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Sébastien Guillot (Traducteur)
EAN : 9782370490438
298 pages
La Volte (05/10/2017)
3.94/5   9 notes
Résumé :
(PEUT ETRE LU INDÉPENDAMMENT DES AUTRES TOMES)

Il était une fois, quelque part...
Souveraine de la Zone Trois, contrée harmonieuse tournée vers la sensibilité et la communion — mais dont la juste sérénité a cependant émoussé ses habitants — , Al-Ith reçoit un jour l'Ordre d’épouser le roi de la Zone Quatre, un pays rude, grossier et belliqueux, dont le peuple vit dans la pauvreté en raison de guerres incessantes et voraces. Ce mariage, ou plus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans ce livre publié en 1980, Doris Lessing utilise la forme littéraire très ancienne et presque désuète du roman allégorique mais son propos reste tout à fait pertinent et actuel, en particulier en ce moment de débats sur les relations entre hommes et femmes.


L'histoire est racontée par un chroniqueur- troubadour qui parfois emploie le ‘je', parfois donne son commentaire sur les évènements relatés mais le plus souvent s'efface derrière le récit en laissant le soin au lecteur de trouver la signification des faits.


Le roman se déroule dans un monde imaginaire et quelque peu magique, divisé en plusieurs zones, très différentes les unes des autres. Rien de commun entre ces zones : système politique, économie, niveau de vie, mentalités, culture… Une certaine hiérarchie s'est établie entre elles, à l'image de leur géographie : la zone 5 est un désert peuplé de tribus nomades et violentes qui vivent de pillages ; la zone 4 est une morne plaine, pauvre, peuplée de gens résignés et soumis ; la zone 3 sur les hauts plateaux est une région paisible où s'est développée une société peu hiérarchisée et chaleureuse ; la zone 2 est une région mystérieuse de haute montagne dont nous ne saurons peu de choses si ce n'est qu'y règne une sorte de nirvana.


Alors que le monde semble entré dans une période de crise et de déclin, al Ith, reine de la zone 3, reçoit un jour l'ordre d'épouser Ben Ata, roi de la zone 4. Cette union doit marquer une ère nouvelle pour les deux pays. Tout sépare les deux souverains mais ceux-ci se soumettent à l'ordre reçu, s'accouplent et vont peu à peu finir par se comprendre et s'apprécier. Dans un mouvement inverse à celui qui rapproche al Ith de Ben Ata, al Ith se voit peu à peu rejetée par son peuple. Lorsque l'ordre lui arrive de retourner dans son pays et de quitter son mari destiné désormais à s'unir à la reine de la zone 5, sa place de souveraine est prise par sa soeur et elle tombe dans un anonymat solitaire. Ben Ata ne l'oublie pas et vient lui rendre visite.


Ce roman à la tonalité féministe offre selon moi deux thématiques, qui finissent par se rejoindre : l'une politique et l'autre relative aux relations hommes-femmes. C'est aussi une réflexion sur l'état du monde en cette fin de XXème siècle.


Le Ben Ata du début du livre est un archétype masculin que je qualifierais de traditionnel : son bon plaisir est roi, la femme ne peut être que soumise et objet de possession. Peu à peu, Ben Ata évolue et devient un homme plus conforme à l'idéal masculin tel que l'imagine Doris Lessing : un partenaire de vie, engagé dans une relation construite sur l'égalité et l'échange, capable de comprendre l'altérité féminine, soucieux du plaisir de la femme, jouant pleinement son rôle de père. La prose de Doris Lessing n'est toutefois jamais didactique fort heureusement : pas de vérité assénée mais des évocations subtiles et nuancées. La relation amoureuse qui finit par naître entre al Ith et Ben Ata conserve ainsi sa part de mystère. Elle est plus qu'une relation d'intimité, plus qu'une bienveillance naturelle entre deux êtres mais quelque chose de mystérieux et de complexe qui unit deux altérités à l'origine radicalement éloignées. le roman est aussi un magnifique portrait de femme libre, d'épouse et de mère, y compris à travers le regard posé sur elle par Ben Ata (notamment après la maternité). Les personnages secondaires de femmes, jamais simplistes, sont aussi importants et offrent un éventail de féminités (la reine de la zone 5, la servante de al Ith, la soeur).


