soie d'émotions n'est plus utile à la fonction productive.

Seul moyen d'empêcher la révolte unifiée des robots ? En faire des êtres de couleurs et de langue différentes, sorte de mythe de Babel revisité. C'est aussi le mythe Homérique que revisite Capek, Hélène Glory comme Hélène de Troie est le grain de sable dans la machine, celle par qui la guerre arrive.

“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.” le rêve d'une société se reposant sur la technique pour effectuer les tâches les plus ingrates, est aujourd'hui largement débordé, les robots prennent en charge nos activités industrielles, ménagères, mais aussi intellectuelles, récréatives et même affectives… Bientôt ChatGPT s'inscrira-t-il sur babélio ? Ou commenterons-nous ses oeuvres ?

Qu'en pensez-vous ?
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Connaissez-vous celle là ?

C'est l'écrivain Karel Capek qui va voir son frère Josef dans son atelier...
- Dis, Jojo, j'ai une bonne idée pour une pièce de théâtre...
- Eh bien, écris la ! grommelle Josef; parce que quand on est en train de peindre, on n'aime pas être dérangé.
- Oui, mais je cale pour trouver un nom pour ces bonhommes artificiels, tu sais... je pensais d'appeler ça un "labor", mais ça me paraît un peu trop littéraire... enfin, j'en sais rien !
- Alors, appelle ça un "robot" ! grogne Jojo à travers le pinceau coincé entre ses lèvres. - Et fiche moi la paix, maintenant !

Voici, paraît-il, comment le mot "robot" (qui vient de "robota", ces travaux forcés du 17ème, quand le peuple tchèque était sous le joug de son maître austro-hongrois) a vu le jour.
La pièce "R.U.R" (Rossum's Universal Robots) a été jouée pour la première fois en 1921; pour être reprise avec succès par BBC pendant l'année critique de 1938 qui a vu la signature des accords de Munich.
Une pièce dramatique qui s'inscrit dans la lignée de la philo-SF de Capek, avec "Krakatite", "La guerre des salamandres" ou "La fabrique d'absolu".

L'histoire est simple - une usine qui gagne des millions en fabriquant les robots qui soulagent les hommes dans leur tâches quotidiennes. À tel point que l'humanité devient oisive et désoeuvrée - et elle utilise cette intelligence artificielle pour se faire la guerre. Mais, peu à peu, les robots se mettent à penser, eux aussi, tout en adoptant les sentiments typiquement humains, y compris la vanité, l'orgueil et la soif du pouvoir.
Et l'invention se retourne contre son créateur...

Je ne vous révèle pas la fin, je vais me contenter de dire que cette pièce-avertissement n'exprime pas seulement les craintes pour l'humanité d'être happée par une quelconque "machinerie" (technologie, guerre), mais montre aussi l'espoir et la foi inébranlable en l'esprit et l'intelligence de l'homme.
Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas...
Mais si, un jour, les machines font tout à notre place, nos cerveaux ne vont-ils pas se rouiller au point de ne plus être capables d'une moindre déduction, analyse ou synthèse par nous mêmes ? Faute de n'avoir rien d'autre à faire, n'allons nous pas faire n'importe quoi ?
Mais non... nous sommes suffisamment raisonnables !

Capek a toujours fait partie de mes écrivains préférés. Son style est tellement simple; un peu comme un gentil grand-père qui vous raconte des histoires. Mais avec quelle richesse du vocabulaire et quel humour philosophique !


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RUR est une pièce de théâtre de science-fiction tchèque de 1920. Elle est connue pour son invention du terme "Robot".

L'histoire est aujourd'hui éculée. Les robots, fatigués d'être utilisés comme des esclaves, se retournent contre leurs créateurs. C'est une allégorie ouvrière, Capek était marxiste.

L'originalité tient dans son retournement final. *Alerte : divulgâcheur* :

