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Critique de som


« Niloufar » s'ouvre sur un serment non tenu. Celui de deux provinciaux qui rêvent de conquérir la capitale. A la veille de leur départ, Amir décide finalement de rester. Kamir partira seul à l'assaut de Téhéran. Il trouve refuge chez sa tante Zahra, une ex-vedette de cinéma. Censurée par le régime islamique, elle loue une partie de son immeuble pour survivre. Peu à peu, Kamir y découvre une ribambelle de personnalités aussi variées qu'intrigantes : le jeune homosexuel Babak, la mystérieuse madame Safoureh ou l'inquiétant sieur Najifian. On ne peut s'empêcher de penser alors à l'immeuble Yacoubian du romancier égyptien Alaa al-Aswany. Sur son campus universitaire, Kamir croise le regard de Niloufar, une jeune et belle femme, indomptable, fille d'un député et néanmoins pilote de course. Coup de foudre immédiat. le voilà entraîné dans un Téhéran interlope, pourtant toléré par les autorités. Et pour cause ! Rien de mieux que l'alcool, le sexe et la drogue pour contenir une jeunesse rebelle et éviter ainsi qu'elle manifeste dans la rue ?
Un jour, Kamir ramène son ordinateur à la maison. Sans en avoir vraiment eu l'intention, il offre ainsi une nouvelle soupape de liberté à sa petite bande. Internet leur ouvre alors les portes de tous les possibles. Vie virtuelle pour mieux supporter la vie réelle ? A ce « jeu », les Iraniens sont champions du monde ! Ebay, You Tube et autre Meetic révolutionnent joyeusement tous les étages. La fête sera de courte durée. Babak disparait du jour au lendemain, Niloufar est cernée par la police. La réalité reprend durement ses droits. Fin de partie.
Au-delà de l'intrigue, «Niloufar » revisite une partie de l'histoire iranienne contemporaine : la fin de règne du Shah, le fol espoir soulevé par la révolution de 1979 puis retombé comme un soufflé une fois les mollahs au pouvoir, la guerre contre l'Irak, surnommée guerre au million de morts. Avec beaucoup de drôlerie, l'auteur nous plonge dans la vie quotidienne tant absurde que schizophrène de milliers d'Iraniens. Alors, bien sûr, il y a quelques longueurs (les transcriptions des tchats) et des maladresses. L'idylle Kamir-Niloufar n'est pas réellement crédible. Les principaux personnages sont des figures emblématiques un peu trop appuyées : Niloufar pour la liberté des femmes, Babak et Zahra comme symbole de la répression contre les homosexuels et les artistes, etc... Mais je chipote, je pinaille, car ils sont surtout très attachants. Autant le dire tout net, j'ai laissé, avec beaucoup de regret, Kamir s'en aller vers son destin, car ce roman raconte aussi le passage vers l'âge adulte.
Enfin, il faut aussi souligner le tour de force de l'auteur, Ron Leshem, de nationalité israélienne. Il s'est glissé, de façon magistrale, dans la peau de la jeunesse iranienne. Il a su également traduire les espoirs et les angoisses d'un peuple considéré comme l'ennemi par son gouvernement. Impressionnant et porteur d'espérances !
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