Ce roman offre aussi une lecture politique et une réflexion sur l'état du monde. Tout d'abord parce que la liberté de la femme apparaît certes comme le résultat d'un changement de mentalités mais aussi comme le résultat d'une volonté politique à travers la loi.


Au début du roman, la reine al Ith prend conscience que son pays, la zone 3, est entrée dans une phase de déclin. le roman montre une situation d'un pays endormi dans son bien-être et son confort. Sa dirigeante n'a pas su percevoir les signaux de dégradation ou en tous cas elle n'a pas su agir pour changer le cours des choses. Mais en même temps Doris Lessing pose la question de savoir si cette crise relève de responsabilités individuelles ou de responsabilités collectives. le roman date de 1980 mais il a un côté visionnaire car dans le destin des différentes zones et de leurs habitants, on peut reconnaître celui des pays occidentaux avancés, mais aussi l'avancée vers la mondialisation, la disparition de l'URSS, étouffant sous le poids de son système, et la situation de la Chine engagée depuis 30 ans comme on le sait dans un incroyable rebond économique en réussissant un dosage subtil entre maintien du système politique, modernisation et introduction de libertés. le voyage que fait dans la riche zone 3 un groupe de femmes de la zone 4, historiquement pauvre, montre que l'écart entre les deux pays n'est pas que matériel, il est aussi un écart de civilisation et de mentalités. J'ai trouvé aussi que le roman pose aussi la question très actuelle du dilemme entre mondialisation et maintien de l'ancrage local des territoires. L'union d'al Ith et de Ben Ata et celle de Ben Ata avec la reine de la zone 5 marque une évolution positive vers un monde d'échange et de fluidité mais ce monde reste partagé en territoires dans lesquels l'ancrage local des populations locales reste fort.


Pour terminer, j'ajouterai enfin que j'ai trouvé dans ce roman mettant en scène un roi et une reine d'intéressantes sources de réflexion sur la signification du rôle de dirigeants, sur leurs comportements. Quand al Ith, de retour en zone 3, retrouve sa soeur, cette dernière lui dit qu'on lui a confié un rôle à jouer. le rôle dépasse l'individu qui se doit d'être à la hauteur, qui doit s'y consacrer entièrement. La scène où Al-Ith revêt sa robe de reine est un example qui montre que la fonction de dirigeant s'accompagne d'attributs symboliques. de même lorsque al Ith accompagne son mari lors d'une revue des troupes, sa présence n'a de valeur que symbolique. Pourtant, comme souvent dans le livre, tout n'est pas si simple : un certain nombre de scènes viennent en contrepoint : il arrive un moment où Ben Ata refuse les faux-semblants de son rôle et se réfugie dans la sphère privée ; son habillement reste souvent celui d'un simple soldat ; souvent al Ith et Ben Ata restent seuls dans leur palais, inactifs, coupés du monde et de leur mission.


J'achève ainsi cette longue critique, qui témoigne certainement de la richesse de ce roman.
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Je ne ferais pas mieux que Pleasantf en présentant ce livre qui est, je suis d'accord, une sorte d'allégorie et qui offre plusieures grilles de lectures. Il y a plusieures « Zones » géographiques qui divisent fantasmagoriquement un monde et, chacune est le lieu d'une vision des choses, d'une sorte de « sagesse » pourrait-on dire (sauf que le Tout est bouversé par des difficultés assez graves) qui lui est propre ,des frontières les séparent et se pose la question du pouvoir .Qui sont « les pourvoyeurs » ? D'oû proviennent ces « directives » qui vont révolutionner les rapports « au  monde » de rois et reines en leur imposant des marriages de raisons ? se pose avec force les nombreuses questions relatives à l'Education : psychologie et sociologie, tout en restant dans un espace assez poétique qui permet de rêver sans fermer les questions de façons caricaturales . Des images comme des archétypes servent le propos mais chacun peut y mettre ce que sa culture personnelle le lui permet. Ainsi je crois qu'il y a dans la description de la zone 2 quelque-chose des univers de Moebius dans ses envolées que je qualifierais d'«  oniriques » ,en Bande Dessinée, certes la zone 3 est encore assez légère pour relever de ce filtre , mais je n'aime , en ce moment ,pas assez les zone 4 et 5 (et pour cause!) pour y retrouver ce maître. Il ne manque pas d'artistes du genre « héroique fantaisie »,pour , par exemple : avec Arno et Jodorowsky dans « les aventures d''Alef-Thau »(qui datent aussi d'environ la même époque : début des années 80) ouvrir sur quelques visions plus épiques et grégaires,et moins introspectives .