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"R.U.R." est une comédie utopiste en trois actes et un prologue.
Elle est signé Karel Tchapek et traduite du tchèque par H. Jelinek.
Elle a été représentée, pour la première fois, sur la scène de la Comédie des Champs-Élysées, le 26 mars 1924, sous la direction de Jacques Hébertot.
"Travail à meilleur marché".
"Le Rezon's Robot, 150 dollars la pièce."
"Qui n'a pas son Robot ?"
Sous ces grandes affiches imprimées à droite sur le mur, Domin est assis, sur un fauteuil tournant, devant un grand bureau américain.
Face à lui, se tient Hélène, la fille du président Glory.
Si elle s'engage à ne dire à personne la moindre chose - la fabrication de l'homme artificiel est le secret de la maison - le directeur général de "Rezon's Universal Robots" lui en fera voir plus qu'aux autres...
Les robots sont sans volonté propre, sans passion, sans histoire.
Sans âme, sans amour et sans révolte, cela va de soi.
Les robots n'aiment rien, ni eux-mêmes.
Quand à la révolte, de temps en temps seulement, il arrive qu'ils aient une "crise de rage", une sorte d'épilepsie.
On appelle ça "la convulsion des robots" !
Soudain, l'un d'eux flanque tout ce qu'il tient dans les mains par terre, se met à grincer des dents.
Il faut le mettre à la broyeuse.
Un défaut d'organisme, paraît-il.....
Ce beau morceau de théâtre est assurément un texte fondateur d'un des thèmes principaux de la science-fiction moderne.
"L'âme commence-t-elle par un grincement de dents ?"
Dans le prologue, les robots sont habillés comme tout le monde.
Dans le corps de la pièce, ils portent des blouses en toile, serrées par des courroies avec des plaques de cuivre, portant un numéro.
Il y a quelque-chose de sec, de cassant, dans leurs mouvements et dans leur prononciation.
Leur visage est sans expression. leur regard est fixe...
"R.U.R." est un véritable récit d'anticipation articulé, pour la scène, en une brillante pièce de théâtre.
Elle ne perd rien à sa lecture, ni de sa puissance, ni de sa justesse.
Elle a peu vieilli.
Empreinte de philosophie, elle se révèle, de par un style d'écriture efficace mais élégant, assez littéraire.
Elle est, aujourd'hui encore, un passionnant morceau de scène.
Pour la première fois, en 1920, apparut le mot "robot"....
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Karel Čapek est un important écrivain tchèque de la première moitié du 20em siècle. Il a pratiqué différents genres littéraires : roman, conte, récit de voyage, journalisme même, et il a connu ses succès parmi les plus importants au théâtre. Sa pièce, voire son oeuvre la plus connue, en particulier en dehors de son pays, est sans conteste R.U.R (Rossum's Universal Robots).

La pièce est jouée à Prague en 1920, et traduite dans une vingtaine de langues. Elle est par exemple jouée à Paris en 1924 au théâtre Hébertot, avec un accueil très favorable. Un mot inventé par l'auteur pour les besoins de sa pièce va lui assurer la survie : le mot robot, provenant d'un mot signifiant travail de force en thèque va entrer dans le vocabulaire mondial et ne plus le quitter. Il n'a d'une certaine façon jamais été aussi d'actualité que de nos jours.

Nous sommes à une époque non clairement définie, dans une île, dans l'entreprise R.U.R qui fabrique et commercialise des robots. Dans le prologue, une jeune femme, Hélène, arrive dans l'île avec l'envie de visiter les usines, et surtout pousser les robots à demander un meilleur traitement. Domin, le directeur général la reçoit (elle est la fille d'un célèbre politicien) et tombe amoureux d'elle. Il lui raconte l'histoire de son entreprise.

Le grand précurseur, Rossum, vise à recréer la vie, récréer l'homme pour montrer que ce dernier peut se passer de Dieu. Il n'y arrive pas vraiment, mais un de ses neveux, le jeune Rossum, reprend ses travaux et crée le robot, une machine, capable de faire n'importe quel travail, mais qui ne ressent pas, ne pense pas par elle-même. Elle est programmée pour fonctionner environ vingt ans avant de s'arrêter.

La ressemblance du robot avec l'être humain, pousse certains à y voir un être à part entière. Hélène fait partie de ces personnes. Elle épouse Domin, et incite le Dr Gall, à introduire des modifications amenant les robots à penser par eux-mêmes. Ils sont de plus en plus répandus et utilisés par les hommes, qui en viennent à ne plus travailler. Ils sont aussi utilisés pour la guerre. Et un jour ils se révoltent contre les hommes, poussés par les nouveaux modèles modifiés par le Dr Gall. Ils éliminent les hommes et encerclent la maison dans l'île où sont réfugiés les membres de l'équipe du R.U.R. Domin pense négocier avec eux, avec les documents Rossum, qui donnent les formules de la fabrication des robots. Mais Hélène les a brûlés.

Karel Čapek a écrit plusieurs oeuvres que l'on pourrait qualifier d'anticipation ou de science fiction. Mais il s'agit toujours pour lui d'y introduire des interrogations philosophiques, sur la nature de l'homme, sur ses choix politiques et sociétaux qui entraînent des conséquences qui peuvent être désastreuses pour lui. L'ironie, presque voltairienne, est toujours plus au moins présente dans ses oeuvres, même si Karel Čapek demeure un optimiste et un humaniste, et l'espoir est toujours au final présent, même dans les récits les plus sombres.

R.U.R. n'est pas à mon sens son oeuvre la plus aboutie et intéressante, même si elle reste agréable à lire et présente des questionnements toujours d'actualité.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Etrange, cette fin de l'homme qui n'arrête pas la marche de l'avenir.
Pourtant le paradoxe n'est qu'apparent.
Carel Capek n'est pas, en effet, un prophète de désespoir.
Tout au contraire.
Une humanité ne disparaît que pour être remplacée par une autre humanité qu'elle a créée à son image. Grâce à l'amour que celle-ci découvre en même temps qu'elle acquiert la faculté de se reproduire.
Le symbole garde toute sa puissance de message empreint d'idéalisme, en notre temps d'automatisation, sans que rien, cette fois, soit à changer dans cette comédie utopique où apparut, pour la première fois, en 1920, le mot "robot".
(introduction à l'anthologie "Quatre pas dans l'étrange" du "Rayon Fantastique" signée, en 1960, Georges H. Gallet)
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- R.U.R. - Comédie utopiste en trois actes et un prologue de Karel Tchapek.
Les personnages sont :
- Harry Domin, directeur général des usines "Rezon's Universal Robots"
- Ingénieur Fabry, directeur technique des usines R.U.R.
- Docteur Gall, chef de la section physiologique et expérimentale des usines R.U.R.
- Docteur Hallemeier, chef de l'institut pour la psychologie et pour l'éducation des robots
- Consul Busmans, directeur commercial de R.U.R.
- Alquist, architecte en chef de R.U.R.
- Marius, robot
- Radius, robot
- Primus, robot
- Damon, robot
- Hélène Glory
- Hélène, robote
- Nounou
- Sylla, robote
- un domestique robot et la foule des robots

