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EAN : 9782743622770
260 pages
Payot et Rivages (05/10/2011)
3.67/5   15 notes
Résumé :
Le Voyageur enchanté Sur le lac Lagoda, les passagers d'un bateau sont intrigués par un étrange personnage à l'allure colossale. Ils le convainquent bientôt de leur raconter ses aventures, si incroyables qu'ils ne sauront jamais si tout y est vrai. Né serf, tour à tour dresseur de chevaux, vagabond, soldat et moine, Ivan Sévérianitch Flaguine est le jeu d'un destin qui le confronte aux grandes interrogations sur la justice, la foi et la sainteté. Le Voyageur enchant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nikolai Leskov. Representant de commerce pour une firme anglaise, il a roule sa bosse dans tous les territoires du Tzar, soumis ou dissidents. Il a frequente toutes les ethnies. Il a pu percevoir toute la richesse du pays et toute sa misere. Et il nous restitue tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a entendu, dans ses ecrits. Le voyageur enchante en est un bel echantillon (n'est-ce pas le mot qui convient a ce representant?).

D'autres editions titrent Le vagabond ensorcele. Moi je prefere celui que lui a donne son premier traducteur, Victor Derely, en 1892. C'est dans cette traduction, gracieusement mise a la disposition de tous lecteurs par La Bibliotheque Russe et Slave, qui l'a revisee sans l'estropier, que je l'ai lu. Elle a garde tout son parfum. Tout l'art, un peu suranne, du delicieux conteur qu'etait Leskov.

C'est un moine vagabond qui raconte sa vie a un auditoire fortuit navigant sur le lac Ladoga (pres de Saint Petersbourg). Fils de serf, il apprendra pres de son pere a s'occuper de chevaux, et a en dompter les plus sauvages. Au fil du temps, chasse du domaine de son maitre, il errera un peu partout, au service de differents "barines" et "remonteurs" (marchands?) de chevaux; il aura plusieurs fois affaire a des tsiganes, se faisant voleur pour le compte de l'un, et plus tard se faisant plumer par d'autres. il sera captif chez des Tatares pendant une dizaine d'annees; ceux-ci lui donneront plusieurs femmes, selon leur coutume, a qui il fera des enfants qu'il abandonnera sans reticence ni remords; il aimera par contre a la folie une petite tsigane aux yeux de feu et a la voix de sirene, qu'il finira par tuer, a sa demande expresse; son souvenir le poursuivra longtemps et le poussera en fin de compte a se faire moine; entretemps il se sera enrole dans l'armee a la place d'un conscrit et s'y conduira en heros, par defi, par mepris de son existence; il aura toujours ete demuni mais jamais a plaindre; il n'aura jamais eu a manger pour son poids, mais il aura toujours bu plus que sa contenance. Un pauvre here. Un heros du petit peuple.

Leskov ecrit en une langue fleurie, sans trop d'efforts de style, qui convient au personnage qui se raconte. Son livre est celui d'un conteur populaire, capable de s'attacher son audience des heures durant. Tour a tour amusant, effrayant, emouvant et ironique, mirobolant, fantasmagorique, entremelant le veridique et l'incroyable, il enivre. Ou plutot il incite a se ruer dans le traktir (auberge) le plus proche pour s'empiffrer de kacha ou de tolokno (bouillie d'avoine) pour un piatak de cuivre ( = 5 kopecks) et se noyer dans une eau de vie d'epluchures de pommes de terre pour un rouble d'argent. Ce n'est que comme cela que la vodka devient eau de vie de poemes de terre. Exactement comme ce livre. Un poeme de terre. Sur la grande terre russe et sur ses habitants, qui la boivent jusqu'a la nausee.
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Ce voyageur enchanté est d'abord un voyageur enchanteur, qui captive son auditoire, les passagers d'un navire. Tout le monde a le temps, et demande donc à cet homme singulier, ce moine au physique de colosse, de lui raconter sa vie. C'est donc un récit à la première personne, pas un dialogue, car le moine n'est interrompu que par de rares relances des spectateurs captivés, à la fin de chaque chapitre.
Ce Narrateur est un personnage enchanté, au sens propre : des éléments de fantastique, ou plutôt de merveilleux, apparaissent dans le récit par petites touches, le tirant vers le conte. le personnage a ainsi été perdu sa mère à la naissance elle qui le désirait tant, ce qui en fait un homme spécial, un moine mort revient le hanter et prophétise différents moments de sa vie, il rencontre un magnétiseur qui l'hypnotyse, il est littéralement protégé par un ange gardien - ou plutôt une ange gardienne, et il rencontre des fées et des diables - certes, de pacotille, au théâtre.
On lit donc un récit d'apprentissage teinté de merveilleux, à la tonalité picaresque et pittoresque le personnage est le fils d'un cocher, pauvre et peu instruit, qui accumule les rencontres dans différentes couches de la société. J'ai trouvé ma lecture cependant assez longue, car plutôt répétitive, une accumulation de péripéties avec des personnages secondaires qui se succèdent.
Cependant, ce récit s'inscrit dans un contexte, celui de la Russie de la 2nde moitié du XIX ème siècle, mais depuis ses marges, pas depuis ses villes. le personnage est donc aussi un voyageur qui se déplace, de la steppe au Caucase, rencontrant différents peuples qui sont peu à peu intégrés dans la Russie impériale, malgré les différences de langues et de religions. J'aurais aimé que cet aspect social, ethnographique même, soit plus creusé.
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(...)
C'est un classique que j'ai plutôt apprécié. le narrateur raconte sa vie, c'est une succession d'aventures qui se passent au 19e siècle dans la Russie tsariste. ça se rapproche du roman picaresque: un héros plus ou moins naïf, haut en couleurs, à qui il arrive un tas de trucs plus improbables les uns que les autres.

