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EAN : 9782848051741
141 pages
Sabine Wespieser (05/02/2015)
3.72/5   80 notes
Résumé :
"J’ai trois ans. Un homme qui me paraît immense entre dans la minuscule cuisine de l’appartement rue du Souci à Poitiers, me prend dans ses bras, je ne l’ai jamais vu. Ma mère me demande de l’appeler papa. C’est mon père."
Des années après la mort de son père, dont l’apparition s’impose dès les premières phrases de son nouveau roman, Michèle Lesbre tente de se réconcilier enfin avec son "intime étranger", ce père qu’elle a si peu et si mal connu.
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 80 notes
Depuis "la petite trotteuse" et à chaque nouveau roman de Michèle Lesbre, je suis délicieusement bercée par son écriture lumineuse, aérienne et d'une mélancolique beauté.

Le temps qui passe, la mémoire, le voyage façonnent une oeuvre en partie autobiographique.

Avec "chemins", Michele Lesbre nous invite à l'accompagner dans ses rêveries au gré d'un lent voyage sur un chemin de halage au bord de la Loire.
En route pour rejoindre la nouvelle maison de ses amis, elle ne prend pas une ligne droite mais des sentiers buissonniers qui la ramènent vers les images de son enfance au lieu-dit "le Pommier", à la maison de ses grands-parents et au souvenir tremblant d'un père qu"elle a connu mais dont elle ne sait rien "un intime étranger".

Less souvenirs parfois douloureux sont atténués par la tranquillité paisible de la campagne où elle rencontre des gens simples et chaleureux : une vieille femme et son chien qui font paître les vaches " Dans la transparence de l'air, je croyais voir des images d'un étang familier au bord duquel de longs après-midi m'avaient appris la douceur de l'ennui, même si le temps me paraissait trop lent, car j'étais alors une petite fille", un éclusier charmeur et un couple de mariniers amoureux qui l'invitent à dériver dans leur péniche.

Au fil de son vagabondage, la narratrice n'est pas seule, un chien qu'elle adopte sur son chemin l'accompagne et surtout un livre qu'un inconnu avant son départ avait ravivé à sa mémoire en même temps que sa silhouette lui avait semblé étrangement familière. Ce livre plein de fantaisie et de gaïeté est "Scènes de la vie de bohème" d'Henry Murger que lisait son père quand il était jeune homme, "un souvenir de jeunesse" pour lui dont il ne lui a jamais parlé et qui ressemble si peu à l'homme austère qu'elle a connu.

Après tant d'années d'attente et sur le chemin de son enfance, la narratrice est prête à le lire comme si enfin son père ouvrait son coeur.


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Que j'aime l'univers secret, nostalgique de Michèle Lesbre! Et son écriture délicate !

Chemin d'une enfance à retrouver, dans la maison campagnarde des grands-parents. Un lieu de bonheur ensoleillé. Loin des disputes des parents.

Chemin de halage, le long du canal, où rêver en contemplant le miroitement de l'eau, où voguer sur la péniche amicale, en compagnie d'un chien .

Chemin de traverse, à la rencontre éperdue du père, cet " intime étranger", source de douleur et de manque.

Chemins de vie, multiples, égarés, retrouvés, magnifiés par les mots. Émouvants.

Chemins sur lesquels j'ai aimé accompagner la narratrice... Empruntez-les. Ils sont la beauté même.

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Michèle Lesbre nous entraîne dans une dérive au fil de ses souvenirs qui remontent à la surface grâce à des rencontres par lesquelles elle se laisse guider, rencontres qui vont la ramener vers son père et lui permettre de le reconnaître.
« Il me fallait mettre de l'ordre dans toutes ces images qui me hantaient depuis des années, des images enfouies dans le silence. »

Pour se rapprocher de lui, elle vagabonde au fil de pensées buissonnières entre les pages d'un livre « Scènes de la vie de bohème » d'Henry Murger, sur les berges d'un canal où elle occupe une chambre de l'hôtel des voyageurs, ou à bord d'une péniche.
« Il me semblait que le jeune homme qu'il avait été, ou plutôt celui que j'imaginais en lisant Murger, m'aurait plu, beaucoup, que je l'aurais aimé. C'était d'autant plus troublant que les hommes qui avaient compté pour moi jusque-là ressemblaient à ces bohèmes, leur fantaisie, leur amour de la vie, à ce qu'il était peut-être lorsqu'il baguenaudait dans Paris, avant de devenir un homme rugueux et désenchanté. J'en étais bouleversée. »