Les débats actuels sur le viol et l'égalité des genres dans un monde encore en proie à l'« artillerie lourde » à cause des tyranies masculines crapuleuses ,font de ce livre un ouvrage important pour l'éducation des plus jeunes qui ,je crois devrait figurer au programme des lycéens , des collégiens .

J'ai envie d'ajouter que si on s'interesse au Yoga, tel qu'il est assez communément enseigné, on peut le retrouver transposé dans cette représentation schématique de ce monde divisé en Zones .Il y a , schématiquement, 7 chakras dans le corps humains qui sont, à mes yeux, mis en scène : devenant les lieux de vie des protagonistes . Avec les zones de ce récit, le décompte est inversé. Si je me fie à ma comprehension ,pour que cela concorde :habituellement la zone 3 serait le 4ème chakra, et inversement, si bien que le second n'étant pas un lieu physique à proprement parler , serait le 5eme tandis que le 5eme devient le second . Il est vrai que pour ce qui est des caractères martiaux il me semble que le monde de la reine de la zone que je rebaptise ici : « 2» plus instinctive, est inférieure en méthodes , usage du pouvoir du Roi de la zone devenue « 3 », et en effet , ces questions interessent peu les attributs et optiques cordiaux de la reine de la zone ,maintenant devenue ici : « 4 ». Tandis que toutes ces questions « mondaines » commencent carrément à s'évanouir en zone nouvellement « 5 ».
J'arrête là les parallèle n'ayant pas lu la totalité du cycle ,dont « Canopus dans l'Argo : Archives » ajoute un volet peut-être éclairant à ce sujet.
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Lorsqu'Al·Ith, reine de la Zone Trois, est informée par les Pourvoyeurs de son mariage prochain avec Ben Ata, souverain de la Zone Quatre, elle s'enferme dans son palais pour ruminer. Ben Ata n'en mène pas large non plus, il n'a, lui non plus, aucune envie d'épouser une inconnue. Un mal étrange préside à leur union : les animaux et les hommes de leurs zones respectives sont en détresse, ils n'enfantent plus. Réunis, les deux souverains vont tenter de trouver une explication et une solution à cette situation inhabituelle, et par là même, apprendre à se connaître, à connaître leurs moeurs différentes et finalement, à s'aimer profondément. Mais ceci n'est pas un conte de fées où ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Al·Ith et Ben Ata font face à de nombreux revirements, de la part de leur population, mais aussi des Pourvoyeurs. Ils ne finiront pas ensemble malgré l'attachement sincère qui les lie, puisque Ben Ata doit finalement épouser la reine de la Zone Cinq, Vashi.

Zone Trois, Zone Quatre, Zone Cinq... des royaumes très différents, chacun à l'extrême d'un mode de vie particulier. La Zone Quatre est aussi pauvre que la Trois est riche et rafinée, la Zone Cinq aussi sauvage que la Quatre est guerrière. Chacune représente une façon de vivre, une idéologie, une partie de notre existence actuelle. Dans la Zone Trois, nous reconnaissons notre tendance à l'oisiveté, notre côté égocentrique, centré sur notre petit bonheur personnel. Dans la Zone Quatre, nous retrouverons nos moeurs régies par la société, nos tabous, notre conception du couple et du mariage. Dans la Zone Cinq, nous retrouvons notre volonté de dominer, de nous approprier. Notre monde à nous est un savant mélange de ces trois zones, et considérer ici de l'extérieur les habitudes de chaque zones permet de proposer une vision critique de nos propres habitudes, et de leurs incohérences les unes par rapport aux autres.

