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sur 150 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Oser…

Oser prendre le risque de passer pour un Bordelais - ce qui semble t-il, sera toujours mieux que de passer pour un Parisien ou un Charentais ! – en avouant que je ne connais de ce pays de l'Océan, que ce que les estivants croqués par Yan Lespoux en perçoivent. C'est-à-dire rien, ou à peu près.

Et pourtant, comment se fait-il qu'à chacune de la trentaine de nouvelles de Presqu'îles, je me sois senti chez moi quand il me parlait de chez lui ? le talent probablement… Celui de réussir à transposer dans un univers pourtant étranger, tous ces petits marqueurs personnels et souvent universels, qui te font replonger direct dans ton passé, ta jeunesse, ton pays, ton identité.

Voilà, le mot est lâché. Malgré ses activités professionnelles, Lespoux n'est pas un auteur régionaliste comme j'ai pu le lire ailleurs, assez maladroitement : c'est un auteur identitaire et il rend à ce mot la noblesse qui lui sied, honteusement confisquée par tant d'autres. Des Parisiens sans doute…

« Il est là parce qu'il y est bien et pour rien d'autre » (Un jour parfait). « Il se dit que l'on n'est décidément jamais mieux ailleurs que chez soi » (Jamais mieux que chez soi). En peu de mots, simples, tout est dit. Naître, vivre et mourir chez soi. Partir parfois. Revenir toujours.

Mais là où Yan Lespoux excelle, c'est quand il parle des gens, des « vrais gens de la vraie vie ». Il n'écrit pas sur eux : il jette un regard affectueux et quasi-amoureux sur ceux qui pourraient être ton père avec qui tu as tant de mal à parler, ta grand-mère Madeleine (de Proust), ton voisin avec qui tu t'engueules jusqu'au prochain apéro, l'autre con de Roger qui fait chier tout le monde au bistrot (mais bon, le bistrot sans Roger, ça ne serait plus le bistrot) ou tes copains chasseurs avec qui tu n'es jamais brocouille de moments d'amitié partagés.

L'art de la nouvelle, Yan Lespoux l'a assurément : il soigne ses attaques, installe son cadre en quelques lignes, maîtrise habilement la concision et t'abandonne dans ses chutes, à la punchline qui tue ou au prolongement qu'il fait naître.

Une fois n'est pas coutume, je ne me suis pas jeté sur ces textes en lecteur affamé que je suis généralement. Je les ai distillés lentement durant un mois, au rythme d'un par jour et en parallèle d'autres lectures. Comme un roudoudou dont tu ne voudrais jamais qu'il finisse. Si je n'ai pas forcément retrouvé tous les cousinages américains convoqués par le Corre dans sa jolie préface, j'ai furieusement ressenti la filiation d'ambiance avec Maupassant, qui ne peut que faire sens pour Le Normand que je suis.

Les Français n'aiment pas les nouvelles paraît-il…
Les Français devraient lire Lespoux !
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Pour débuter l'année, les éditions Agullo ont décidé de varier leur catalogue en intégrant une nouvelle collection au format court où ils accueillent Yan Lespoux, un nouveau romancier qui inaugure cette collection en nous proposant avec Presqu'îles un recueil de nouvelles tournant autour d'une région du Médoc bien éloignée des châteaux prestigieux et des chais opulents entourés de vignobles plusieurs fois centenaires pour nous entrainer du côté d'une terre plutôt pauvre, composée de forêts de pins, de marécages et bordée de dunes se désagrégeant dans l'écume des vagues de l'océan. Pour ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la littérature noire, Yan Lespoux n'a rien d'un inconnu puisqu'il anime avec Encore du Noir, un blog de référence dont les brillantes chroniques vous invitent à découvrir polars et romans noirs qu'il commente depuis plus de dix ans et dont certains articles sont publiés dans des revues telles que Marianne, Alibi et 813. Et lorsqu'il n'écrit pas, Yan Lespoux trouve le temps pour animer des rencontres d'auteurs dans des librairies ou des salons dédiés au genre ce qui fait que l'on ne s'étonnera pas de trouver au gré de la trentaine de nouvelles composant Presqu'îles toute une variation d'histoires aux nuances plus ou moins sombres dans lesquelles évoluent des individus qui façonnent ce territoire au gré de leurs péripéties insolites.


