Nuit bleu marine

Fake News, manipulations politiques, populisme des notions que l'on entend un peu partout depuis quelques années.

Ces thèmes sont au coeur de ce roman policier de Philippe LESCARET, nuit Bleu Marine.

Nous sommes en 2017 la campagne électorale bat son plein, la candidate de Parti Nationaliste surnommée l'héritière caracole en tête des sondages avec son discours de haine de l'étranger, du tous pourris (sauf elle bien entendu) et de manipulations de l'opinion, de sous-entendu faisant appel à ce qu'il y a de plus sombre dans l'âme de la population, que certains appels «peuple», je n'aime pas le terme car le peuple veut dire un ensemble mais dans nos sociétés les individus sont tellement divers et variés que le mot «peuple» me semble inapproprié voire dangereux.

Une preuve de plus que le genre policier est un genre littéraire d'une grande richesse.

Ce n'est, cela va sans dire, que mon humble avis.

Le demi de mêlée de l'équipe de rugby de Pau est abattu par un snipper en plein match. Quelques jours plus tard, un chanteur lyrique de renom est victime du même tireur alors qu'il prenait le train après un concert placé sous haute protection. L'arme utilisée est un fusil d'assaut de l'armée française, dont plusieurs exemplaires ont été récemment volés. La peur, puis la colère, s'installent sur Pau, attisées par les déclarations péremptoires de l'Héritère, qui représentera l'extrême-droite aux prochaines élections présidentielles.
La policier Yann Loubeyres tente de démêler les fils de l'énigme entre petits malfrats, soupçons d'islamisme, radicaux d'extrême-droite, bourgeoisie locale, et services de police et de gendarmerie dont les objectifs, au-delà de la mise hors d'état de nuire du tireur, ne convergent pas totalement...

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce polar, que d'aucuns qualifierons de régional, mais qui est bien plus que ça à mes yeux :
- d'abord, j'ai aimé le style et l'écriture, qui savent allier simplicité, fluidité, et profondeur des sentiments ;
- ensuite, j'ai trouvé courageux, et surtout réussi, d'écrire tout le texte à la première personne, par la voix de l'enquêteur principal. Cela ne nuit pas du tout au rythme du texte, où rebondissements et ruptures de style entretiennent l'intérêt ;
- enfin, j'ai apprécié l'analyse des nombreuses causes qui peuvent conduire un individu aux actes violents décrits dans le livre : xénophobie, religion, histoire personnelle récente ou ancienne, etc.
Est-il encore nécessaire que je rappelle que Nuit bleu marine est pour moi un très bon polar ?
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..

Polar social et aussi régional l'auteur arrive à nous plonger dans les méandres nauséabondes des extrêmes.... Surfant sur les élections il nous entraîne dans les coulisses pas très reluisantes des campagnes politiques. Dans cette ville du sud-ouest ( région qui m'est totalement inconnue ce qui n'aide pas beaucoup...) un tireur isolé tue une première fois pendant un match de rugby. L'incompréhension est totale et la terreur va s'emparer des habitants lors du deuxième meurtre. La haine monte autant que le racisme , les esprits s'échauffent et l'Héritière, comme nommée dans le livre fera tout pour échauffer les esprits qui n'en ont pas besoin. Fake news, blog orienté, policiers opposés aux gendarmes.... On suit l'enquête au plus près, entre les différents services aux sigles compliqués.
le titre m'avait vraiment fait envie, j'attendais un roman plus politique mais c'est un policier efficace, à l'enquête méticuleuse. Chacun en prend un peu pour son grade. Les personnages sont bien campés et l'atmosphère est vraiment nauséabond...
J'aime bien cette collection de polars régionaux " du Noir au Sud". Des histoires vraiment noires..
Merci à Babelio pour cette masse critique et aux éditions Cairn pour cet envoi.

Avec un titre et une couverture pareils, ce livre aurait pu être un pamphlet politique déguisé, mais il n'en est rien. On est bien sur un bon vieux polar efficace qui se déroule dans le monde d'aujourd'hui, avec juste ce qu'il faut de politique et de mesquinerie, d'insécurité et de misère humaine, mais sans s'appesantir sur des réalités trop crues de la vie. Ce n'est pas non plus un roman noir et ultraviolent, bien qu'on sente confusément, au gré de la lecture, une espèce de menace planante et permanente. Mais peut-être est-elle due à l'insidieuse influence du Voldemort de l'histoire, celle que l'auteur se refuse à nommer autrement que « l'Héritière » ?

Pour résumer l'intrigue : nous sommes en 2017 à Pau, pendant la campagne présidentielle. Trois soldats de Vigipirate se sont fait voler leurs fusils d'assaut dans leur voiture de patrouille, alors qu'ils déjeunaient chez MacDo. L'une de ces armes de guerre n'est pas retrouvée. Un tueur fou s'en sert pour assassiner un joueur de Rugby, un artiste et un entrepreneur local. le Lieutenant de police Yann Loubeyres et ses collègues sont évidemment sur le coup et doivent faire vite, avant que le tireur ne récidive et ne plonge la ville dans la panique et le chaos. le suspense, très bien amené dans un style épuré, est tenu jusqu'à la toute dernière phrase du roman et tous les protagonistes (ou presque) passent par la case suspect.

Philippe Lescaret, livre une enquête trépidante aux chapitres courts et concis se terminant presque à chaque coup par un cliffhanger. Il dépeint toute une galerie de personnages typiques du genre : le flic qui ne vit que pour son métier, son collègue alcoolique et aigri, un gradé parachutiste taiseux et psychorigide, un commissaire aux motivations troubles ou Diego, le gitan filou mais sympa… Sans oublier le traditionnel indic de la cité, voleur de scooters à ses heures, ou encore un blogueur facho amateur de fake news, un survivaliste violent et dérangé ou un ex-bidasse en syndrome post traumatique armé jusqu'aux dents, le tout sur fond de montée de l'extrême droite et de racisme de plus en plus décomplexé, exacerbés à l'approche des élections.

Pourtant, "Nuit Bleu Marine" ressemble plus à la photographie d'une époque, la nôtre, prise en plan large, qu'à une caricature… À lire !

Une enquête en plein sud ouest sur fond de campagne électorale. Je ne suis pas spécialement attiré par les polars mais je suis satisfait de ce roman que j'ai lu sans difficultés. Une bonne intrigue et pas de longueurs inutiles.
Je remercie Babelio et les éditions Cairn pour ce livre reçu dans le cadre de masse critique.