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EAN : 9782377290741
192 pages
édition poche (17/01/2019)
4.03/5   15 notes
Résumé :
"La prison doit cesser d'exister. En ce début du XXIe siècle, elle reste un vestige d'autres temps et d'autres moeurs. Elle demeure avec son cortège de misère et de haine. Espace de la non-vie et du non-droit, cet archaïsme barbare reste un lieu de destruction systématique de l'individu. II faut modifier les esprits, toucher les causes profondes qui font qu'elle demeure, alors que le constat de son échec n'est plus à faire." Si l'on devait analyser la prison à l'aun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Riche réflexion, aux arguments qui font mouche, et aux références bibliographiques complètes qui viennent confirmer avec efficacité ces arguments, que celle de Jacques Lesage de la Haye, lui-même emprisonné, pendant plus de dix ans, dans les années 1950-1960, sur la nécessité d'une abolition pure et simple de la prison, en ce qu'elle n'est qu'une façon pour la société de se protéger de l'Autre, plus qu'un désir de lui permettre de se réintégrer, après sa peine, à cette même société.

En effet, les chiffres parlent d'eux-mêmes : à quoi sert un système qui pousse à la récidive dans au moins 60% des cas, qui emprisonne au moindre petit délit, dès lors que l'on est socialement pauvre ou marginal, alors que des alternatives permettraient, pour les plus petites peines, d'éviter et la surpopulation carcérale, et le cercle vicieux de la récidive qui s'installe en prison pour ces mêmes petites peines ? Comment un tel échec est-il encore acceptable ?

Proposition est faite d'abolir la prison, mais pour mieux proposer des solutions qui, au lieu d'aliéner le prisonnier, le rendant à terme inapte à un retour serein dans la société, lui permettraient de continuer à faire partie de la société, afin de lui faire "purger sa peine" autrement. Solutions pertinentes, parfois déjà mises en pratique, notamment au Mexique, et aussi en France.

Une lecture édifiante, qui ne fait que confirmer à quel point la fameuse petite phrase de Victor Hugo est, encore aujourd'hui, d'une grande justesse...
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Victor Hugo disait : « Être en prison pour un crime n'empêche pas de commencer un autre crime ».
Avec une densité carcérale qui dépassait les 118 % en août 2022 en France, un total de 125 personnes détenues qui se sont suicidées dans les prisons françaises la même année et lorsqu'on sait que près de la moitié des détenus récidivent dans les deux ans qui suivent leur sortie de prison, il y a vraiment de quoi se poser des questions et Jacques Lesage de la Haye sait de quoi il parle puisqu'il a été lui-même incarcéré à l'âge de 17 ans…
Il a raison, la prison ne soigne pas, elle détruit. Et Victor Hugo aussi a raison, la prison est faite pour tuer à petit feu. Oui, la prison a montré ses limites et il est temps d'aller vers d'autres solutions…. Oui, mais lesquelles ?
Il existe déjà tout un panel de mesures permettant aux « petits » délinquants de purger leur peine hors de la prison. Des peines de substitution à la prison sont mise à la disposition des juges : travaux d'intérêts généraux, aménagements de peine avec surveillance électronique, mesures éducatives avec placements en centres éducatifs fermés pour les mineurs, etc…
Sans parler, des suivis psychologiques et psychiatriques qui sont dispensés au sein même des établissements pénitentiaires ou dans des hôpitaux. Les détenus bénéficiant d'une réduction de peine ou d'une libération conditionnelle peuvent toujours continuer à en bénéficier, à condition qu'ils acceptent de s'y soumettre. Et pourtant rien n'y fait, la criminalité ne cesse d'augmenter, c'est un constat d'échec…
Et pourtant, je continue à penser que « L'abolition de la prison » n'est qu'un leurre, une utopie et que les méthodes proposées par ce psychologue-écrivain-psychiatre ne résoudront pas les problèmes actuels, au pire, elles ne pourront que les aggraver.

Ce qui me dérange dans les propos de l'auteur ce sont ses positions politiques extrémistes, anarchistes dont il fait état tout au long de son ouvrage et auxquelles je n'adhère en aucune façon. Les solutions proposées me semblent d'ailleurs tout aussi irréalistes dans nos sociétés modernes.
Contrairement à ce qu'il martèle à longueur de pages, je reste persuadée que ce n'est pas tant la pauvreté qui est responsable de cette situation de déliquescence dans laquelle sombre notre société mais bien plus l'absence de l'autorité parentale et/ou de l'éducation nationale, toutes deux des instances trop souvent démissionnaires qui n'assurent plus correctement leurs rôles éducatifs auprès de la jeune génération, laquelle se retrouve très vite en perte de repères et parfois en grande souffrance morale…

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Je qualifierais ce livre d'essai sociologique sur les raisons qui peuvent nous pousser à reconsidérer les structures carcérales et leur efficience.

Depuis quelques temps, je m'interroge sur le véritable but et la véritable efficience des prisons... Ont-elles vocation à punir un individu, ou alors à cacher et endiguer un problème ?

Ce livre penche nettement pour la deuxième solution. En effet, Lesage de la Haye est un ancien prisonnier, ayant passé 11 ans en prison. Il a entamé des études de sociologie dans cet endroit, et a pu abreuver son livre de références qu'il n'a pu inventer.

Il explique qu'en sortant de prison, le taux de récidive est de plus de 50%. Au delà de ça, le taux de suicide en prison est 7 fois plus élevé, 49 fois plus élevé en isolement (« mitard »). La prison tue et ne guérit pas, puisque les délinquants recommencent. Alors que faire ?

L'auteur mais également les autres auteurs qu'il cite, tels qu'Angela Davis, ou encore Kropotkine, ne sont pas à court d'idées. Assignation à domicile, contrôle judiciaire, bracelet électronique, centres spécialisés... Leur idée est de procéder à une rééducation de ses délinquants. Dans la majorité des cas, l'auteur a observé que c'étaient la précarité, l'isolement, le rejet, la solitude, le chômage qui poussaient à commettre une infraction.

Ce n'est donc pas leur rendre service que de les « punir ». Mais, que fait-on des meurtriers, violeurs, terroristes, bref des gens foncièrement dangereux pour la société ? Ces derniers représentent 5% de la population carcérale, à savoir 3000 à 4000 personnes. Mais quid des autres ? Une institution seulement efficace a 50% et parfois même destructrice, peut-elle encore perdurer en l'état ?

Je vous laisse vous faire votre propre avis, mais peu importe vos croyances et engagements personnels, ce livre est très intéressant et devrait être lu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La prison doit être déconstruite pour n'être jamais reconstruite. (12)
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