Dans ce coin du Médoc, même le Bordelais est un étranger qui doit fermer sa gueule. On ne parle même pas du Charentais. Quant aux parisiens on les croise parfois en lisière de forêt à la recherche de leur chien tout aussi paumé que leur maître. Dans ce coin du Médoc on garde jalousement secret ses coins à ceps et tout le monde semble affubler d'un surnom. Dans ce coin du Médoc on fait de drôles de rencontres la nuit lorsque l'on va pêcher clandestinement ou que l'on part en expédition pour piquer la marijuana d'un cultivateur. Gare aux coups de fusil. Sur les plages de ce coin du Médoc on contemple à marée basse l'épave du navire échoué qui vous a amené dans la région pour fuir la guerre civile en Espagne et on attend le premier noyé qui marque le début de la saison comme l'ouverture des cabanes à chichis. Dans ce coin du Médoc on désaile les canards et les mecs qui en veulent à vos économies. On règle les problèmes de cambriolage à sa manière. Gare aux crises cardiaques. Dans ce coin du Médoc on drague les filles, on va à un concert improbable des Pogues et on se balade dans la région en enjambeur. Dans ce coin du Médoc, on boit plus de Ricard que de pinard et on se raconte des histoires qui s'estompent dans la fumée du grill et le murmure sourd des hommes qui se rassemblent.


On le dira avec d'autant plus d'assurance et de fierté qu'il s'agit d'un ami, Presqu'îles est un formidable recueil de nouvelles qui célèbre la terre d'enfance d'un auteur possédant un indéniable talent de conteur qu'il restitue par le biais d'une écriture à la fois sobre et pudique. Avec plus d'une trentaine d'intrigues, Yan Lespoux nous invite donc à découvrir ce Médoc méconnu qu'il affectionne par le prisme d'une galerie de personnages hauts en couleur qui vous feront tantôt sourire, parfois frémir et souvent grincer des dents avec cette propension à la chute caustique qui caractérise bon nombre de ses récits. Immanquablement on retrouvera une forme de noirceur dans la plupart de ces nouvelles qui se manifeste plus particulièrement dans Moisson où l'on suit les péripéties de deux voleurs de plants de marijuana poursuivis par un cultivateur particulièrement psychotique ou dans Cambriolage avec un quincailler qui fait sa propre justice et surtout dans Sécurité Routière où deux autonomistes basques font preuve d'un excès de prudence qui se révélera particulièrement dramatique. Outre la noirceur, on appréciera le mordant d'une ironie grinçante qui saisit immanquablement le lecteur touché par la fine mécanique subtile de récits extrêmement concis et par l'atmosphère remarquable émanant d'un territoire à la saisissante beauté que Yan Lespoux sait dépeindre à la perfection à l'instar de cette introduction figurant dans Rencontre : "Les pins ont été éclaircis et la lumière du fin croissant de lune suffit à faire ressortir les deux lignes de sable blanc qui traversent les dunes en direction de l'océan dont on entend le grondement au loin." Mais outre la noirceur, outre les rires grinçants, il transparait également une certaine émotion que l'on perçoit dans Une Vie où l'on suit ce vieillard qui va sur la plage pour voir une dernière fois l'épave du navire échoué qui l'a conduit dans la région alors qu'il fuyait la guerre civile en Espagne. Et puis ce sont ces souvenirs d'enfance chargés d'émotion tels que Concert Fantôme évoquant ce groupe de copains qui vont voir un concert des Pogues se déroulant dans un patelin perdu de la région ou le Couteau avec un récit tout en pudeur où l'on perçoit, au lendemain du jour de l'an, l'affection entre un grand-père et son petit-fils s'apprêtant à quitter tout prochainement le monde de l'enfance et qui reste pour moi la plus belle des nouvelles du recueil.

Avec une magnifique préface d'Hervé le Corre, Presqu'îles nous invite donc à découvrir toute une mosaïque de personnages atypiques et attachants évoluant sur un territoire à la fois sauvage et mystérieux que Yan Lespoux décrit avec la saisissante beauté du mot juste qui touche parfois au sublime. Un romancier est né.


Yan Lespoux : Presqu'îles. Editions Agullo Court 2021.


