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Dominique Lurcel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070318148
224 pages
Gallimard (06/04/2006)
4.23/5   55 notes
Résumé :
1187, Jérusalem. Au cœur du chaudron brûlant allumé par les Croisades. Saladin vient de reprendre la ville aux Croisés. Victorieux, il agit vis-à-vis des juifs et des chrétiens dans un esprit de tolérance inconnu jusqu'alors. Seuls les Templiers, qui tuent en invoquant Dieu, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Or, fait inouï, il vient justement d'en épargner un, un jeune. Et Jérusalem bruit de rumeurs. Ce jeune homme, alors qu'il erre, mélancolique, par les rues de la... >Voir plus
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À l'heure du déchirement, de l'entre-déchirement, à l'heure des exactions, des entre-exactions, à l'heure de la haine absolue, et apparemment inextinguible, à l'heure du « tu m'as fait mal, donc je te refais encore plus mal », à l'heure où l'abomination ne semble désormais plus vouloir se contenir dans des limites humaines mais franchir allègrement le mur fortifié de l'inhumanité, j'ai jugé bon de mettre à l'affiche une oeuvre qui nous présente des personnages juifs — du temps où le mot " juif " évoquait les gens du livre et de la sagesse —, des personnages musulmans — du temps où le mot " musulman " évoquait la grandeur d'âme —, et même des personnages chrétiens — du temps où le mot " chrétien " évoquait le courage et l'absence de cupidité.

En effet, une de mes amies — allemande de naissance, française de coeur — me fit découvrir, il y a une dizaine d'années, ce sublime Nathan le Sage, une pièce et un auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Et je l'en remercie encore chaleureusement — et bien plus encore — car je n'ai vraiment pas été déçue par cette oeuvre, que je trouve, en tout point, EXCEPTIONNELLE.

Gotthold Lessing, auteur du XVIIIème siècle, émule des lumières, nous offre un très bel hymne à la tolérance interconfessionnelle, qui est, aujourd'hui plus que jamais, totalement d'actualité et d'une modernité surprenante. Il choisit pour décor de sa pièce l'incontournable Jérusalem et pour époque, la troisième croisade en Terre Sainte pendant le Moyen-Âge.

Nathan est un juif, riche commerçant international, fort apprécié dans sa ville, réputé pour sa grande sagesse, sa finesse de vue et son savoir-vivre. Durant son absence, lors d'un voyage d'affaire, sa fille Recha a été sauvée des flammes d'un incendie par un jeune chevalier chrétien, un templier fougueux mais philosophe.

Ce templier est lui-même un rescapé car, fait prisonnier par l'armée musulmane puis condamné à mort avec ses dix-neuf compagnons, il sera le seul à obtenir la grâce du sultan Saladin en raison de... sa ressemblance physique avec le bienaimé frère de Saladin, mort il y a belle lurette !

Il s'avère que le coeur de la petite juive, Recha, s'est mis à tambouriner très fort pour son chrétien de sauveur. Qu'en dira son père, Nathan le sage ? Qu'en dira le templier lui-même ? Qu'en dira le sultan Saladin ?

Il ne faut absolument pas que je vous en dévoile davantage, afin que vous découvriez vous-même et en temps voulu les informations relatives au passé des personnages, contrairement à ce qui m'est arrivé en lisant la préface de l'édition José Corti, qui est un gâchis déplorable. Bien que cette édition soit parfaite par ailleurs, j'hésite à lui décerner le " spoil d'or ", ex-æquo avec l'édition Pocket du Maître Et Marguerite de Boulgakov et l'édition chez L'imaginaire d'Ethan Frome d'Edith Warthon.

Vous avez compris que dans cette pièce, il sera beaucoup question de religion, qu'on naviguera constamment entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. Lessing prend le parti de choisir trois représentants des trois religions qui soient particulièrement remarquables, par la modernité de leur vision et par la tolérance dont ils font preuve dans leurs idées religieuses, eu égard à leur siècle.

C'est tout d'abord le fait du sultan Saladin, qui traite convenablement les ressortissants juifs de Jérusalem ; c'est ensuite l'incroyable Juif Nathan, dont la tolérance, la bonté et l'aptitude au pardon rejaillissent sur ses interlocuteurs : il est l'ami d'un derviche, il est bien vu du sultan, il entretient des relations d'étroite confiance avec des frères chrétiens.