La pièce a été représentée, pour la première fois, sur la scène de la Comédie des Champs-Elysées, le 26 mars 1924, sous la direction de Jacques Hébertot....
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ALQUIST :
- Le vrai crime, c'est d'avoir fabriqué des robots.

DOMIN :
- Que voulez-vous dire par là ?

ALQUIST :
- Le vrai crime, c'est d'avoir fabriqué des robots.

DOMIN :
- Non, Alquist, je ne le regrette pas. Même pas aujourd'hui.

ALQUIST :
- Même pas aujourd'hui ?

DOMIN :
- Même pas aujourd'hui, le dernier jour de la civilisation. C'était une grande chose.

BUSMAN, à mi-voix :
- Trois-cent seize millions.

DOMIN, avec émotion :
- Alquist, c'est la dernière heure de notre vie. Nous parlons déjà presque de l'autre monde. Avouez que c'était un beau rêve, de libérer l'homme de l'esclavage. Du travail dégradant et dur, de la sale corvée qui tuait. Alquist, les gens travaillaient trop durement, ils travaillaient mal. Et les libérer...

ALQUIST :
... n'était pas le but des deux Rossum. Le vieux était obsédé par ses inventions monstrueuses et le jeune par ses millions. Et ce n'est pas le but non plus de vos actionnaires. Ils ne rêvent que de dividendes. L'humanité périra à cause de leurs dividendes.
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DOMIN, fâché.
- Leurs dividendes, je m'en fous. Vous croyez que j'ai travaillé pour leurs dividendes ? (Il tape sur la table.) Non, j'ai travaillé pour moi, pour mon plaisir ! J'ai voulu que l'homme devienne maître de l'Univers et qu'il ne vive pas seulement pour gagner son pain. J'ai voulu qu'il soit autre chose qu'un simple abruti devant une machine qui ne lui appartient même pas. Oh, je déteste l'humiliation et la douleur, je déteste la misère ! J'ai voulu... j'ai pensé...

ALQUIST
- Quoi ?

DOMIN, plus doucement.
- J'ai voulu que les hommes deviennent la noblesse de la Terre. Souverains, libres, indépendants... Mieux que les hommes ordinaires...

ALQUIST
- Qu'ils soient des surhommes.
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On entend les sirènes de l’usine.
DOMIN : Il est midi. Les robots ne savent pas à quel moment on doit arrêter de travailler. A deux heures, je vous montrerai les pétrins.
HÉLÈNE : Quels pétrins ?
DOMIN, sèchement : Les cuves où est malaxée la pâte pour mille robots à la fois. Puis il y a des pétrins à foie, à cerveau, et cætera. Je vous montrerai aussi l’atelier des os. Et la filature.
HÉLÈNE : Quelle filature ?
DOMIN : La filature de nerfs. De veines. La filature où on déroule des kilomètres et des kilomètres de tube digestif. Puis cela passe aux ateliers d’assemblage. Vous savez, c’est comme une chaîne de production de voitures. Chaque ouvrier place une pièce et ça passe à l’autre ouvrier, puis au troisième et ainsi jusqu’à la fin. C’est le plus intéressant à voir. Ensuite le produit va aux séchoirs et au dépôt où on le laisse travailler.
HÉLÈNE : Comment ? Ils travaillent déjà au dépôt ?
DOMIN : Non, je me suis mal exprimé… ils travaillent comme travaille le bois de nouveaux meubles, par exemple. Ils s’habituent à leur existence. Comment diras-je, leurs organes se cicatrisent. Certains organes se mettent encore en place. Vous comprenez, il faut laisser un peu de temps à leur évolution naturelle. Et en attendant, on les charge.
HÉLÈNE : Comment ça ?
DOMIN : C’est la même chose que l’école chez les humains. Ils apprennent à parler, à écrire, à calculer. Comme ils ont une mémoire sans faille, vous pouvez leur lire vingt volumes d’une encyclopédie et ils vous répéteront tout dans le même ordre. Mais ils n’inventent jamais rien. Au fond, ils pourraient très bien être professeurs dans les universités. Ensuite, se font le tri et l’expédition. Quinze mille pièces par jour, si je ne compte pas un petit pourcentage d’exemplaires défectueux qu’on envoie à la casse… Voilà, voilà.
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