Doris Lessing soulève ici largement la question de la liberté des femmes, principalement dans le cadre du mariage. Al·Ith se retrouve confrontée à la jalousie naturelle des habitants de la Zone Quatre, et de son mari, avant d'expérimenter elle-même ce sentiment qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Dans la Zone Trois, chacun est libre de "jouer" avec n'importe qui, la possessivité n'existe pas. L'égalité est totale en Zone Trois, tandis qu'en Zone Quatre, les femmes sont reléguées à leur condition de ménagère, condamnées à vivre une vie secrète entre elles. A travers les yeux d'Al·Ith, on s'étonne, on s'indigne de ce traitement injuste des femmes, tout en comprenant la position des habitants de la Zone Quatre, tellement proche de notre vision des choses. Petit à petit, on assiste à la transformation progressive des moeurs de la Zone Quatre vers une plus grande libération des femmes, une meilleure égalité entre les hommes et les femmes, grâce à l'influence bénéfique d'Al·Ith sur leur souverain.

A travers le mariage et les différences de moeurs, se pose également la question de l'amour et la relation des amoureux au sexe. Les sentiments inédits ressentis par Al·Ith et Ben Ata les prennent totalement au dépourvu, les inquiètent tout en les ravissant, les détruisent tout en les élevant au-dessus d'eux-mêmes. Quel est véritablement le pouvoir de l'amour? Positif ou négatif? Un simple attachement serait-il préférable, à la place de cette passion dévorante qui les poussent à se renier eux-mêmes? L'amour et la jalousie doivent-ils être indissociables? Chacun est-il voué à changer, se transformer avec l'émergence de son amour?

Finalement, je retiens de cette lecture beaucoup de questions, beaucoup de réflexions diverses et variées, et bien peu de réponses au final. Autant je pense avoir saisi le sens général de la réflexion dans la première partie du récit (Al·Ith et Ben Ata ensemble dans la Zone Quatre, échangent, se disputent et se réconcilient), autant la seconde partie (retour d'Al·Ith en Zone Trois et mariage entre Ben Ata et Vashi) m'a laissée dubitative. C'est un conte sans morale à la fin, c'est au lecteur de trouver lui-même ses propres réponses, ses propres leçons, ce qui n'est pas forcément toujours évident. J'ai apprécié cette lecture, tout en ayant la sensation tout au long du récit, de ne pas toujours saisir la profondeur des mots alignés sur la page. C'est un roman à plusieurs degrés, dont les plus subtils sont habilement dissimulés. Un lecteur peu attentif, lisant en dilettante, peine à appréhender la dimension allégorique du récit, perdant ainsi une bonne partie du livre.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Al-Ith et Ben Ata, respectivement souverains de royaumes différents reçoivent l'ordre de s'unir. Pleins de préjugés l'un envers l'autre, ils vont se découvrir et s'ouvrir à d'autres façons de penser, de voir le monde.
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Un cycle fictionnel majeur, utilisant avec un brio exceptionnel le détour science-fictif pour décortiquer l'essence de la politique et de la manipulation sous toutes ses coutures, en mêlant étroitement lucidité froide et tendresse inévitable.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/08/09/note-de-lecture-canopus-dans-argo-archives-doris-lessing/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elles-mêmes ne songeaient qu'à une chose : retourner au plus vite chez elles raconter à tout le monde ce qu'elles voyaient ici - quand bien même cela risquait fort de ne servir à rien, car elles ne pouvaient faire davantage qu'expliquer, encore et encore, que si l'on cessait de consacrer aux activités guerrières toutes les ressources d'une contrée, alors celle-ci dans son ensemble, commencerait à s'épanouir, à prospérer, à s'emplir de détails somptueux. Dans les mains et les esprits de tous vivaient des talents, de l'ingéniosité, qu'il suffisait de nourrir, d'étoffer...
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C’était par la culpabilité qu’elle se sentait écrasée, quand bien même elle n’aurait pu la nommer ainsi, n’ayant jamais eu conscience qu’un tel état puisse exister. Reconnaissant, parmi les nombreuses émotions accablantes, calamiteuses, qui s’agitaient en elle, qui arboraient tant de nuances, de couleurs et de poids différents, celle qui à force de revenir semblait finalement devenir le fondement, la substance même de toutes les autres, la jeune femme s’imprégna peu à peu de son goût, de sa texture – pour au bout du compte la nommer Culpabilité. Moi, Al.Ith, je suis fautive. Mais chaque fois que cette pensée l’envahissait, une vague de dégoût et de soupçons venait la balayer loin de son esprit. Comment elle, Al.Ith, pouvait-elle être fautive, dans l’erreur ? Peut-être était-elle effectivement devenue l’esclave de la Zone Quatre, mais demeurait encore en elle cette certitude, à la base de toutes les autres, que tout était enchevêtré, mêlé, mélangé, que tout ne formait qu’un ; un individu ne pouvait donc se retrouver seul dans l’erreur, c’était là chose impossible. Si tort il y avait, il ne pouvait qu’être partagé par tout le monde, dans toutes les Zones – voire au-delà, cela ne faisait guère de doute. Cette pensée s’empara d’Al.Ith comme une espèce de rappel : voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas réfléchi à ce qui se passait loin des Zones… la jeune femme ne songeait d’ailleurs presque jamais aux Zones Une et Deux – alors même que cette dernière s’étendait juste là-bas, au nord-ouest, au-delà d’un horizon qui semblait comme se plier et se déplier dans du bleu ou du violet… Elle n’avait pas regardé là-bas depuis… depuis… impossible de s’en souvenir.
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Que sommes-nous, tous autant que nous sommes, pour nous qualifier qui de Chroniqueur, qui de chansonnier, qui de souveraine ou de fermier, d'amant, de précepteur, d'ami des animaux, sinon les aspects visibles, évidents d'un ensemble dont nous faisons tous partie, que chacun d'entre nous contribue à former?
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Plus encore que des ragots, les rumeurs engendrent des chansons. Nous autres, Chroniqueurs et compositeurs de notre Zone, déclarons qu’avant même que les conjoints de cet exemplaire mariage n’aient pris conscience de ce que les nouvelles directives signifiaient pour eux, les chansons nous avaient déjà envahis, et se diffusaient d’un bout à l’autre de la Zone Trois. Et, bien sûr, il en était de même dans la Zone Quatre.