C'est enfin le magnanime Templier, qui, tout chevalier du Christ qu'il est, n'hésite pas à sauver une jeune juive au péril de sa vie ou à témoigner d'un profond et sincère respect vis-à-vis du sultan musulman qui l'a épargné. Il n'aurait même rien contre l'idée d'une union interconfessionnelle.

Gotthold (un prénom qui ne s'invente pas !) Lessing, chrétien environné par la chrétienté et écoeuré par son intolérance et son étroitesse de vue, prend donc pour cible les Chrétiens, notamment sous les traits du patriarche, symbolisant la hiérarchie cléricale, obtuse et stupide, contrairement aux plus humbles représentants de l'église chrétienne.

L'auteur en profite au passage pour dénoncer les massacres aveugles de Juifs perpétrés par les Chrétiens... Pauvre Lessing ! l'histoire allemande et les pogroms ayant eu lieu un peu partout par la suite lui donneront mille fois raison… hélas !

Mais il va plus loin encore, par son appel à la non-violence, à la non-vengeance, par son invitation à ne pas chercher à comparer les religions, sauf à dire, si besoin en était, qu'elles sont intimement liées les unes aux autres.

Enfin, la vision la plus moderne de l'auteur — quasi inimaginable pour l'époque — est très certainement à rechercher dans son époustouflante tolérance à l'égard de l'athéisme, en des temps où celui-ci ne semblait pas de mise, à tout le moins pas vraiment avouable ni admis dans les hautes sphères.

Donc, un énorme, ÉNORME coup de chapeau à Gotthold Lessing, auteur classique en Allemagne et mystérieusement ignoré en France, allez savoir pourquoi ? Je ne puis que vous inciter à faire reculer cette lacune, à lire ce grand monsieur, ce Gandhi, ce Luther King avant l'heure, dont Voltaire aurait pu écrire : " Si Nathan le Sage n'existait pas, il faudrait l'inventer. "

D'un ghetto l'autre, de Varsovie, hier, à Gaza, aujourd'hui, qu'y a-t-il de bon à attendre d'un ghetto et d'une intolérance généralisée ? Peut-être le point Godwin de l'horreur, une révulsion telle de la communauté internationale qui fera qu'on octroiera, du bout des dents et bien obligés, l'état que les Palestiniens réclament de leur sang depuis plus de cinquante ans après avoir concédé l'état juif au lendemain de l'insoutenable ? Nul n'en sait rien et je n'oublie pas que quand on lit un avis, on attend le sage, pas le fougueux désordre qui règne en celui que vous venez de lire et qui ne signifie, donc, manifestement, pas grand-chose.
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Un Juif, un musulman et un chrétien sont à Jérusalem... Ce n'est pas le début d'une blague douteuse, ni une dépêche d'actualité, c'est la mise en place d'une pièce de théâtre extraordinaire, écrite par un Allemand né en 1729, nous dépeignant une amitié qui se nouera entre trois hommes de confessions différentes en pleine période des Croisades.


Premier personnage : Saladin, sultan bien connu pour son ouverture au monde, son esprit chevaleresque et sa grandeur d'âme. Il est installé dans une Jérusalem récemment reprise aux Croisés. Il vient d'en faire exécuter quelques-uns mais en a étrangement gracié un.

La gestion de son califat coute cher et l'argent vient à manquer. Son argentier lui souffle de faire appel à un certain Nathan.

Deuxième personnage : Nathan, dit Le Sage, est un marchand juif. Revenant à Jérusalem après un voyage d'affaires, il retrouve sa maisonnée bouleversée suite au sauvetage des flammes de sa fille adoptive par un Templier. Il s'agit justement de ce chevalier auquel Saladin a laissé la vie sauve... Nathan cherche à le remercier mais le sauveteur adopte une étrange attitude.

Troisième personnage : le Templier dont la grâce par le Sultan bouleverse les certitudes. Celles-ci seront encore plus ébranlées lorsqu'il apprendra que la jeune fille qu'il a sauvée des flammes est la fille d'un marchand juif. Ce ne sont pas seulement ses certitudes qui vacillent mais également ses sentiments car la jeune Recha, prisonnière de l'incendie, a touché son âme.

