Voilà bien un roman inattendu ! On comprend naturellement tout de suite que l'on ne va pas être dans le western romantique des années 50, tout à la gloire des pionniers, certes un peu rudes mais courageux et, pour la plupart, droits. Non, on sait très vite que l'on va avoir les pieds dans la fange, que ça va sentir fort, que c'est chacun pour sa peau !
On suit trois trames d'histoire, sans savoir ni quand ni comment elles vont se retrouver et se mêler. Assez rapidement, Batholomew et Ezequiel se rencontrent et s'adoptent. le premier est conscient de ne pas être suffisamment préparé pour mener à bien seul son aventure et effectuer le trajet de New York jusqu'à Sacramento. le second a passé sa vie à attaquer des banques et des chercheurs d'or, il a tué plus de raison, mais prétend vouloir se racheter une conduite.
Évidemment, à la première occasion, alors que Bartholomew se fait kidnapper par quatre hommes qui ne lui veulent pas du bien, le premier réflexe d'Ezequiel, c'est de sauver sa peau. Mais, finalement, il revient sur ses pas, et parvient à libérer le jeune hollandais de ses liens. Dès lors, leur sort semble lié !
L'histoire, finalement, comme pour tout western, est très simple. Trois hommes cherchent à se procurer ce qui leur tient le plus à coeur. Et, pour y parvenir, ils sont prêts à braver le froid, la pluie, les loups et les grizzlis, l'adversité… L'essentiel, c'est de survivre. Et d'avancer, de préférence droit devant.
Mais, ce qui est beaucoup moins simple, évidemment, c'est que ce sont des hommes. Avec leurs envies, leurs rêves, leurs désirs, leurs égoïsmes, leurs cachotteries. Et en cela, ce n'est pas un western, c'est une histoire de vie.
Il y a des fulgurances, dans ce livre, qui nous tirent des sourires, ou qui nous font réfléchir. Ezequiel, on le découvre vers la fin, aurait pu devenir banquier en Écosse, mais il a choisi, comme Bartholomew plus tard, de vivre l'aventure. Et une partie de sa philosophie de vie nous est donnée par l'auteur : « Il avait préféré tenir le flingue pour de bon, plutôt que de spéculer sur des entreprises de vente d'armes. Il lui avait semblé devenir plus humain en embrassant l'autre côté de la loi. Il se voyait, lui, Princeton, comme une sorte de Robin des Bois » (p. 164). Et, en effet, est-on plus humain en se tenant à distance des réalités, en ne jouant qu'avec des chiffres, sans se sentir comptable de la réalité qui se dissimule derrière ces derniers, ou en se confrontant à la vraie vie ? La question mérite d'être posée.
Ce livre plutôt bref, en tout cas au vu des standards actuels (220 pages) se lit bien. Et l'on apprécie de se laisser surprendre à la fin. Alors, envie d'aller rôder avec des pionniers à peine dégrossis ? Cet Ezequiel Princeton se propose d'être votre guide !
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