A lire en écoutant : Dirty Old Town de The Pogues. Album : Rum Sodomy & Lash. 2006 Warner Music UK Ltd.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Ça me fait toujours un peu peur ce sentiment que j'ai d'appartenance à une terre. D'un côté c'est beau, c'est rassurant, ça explique sans doute une partie de ce que je suis aujourd'hui. Et de l'autre qu'est-ce que c'est moche. Moche parce que obligatoirement ça te rétrécie, ça t'aveugle. C'est un coup à finir aussi fermée que le voisin ! Et pour autant, hors de question de renier quoique ce soit au profil de l'uniformisation ! Dans ma caboche tout ça est très ambivalent - mais nous avons tous nos contradictions - et si je vous parle de moi c'est pour mieux vous parler de « Presqu'îles », pour vous transporter dans ma tête quand j'ai lu ce livre.

Les nouvelles de Yan Lespoux sont écrites au plus près des habitant d'un Médoc rural, avec du sable, des pins pour paysage et parfois des haleines chargées d'alcool.
Ce sont des bouts de vies, des instantanés ancrés dans la lande, avec des vieux qui gardent jalousement leur coin à cèpes, des jeunes qui s'emmerdent un peu, avec ceux qui ont dû partir mais qui ont leur bout de terre accroché au coeur, avec ceux qui rêvent de ne plus être Bordelais.
Ici l'ordinaire devient aventure, le folklorique devient universel.
Tendres ou noires, parfois drôle, toujours sensibles et terriblement vivantes, les histoires que l'on découvre dans ce recueil sont des petites pépites de concision avec un art de la chute jouissif.
« Presqu'îles » est tout simplement mon coup de coeur de février.

PS: Il y a quelques jours je chroniquais les nouvelles d'Eric Plamondon dans « Aller aux fraises » et j'ai trouvé une vraie connexion entre ces deux livres. D'un côté le Québec, de l'autre le Médoc. Là au Plamondon voit un orignal albinos, Lespoux voit un cerf. Il y a la même justesse, le même concentré de vie dans ces délicieuses nouvelles.
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•JE SUIS MÉDOCAIN (même s'ils ne veulent pas de moi)•

Trente-trois nouvelles pour une collection qui vaut de l'or. Agullo Court ouvre le bal avec Presqu'îles de Yan Lespoux au coeur du Médoc. Oui je vous vois venir, prenant votre verre de Château Lafite en cette période où l'alcool coule à flots. Oubliez tout, ici nous partons à la rencontre de ces femmes et de ces hommes oubliés. Avec leur spécificité, leur us et coutumes, les médocains auraient pu être basques, corses, bretons, tant ils sont universels. Ces invisibles dont on n'entend jamais parler, qu'on côtoie de près ou de loin sans jamais s'intéresser à eux.

Sur la route des vacances, nous voyons défiler les panneaux de bourgades surprenantes où la Terre est un élément essentiel. Recueil sur les Hommes et leur quotidien et non sur une nature contemplative, Yan Lespoux use de son talent pour faire vivre chaque nouvelle au travers des gestes, des paroles, des regards, des attentions. Nul besoin de descriptions lancinantes, les médocains respirent le naturel.

Vous croiserez un coin secret de champignons que l'on rencontre dans tout arrière-pays qui se respecte, celui que l'on préfère garder pour soi tant l'information se diffuse. Un bordelais recalé car il n'est pas né au bon endroit, lui le « parisien » qu'on aime détester. Vous rirez malgré vous devant la tradition du premier noyé, marquant l'arrivée des touristes vers la mi-avril ou vous vous reconnaîtrez dans le portrait au vitriol du parisien qui loue sa résidence secondaire avec bonheur mais que le coin n'est jamais à son goût quand il y passe ses vacances (ma préférée, une sorte d'apericube saumon).

Vous sentirez l'odeur des pins, la marée qui monte, l'écume des vagues, l'accent qui chante. Avec un langage brut, vrai et naturel pour ses personnages, Yan Lespoux écrit pour eux, cela se sent, il aime les invisibles de son pays. À travers des émotions, des sensations et des événements parfois sombres qui sont passent, Yan Lespoux est non seulement arrivé à faire de cette région un personnage à part entière mais également à tisser des liens entre les nouvelles. Avec le sens de la chute et un rythme soutenu par la brièveté des textes, on embarque avec délectation dans la tête de chaque médocain. Humour, rythme, découverte, subtilité et ironie font bon ménage chez Yan Lespoux et c'est un cocktail dont on se délecte.