De belles rencontres vont jalonner ce retour vers le passé : Un éclusier, plein de fantaisie et de charme, lui conte l'histoire qu'il aurait aimé vivre comme ancien pêcheur à la morue au large de l'Islande, un couple qui la prenne sur leur péniche « Minette » où elle nous confie :
« Je m'installais dans l'étirement du temps, son infinie douceur sous un ciel pur. La première écluse m'évoqua le marin imaginaire, je me souvenais de nos baisers timides, de nos corps timides. Il avait le goût de la vie et sentait l'herbe chaude. Pas de buvette près des écluses que nous franchissions. Avais-je tout inventé ? »

Toute la beauté de ce livre vient de ce bercement entre rêve et réalité, où l'eau est tout au long présente. On en sort un peu engourdi et étranger au monde qui nous entoure, baignant dans une douce mélancolie.
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Depuis « Écoute la pluie » et «  le canapé rouge » j'aime l'univers secret , un peu lent, poétique en diable, nostalgique de Michèle Lesbre.

Elle retrace avec grâce les chemins sur lequel les personnes l'ont accompagnée, ces moments trop courts, définitivement disparus, les images anciennes enfouies qui se superposent à celles du présent , le flou du souvenir, ses petites ruines intimes..

Trouver des réponses semble être la quête essentielle de ce texte aux chemins buissonniers , vagabonds et doux qui la ramènent en arrière ..

Elle y rencontre un homme qui lit « Scènes de la vie de bohème »d'Henri Murger, toujours sur le bureau de son père, cet incompris , qu'elle a si peu connu, cet «  intime étranger » , un vrai mystère pour elle...suit un canal, fait de belles rencontres , revient dans la ville R de son enfance ...

Son écriture lente, expressive , aérienne , lumineuse , d'une beauté mélancolique accompagne les êtres enfermés dans leurs conventions étriquées de l'époque, ces lieux disparus , cette nostalgie du temps savamment modulée sur l'univers culturel de l'auteure , ponctué de discrètes références .

Cet ouvrage est un monologue doux qui se nourrit d'une façon buissonnière du cheminement de la mémoire, nostalgie du temps perdu, fine et sensible petite musique intérieure d'un passé embué qui parle à l'âme du lecteur.

Quête universelle et intime des chemins de vie, des origines , du père , cet inconnu rêvant jeune homme de la vie de bohème mélancolique, bouleversante..

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Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- 26 novembre 2022

***Très joli moment d'évasion ,de tendresse envers les êtres , la belle Nature et ces drôles d'animaux que sont les Écrivains...!


Après la riche, dense et dure lecture de " Mustiks.Une Odyssée en Zambie", j'ai fortement apprécié ce texte buissonnier de Michèle Lesbre...qui m'a offert un immense bol d'air sur les bords de la Loire, auprès de quelques personnages fort sympathiques dont des Mariniers...sans omettre l'omniprésence magique de la Littérature et des livres !

Une auteure dont j'apprécie beaucoup la plume ainsi que sa petite musique toute personnelle, poétique, tendre et mélancolique....

Dans ce roman, je fus attirée par les thèmes où la Littérature et les écrivains occupent une place de choix.
La narratrice ( l'auteure ?) observe un homme à une terrasse de café, plongé dans un livre ...et pas n'importe lequel : " Scènes de la vie de Bohème " d'Henri Murger: ouvrage culte de son père. Choix paternel l'ayant toujours intriguée, tant il lui semblait éloigné de l'univers de son père, tourmenté, sombre, distant, rigoureux...elle décide de relire ce roman, espérant comprendre la personnalité complexe de ce Père si impressionnant !

Sur ce, des amis lui prêtent quelques jours leur nouvelle maison, non loin de l'ancienne, où ils ont passé avec toute une bande de copains de fréquents séjours, pendant les années de leur jeunesse....
Cette plongée dans le passé augmente la montée des souvenirs, d'autant que c'est une région où elle a vécu avec parents et grands-parents...

Une échappée buissonnière de quelques jours où elle fait de nouvelles rencontres lumineuses : un ancien marin au long cours, devenu éclusier, un couple de vieux mariniers , toujours amoureux et complices, passionnés par leur dur métier....sans oublier un adorable chien s'attachant aux pas de notre narratrice...Et la fameuse relecture des " Scènes de la vie de bohème " de Murger....qui l'aide à imaginer la jeunesse et les rêves enfouis de son père !

La narratrice ne manque pas de rendre hommage aux auteurs qu'elle admire et affectionne: Alexandre Vialatte, Jean-Claude Pirotte..., Paul Gadenne, etc.