Le plus étant que c'est assez court, donc ça se lit vite et on n'a pas le temps de s'ennuyer. ça peut être un bon point de départ pour découvrir la littérature russe classique sans se décourager en allant directement vers Tolstoï ou Dostoïevski ^^

Le roman est précédé d'un essai, que je n'ai pas lu avant de peur d'être spoilée et que je ne suis pas sûre de lire maintenant, parce que je trouve que l'histoire se suffit à elle-même.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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le plaisir de retrouver un auteur de la Grande époque russe, t hélas avec une traduction qui date ce qui m'a un peu gâché le plaisir, car certaines tournures étaient trop énigmatiques,. Sinon, on a affaire à un personnage rocambolesque qui a vécu 1000 vies, vraies ou fausses, qu'importe, le tout est de se laisser emporter. Contrairement à certains de ses contemporains, il sait faire parler les petites gens ce qui apporte un autre éclairage sur l'époque. une belle évasion.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Aucun des autres passagers se fut encore aperçu de sa présence. Jusqu’à ce moment il avait gardé le silence et nul n’avait fait la moindre attention à lui, mais alors tous le regardèrent, surpris, sans doute, de ne l’avoir pas remarqué plus tôt. D’une taille colossale, cet homme avait un teint basané, un visage ouvert et d’épais cheveux frisés auxquels l’âge avait donné la couleur du plomb. Il portait la soutanelle des novices, avec la large ceinture de cuir en usage dans les monastères, et sa tête était coiffée d’un haut bonnet de drap noir. Était-ce un novice ou un profès ? Il aurait été impossible de le dire, car, en déplacement et même chez eux, les moines de ces îles sont loin de porter toujours la calotte et se contentent le plus souvent du bonnet. Notre nouveau compagnon de voyage qui, comme la suite nous l’apprit, était un personnage fort intéressant, paraissait avoir dépassé de quelques années la cinquantaine, mais c’était, dans toute l’acception du mot, un hercule : son extérieur rappelait le héros naïf et débonnaire des légendes russes, le vieil Ilia Mourometz, tel que celui-ci figure dans le beau tableau de Verechtchaguine et dans le poème du comte A.-K. Tolstoï. Il ne semblait guère fait pour porter la soutane ; on se l’imaginait plutôt chevauchant à travers bois, des chaussures de tille aux pieds, et humant paresseusement « l’odeur de la résine et de la fraise dans la sombre forêt de pins ».
Mais, nonobstant cette bonhomie et cette simplicité, il ne fallait pas être fort perspicace pour découvrir en lui un homme ayant beaucoup vu et, comme on dit, « beaucoup vécu ». Parfaitement à l’aise en société, son attitude était aussi exempte de timidité que de sans-gêne, et ce fut d’une agréable voix de basse qu’il prit la parole :
— Tout cela ne signifie rien, laissa-t-il négligemment tomber, mot par mot, de dessous ses épaisses moustaches retroussées à la hussarde. — Je n’admets pas votre opinion que les suicidés ne seront jamais pardonnés dans l’autre monde. Et quant à croire qu’il est inutile de prier pour eux, c’est aussi une erreur, car il y a un homme qui peut, de la façon la plus simple et avec la plus grande facilité, améliorer leur position.
On lui demanda quel était cet homme qui savait améliorer les affaires des suicidés après leur mort.
— Je vais vous le dire, répondit l’hercule en soutane. — Il y a dans l’éparchie de Moscou un petit prêtre de campagne, — un fieffé pochard qui a été sur le point d’être interdit, — eh bien ! c’est lui qui s’occupe d’eux.
— Comment donc savez-vous cela ?
— Mais je ne suis pas seul à le savoir ; la chose est connue de tout le monde dans l’arrondissement de Moscou, attendu que l’éminentissime métropolite Philarète a lui-même été mêlé à cette affaire.
Il y eut un instant de silence, puis quelqu’un observa que tout cela était assez sujet à caution.
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Eh! dans notre village, on s'apprete en ce moment a celebrer la Nativite: on plume des oies et des canards, on tue des cochons, on cuit du chtchi bien gras, bien onctueux. Accompagne des sacristains et des seminaristes, le pere Ilia, notre desservant, un bon, un excellent petit vieillard, ira bientot chanter des noels chez ses paroissiens. Tout le clerge sera gris, le pere Ilia lui-meme ne sait pas porter la boisson: chez le seigneur, le majordome lui offrira un petit verre; l'intendant, a son tour, le regalera. Au sortir de la, le pere Ilia aura deja beaucoup de peine a se tenir sur ses jambes. Dans la premiere maison du village il boira bien encore un peu d'eau-de-vie, mais a partir de ce moment il aura son compte et, partout ou il ira ensuite, il versera le contenu de son verre dans une bouteille qu'il porte sous sa chasuble. Jamais, en effet, il n'oublie sa famille, et, pour la nourriture, c'est la meme chose: s'il apercoit quelque friand morceau, il dit: Mettez-moi cela dans un journal, je le rapporterai a la maison. D'ordinaire, on lui repond: Nous n'avons pas de journal, batuchka. Il ne se fache pas, il prend tout bonnement l'objet, le fourre tel quel dans sa poche, sans l'envelopper d'aucun papier, et le rapporte ainsi a sa femme...
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