Du Grand au Petit
Du Haut vers le Bas
De Quatre à Trois
Je ne puis aller.

C’était là une comptine d’enfants. Le lendemain du jour où j’avais appris la nouvelle, je les regardais l’interpréter depuis mes fenêtres. Et l’un d’eux se rua sur moi dans la rue avec une « énigme » qu’il tenait de ses parents : si l’on accouple un cygne et un jars, qui prendra le dessus ?
Ce qu’on disait et chantait dans les camps et les casernes de la Zone Quatre, nous préférons n’en laisser aucune trace écrite. Non pas que nous ayons tendance à tourner autour du pot. C’est plutôt que toute chronique nécessite un ton approprié.
Suis-je en train de suggérer que l’un méprisait l’autre ? Non, il nous est expressément interdit de critiquer les Ordres des Pourvoyeurs, mais disons que nous autres, dans la Zone Trois, gardions en tête ces vers de mirliton fort populaires à l’époque :

Trois précède Quatre.
Nous prônons la paix et l’abondance,
Eux – la guerre !
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Que nous soyons riches , que nous ne manquions de rien , ne pose problème que dans la mesure oû cela nous fait oublier notre véritable raison d'être. Mais si vous , vous êtes pauvres , sous-developpés , c'est parce-que toutes vos richesses se retrouvent englouties dans la guerre - une guerre stupide , inutile , absurde .
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Vidéo de Doris Lessing
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. Javier Cercas, auteur de Terra Alta qui lui valut en 2019 le 68e prix Planeta, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
QUI EST JAVIER CERCAS ? Né en 1962 à Ibahernando, dans la province de Cáceres, Javier Cercas est un écrivain et traducteur espagnol. Après des études de philologie, il enseigne la littérature à l'université de Gérone, pendant plusieurs années. En 2001, son roman Les Soldats de Salamine – sur fond de Guerre civile espagnole – remporte un succès international et reçoit les éloges, entre autres, de Mario Vargas Llosa, Doris Lessing ou Susan Sontag. Ses livres suivants, qui s'inspirent souvent d'événements historiques et de personnages ayant réellement existé, rencontrent le même accueil critique et sont couronnés de nombreux prix : Prix du livre européen (2016), Prix André Malraux (2018), Prix Planeta (2019), Prix Dialogo (2019). Son oeuvre est traduite en une vingtaine de langues. Il est également chroniqueur pour le quotidien El País.
De Javier Cercas, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d'un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014), L'Imposteur (2015), le Mobile (2016), le Point aveugle (2016), et le Monarque des ombres (2018). Son nouveau roman, Terra Alta, paraîtra en mai 2021.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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