La préface de Hervé le Corre, brillante et éloquente, parle de résine qui colle aux doigts. Parfois les autres écrivent parfaitement ce que vous ressentez, rien à ajouter. Excepté peut-être que Raymond Carver et tant d'autres n'ont jamais réussi à me faire aimer les nouvelles.

Yan Lespoux y est-il arrivé ?
La réponse est OUI. Tirez-en les conclusions qui s'imposent.
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A la croisée des solitudes.
Région isolée, mouvante, incernable, le Médoc landais inspire et porte les 33 nouvelles incisives et lapidaires de Yann Lespoux. Les gens du cru ont la dent dure pour tous ceux qui ne partagent pas leur quotidien, le Bordelais en tête (de Turc). L'étranger de l'intérieur peut toujours occuper épisodiquement les lieux, jamais il ne pourra la ramener auprès de l'autochtone qui sait tout ce qu'il doit savoir. D'ailleurs la nouvelle « le Bordelais », contenue sur deux pages, ouvre le bal avec un incipit qui donne le ton : « Toi, ta gueule. de toute façon, t'es Bordelais ». Pourtant nul ostracisme, vindicte ou racisme dans cette remarque terre-à-terre ! L'enracinement et son envers, le déracinement est une thématique forte et récurrente du recueil. Les nouvelles s'agencent, se répondent et constituent un tout cohérent. La chasse, la pêche, la cueillette des champignons scandent les vies d'ici-bas narrées à hauteur d'homme. L'auteur ne juge jamais et laisse les personnages s'exprimer avec leurs mots et leurs non-dits. Il vient simplement biaiser la fin de l'histoire afin qu'elle chute bien. L'art est là, dans la phrase conclusive, le pas de côté, esquivant la tragédie par respect des vies déchues ou bien l'esquissant pour lui donner davantage de relief. L'humour vient en contrepied d'un pathos et d'un lyrisme muselés. Bien que toutes les nouvelles aient une portée conséquente, quelques unes impactent durablement. Si la mélancolie rôde, la drôlerie s'exprime pleinement. Dans ces terres clôturées d'eaux, barrées de forêts, sans véritables horizons, l'homme rumine, fomente et s'écroule, terrassé par la présence d'une nature altière.
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Dans le Sud-Ouest, c'est bien connu, on aime les champignons, boire des coups au bistrot du coin, chasser le chevreuil, et on n'aime ni le bordelais ni les jeunes un peu louches. C'est sur ce terreau fertile que poussent les histoires variées, drôles, enlevées, surprenantes, mais irriguées du même noir, de "Presqu'îles". Un régal de nouvelles, ou truculence et mesquinerie humaines rivalisent. Yann Lespoux écrit drôlement bien, a le sens de la formule et de la chute, et ça se déguste. On rit beaucoup même si l'émotion surgit soudain et vous serre la gorge de manière inattendue. Vous en reprendrez bien un petit coup ?
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DES VIES
Si, parce que ce livre s'intitule Presqu'îles, tu penses pouvoir retrouver le soir après le boulot tes doux et lascifs moments posés sur les plages des Landes cet été… passe ton chemin.
Par contre si tu cherches à passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel des ambiances de l'authentique et souvent sordide Médoc, alors saisis sans tarder ce recueil de nouvelles signé du génial Yan Lespoux !

Ici chaque nouvelle constitue un portrait indépendant, l'ensemble formant cependant un tableau cohérent, un monde, que la carte postale des plages de la région ne connait pas. C'est l'envers du décor que nous donne à voir sans concession Yan Lespoux, enfant du pays.

Des tranches de vies, des anonymes, incarnations des comportements et des tempéraments humains. On devient tous alors un peu médocains, certains portraits nous renvoyant forcément à nos travers, à nos fantômes et à nos douleurs.
On entre en territoire inconnu, de ceux que les éditions Agullo recherchent. Ici un territoire qu'on croit connaître pour y avoir passé nos vacances mais qui cache en son sein des histoires du quotidien insoupçonnées et pour certaines insoupçonnables…

Ca sent l'humus, le sang, l'humidité, l'huile de moteur, le champignon, le cadavre, la boue, la poudre à canon, le goudron, le poisson, le gibier fraichement dépecé, le chien mouillé… mais jamais la crème solaire ou le mojito sous la paillotte.