De très belles descriptions remplies de poésie et de couleurs...du Canal, de l'eau et de la Loire !....

"Je ne pensais pas qu'il mentait, ce qu'il inventait de sa vie me touchait parce qu'il me le donnait, c'était peut-être ce qu'il y avait de plus intime en lui, et j'aimais qu'il me le confie.J'ai ajouté que les rêves sont aussi ce que nous sommes, même si cela ne se voit pas. (...)
Je pensais à mon père vantant l'art de vivre de Murger, auquel il avait sans doute renoncé mais qui pourtant l'avait habité toute sa vie, comme un rêve impossible et nécessaire. "

La nature, les animaux, l'amour de la Littérature, de la compagnie humaine, bienveillante, amicale, le tout saupoudré de quelques rêveries nostalgiques, et vous aurez la lecture idéale, en accord avec l'automne, les châtaignes grillées et le feu de cheminée !

"Je lis assise près de la fenêtre qui donne sur le jardin sévère de mon père, il est un peu flou derrière les rideaux à volants.J'aime follement les horizons chahuteurs de Vialatte, ils transforment la traversée des jours ordinaires en joyeuses péripéties, en questionnements salvateurs, et mettent la pagaille dans l'alignement des espaliers.C'est brillant, féroce et plein d'humour, parfois d'une singulière gravité. Parfois même, je m'interromps, entraînée au-delà des barrières du Jardin par cette écriture dont la liberté me fascine. "


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critiques presse (2)
Lexpress
10 avril 2015
En quête d'un père disparu, Michèle Lesbre emprunte les chemins buissonniers de la mémoire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
18 février 2015
On progresse en funambule dans les détours de ce pèlerinage au charme flottant, ému par la finesse et la limpidité cristallines du texte, bouleversé par cette rencontre d'une femme et d'un père, à jamais « intime étranger ». Touché aussi par cette légère distance au monde qui semble, pour la première fois, s'installer. Il y a tant de beauté dans ce livre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
A Country,Martin et moi étions souvent ensemble. (...)Ses nuits étaient courtes, il écrivait aussi des textes politiques que nous lui refusions la plupart du temps, trop bavards, trop romantiques, trop naïfs, ajoutait Simon.Je lui confiais en cachette que je les aimais, ses textes, ils étaient empreints de ce qui me plaisait dans nos projets, leur côté esthétique, la société harmonieuse et libre que nous voulions.Ses grands- parents avaient fui le fascisme dans les années vingt et il semblait porter cet exil comme un héritage douloureux. Le souvenir de sa silhouette fragile m'évoquait soudain Didier, le personnage des " Hauts - Quartiers " de Paul Gadenne, la même soif d'une grandeur impossible.

( p.23)
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Je lis assise près de la fenêtre qui donne sur le jardin sévère de mon père, il est un peu flou derrière les rideaux à volants.J'aime follement les horizons chahuteurs de Vialatte, ils transforment la traversée des jours ordinaires en joyeuses péripéties, en questionnements salvateurs, et mettent la pagaille dans l'alignement des espaliers.C'est brillant, féroce et plein d'humour, parfois d'une singulière gravité. Parfois même, je m'interromps, entraînée au-delà des barrières du Jardin par cette écriture dont la liberté me fascine.

( p.80)
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J'ai soulevé le chien dans mes bras, il était lourd, chaud, je le serrais en enfouissant mon visage dans sa fourrure, dans cet état d'exaltation qui parfois me transporte au-dessus des mots que je ne trouve pas pour exprimer ces moments radieux où le corps exulte, où il n'est plus dans la retenue, l'apparence, où une joie secrète se déploie dans le silence' il n'y a pas de mots pour ces instants-là. (P94)
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Il y avait plusieurs mois que je n'étais pas montée dans ce train qui, dès la sortie de la ville, se faufile dans une campagne douce et calme que je voyais sans doute pour la dernière fois. Je connaissais toutes les gares qui jalonnaient ce parcours et me les récitais comme une sorte de refrain qui reste en mémoire parce qu'il ouvre des horizons perdus.
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Lorsque la photographie de mon père est apparue sur sa table de nuit , je n’ai posé aucune question, je pensais qu’elle avait sans doute besoin de lui pour poursuivre un chemin, celui qu’ils n’avaient jamais trouvé ensemble. C’est sans doute ce même chemin sur lequel ils m’accompagnent.
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Vidéo de Michèle Lesbre
https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser 5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser. Questions posées par Morgane Ollivier. Réalisation : Ronan Loup.
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