C'est une déferlante de nouvelles à chute dont la diversité des atmosphères n'a d'égale que la variété des caractères dépeints, constituant un recueil singulier et bluffant par la maîtrise de toutes ces tonalités et ces ambiances au coeur de la réalité, dans une écriture efficace et pudique.
De l'ironie bien placée à la tendresse tout en retenue en passant par des histoires glauques et sordides Yan Lespoux nous balade dans ce territoire secret au rythme de courtes histoires, jusqu'à la pointe, l'ultime nouvelle, qui nous donne envie d'y retourner…
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Quelle maîtrise. L'équilibre est parfait, le charme jamais rompu : je suis séduite dès les premières pages et le resterai tout à long de ma lecture.
Ces chroniques du Médoc proposent un point de vue trop rare en littérature. Des habitants ordinaires qui arrondissent les fins de mois avec quelques combines et qui grandissent d'un coup ; un vol qui tourne mal, un surnom mal placé, un cadeau du grand-père.
Il en faut du talent pour magnifier ces banalités. Il faut se mettre à hauteur d'homme pour croquer la puissance de ce quotidien : ces rebellions ordinaires, ces rites de passage, ces violences contenues - ou non.
La noirceur s'habille ici de douceur et d'amertume. le sordide en embuscade, la cruauté assumée.
Les passages de chasse mis à part, je me suis délectée de ce recueil, de son ambiance brute, de son contrepied tout en finesse.
La révélation d'un futur grand - je tiens les paris !
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Il existe des maisons d'éditions avec lesquelles on se sent une grosse accointance. On évite d'en parler, on ménage cette indépendance d'esprit que l'on s'efforce de cultiver pour qu'elle ne soit pas une vue du même nom, de l'esprit. Mais je dois bien le reconnaître, j'aime énormément Agullo, leur charte graphique, leur façon d'aller là où d'autres ne vont pas... Alors quand j'ai appris que Agullo allait lancer une nouvelle collection, Agullo Court...

Un recueil de nouvelles qui se situent dans les landes pourra-t-il m'emporter ?

Évacuons d'emblée l'apostille infamante de littérature de terroir. J'aime l'école de Brive, j'apprécie René Fallet et Claude Michelet.

Et quand bien même... C'est étrange. La relation forcément palpitante d'atermoiements divers situés dans un espace étroit entre le Flore et le seizième n'est pas considéré comme de la littérature dite locale. Et tant qu'on y est, Ron Rash n'est pas réduit aux Appalaches, Craig Johnson n'est pas circonscrit au Wyoming, non ?

Oui, je pense sincèrement que Lespoux est de cette trempe. Comme eux, il allie dans une écriture fiévreuse, piégeuse, faussement simple, le local et l'universel. Ses Presqu'îles sont à la fois terriblement landaises et totalement universelles. Ce besoin de racines, d'appartenir, ce va et vient entre l'acceptation et le rejet, ces traditions qui se perdent mais pas complètement, pour le pire et le pire.... Ce sont des thématiques diablement humaines, belles, sordides, tragiques et ridicules qui traversent ce formidable bouquin.

Il est difficile de ne pas être remué par l'évocation des amours adolescentes, de ne pas être emporté, par la nouvelle Une vie, de ne pas sourire (jaune) devant ces pans d'existence dérisoires et grandioses. Lespoux a une plume qui tient du scalpel quand il décrit cette façon d'être du cru, ces gens qui sont nés quelque part comme le chantait Brassens. Yan Lespoux est impitoyable... Et tendre. Il manie les contraires cet homme, il est redoutable.

C'est encore Hervé le Corre qui en parle le mieux, lui qui conclut son éclairante préface de Presqu'îles par ces mots : « tiens, un écrivain ! »

Pas mieux.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Des tranches de vie saisies au vol, tour à tour tragiques et cocasses, brossant le portrait de personnages attachés de gré ou de force à un territoire, les landes du Médoc.
Si comme moi, vous aimez les histoires courtes, bien ecrites et savoureuses, avec un humour décalé, ce livre est pour vous.
Toutes ces péripéties bonnes ou mauvaises, ces gens que l'on croise sans rien savoir d'eux, on se fait l'effet d'être un peu voyeur en pénétrant les pensées de certains, tout ça, ce sont des presqu'iles. Ces histoires brèves nous content la vie ordinaire d'êtres pas toujours ordinaires. "Le dernier noyé de l'année est pas mal non plus !!"
Ah ces Bordelais et ces Charentais ... c'est quelque chose !
Succulent !!

Lien : https://collectifpolar.com/
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