Les trois personnages vont se retrouver réunis par le hasard des circonstances (ou la destinée - le lecteur jugera) et chacun sera amené à revoir ses préjugés sur les mécréants que sont sensés être les deux autres.


La trame est assez classique : un jeune homme sauve une jeune fille, ils tombent amoureux, s'ensuivent une série d'intrigues se terminant par une "révélation" que le lecteur averti (ou le spectateur puisqu'il s'agit de théâtre) aura deviné avant qu'elle nous soit dévoilée. Rien de fantastique à ce niveau mais Lessing utilise une langue vivante, moderne, tellement fluide qu'on a l'impression d'être transportés dans le décor de cette pièce, assis dans un coin du palais de Saladin ou de la maison de Nathan. Les dialogues semblent des enregistrements de conversations, avec leurs exclamations, leurs hésitations, leur langue du quotidien, leur familiarité.

Plus fort encore que cette langue déliée, c'est le propos même de la pièce qui est profondément audacieux ! En cette période où le protestantisme domine puissamment l'Allemagne, Lessing prend le train des Lumières et démontre qu'il est possible d'être un homme bon sans suivre aucune religion et qu'il est envisageable de s'entendre sans partager les mêmes croyances. En effet, Nathan, bien que d'origine juive, n'a pas une conception très orthodoxe de la foi et applique plus volontiers le libre-examen que les Tables de la Loi.

Lessing s'en prend aux extrémistes de tout bord à travers le personnage du Patriarche de Jérusalem; il est la caricature de l'homme d'église borné, intolérant, respectant l'esprit de fraternité uniquement quand il s'applique à ses semblables.

Pour démonter ce potentat, la rencontre des trois personnages principaux de la pièce va permettre au dramaturge d'inviter à la tolérance et au-delà de celle-ci, qui est finalement le simple fait de "tolérer" l'autre, elle va nous inviter à l'ouverture et la fraternité, à l'acceptation de l'autre tel qu'il est.


On notera aussi l'attention portée aux plus faibles et l'importance de leur rôle dans la pièce.

L'argentier de Saladin, al Hafi, est un pauvre derviche qui ne perd pas de vue que la richesse n'est pas le principal en ce bas monde et que charité bien ordonnée commence par soi-même.

Les femmes ont aussi leur mot à dire puisque Saladin ne prend aucune décision sans l'aval de sa soeur Sittah et considère celle-ci comme son égale et sa meilleure conseillère.
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J'ai lu cette courte pièce en allemand, et cela m'a été plus difficile que d'habitude, peut-être parce que la langue et le style rayonnent vraiment de la fin du XVIIIe siècle. Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781) est considéré comme l'un des géants du siècle des Lumières allemand, et cela est absolument évident dans cette pièce. Ce n'est rien de moins qu'un beau plaidoyer en faveur de la tolérance entre les religions. le décor est Jérusalem à l'époque des croisades, et le personnage principal est un riche marchand juif (c'est-à-dire le sage Nathan), à travers lequel Lessing met généreusement en perspective le judaïsme, le christianisme et l'islam. En particulier, la parabole du vieux père mourant et de sa bague d'opale est devenue un texte classique de tolérance religieuse (et idéologique). Conformément à Voltaire, le christianisme hypocrite en particulier doit souffrir : la Bible n'est pas une oeuvre de révélation divine et les Églises ont complètement corrompu le véritable message chrétien.
Bien sûr, il y a quelques petites touches qui font inévitablement de la pièce un enfant de son époque : le Templier fait un certain nombre de déclarations misogynes et les personnages principaux ne sont que des hommes. La structure de la pièce est également un peu trop feuilletonne, avec une progression et un dénouement plutôt prévisibles qui la font ressembler davantage à une comédie d'erreurs qu'à un conte moraliste. En d'autres termes : la valeur de cette pièce n'est pas tant littéraire, mais surtout historique.
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L'affaire se passe à Jérusalem pendant les croisades. Des représentants des trois religions du livre sont impliqués, notamment un sultan, un templier et un marchand juif, le fameux Nathan. Malgré quelques dangers de mort pour quelques-uns des personnages, l'ambiance générale est plutôt candide et souriante. Il y a quelques revirements et imbroglios, mais somme toute, c'est une pièce assez légère. On y entend certes des paroles emplies de sagesse qui prônent la tolérance et la coexistence pacifique, majoritairement émises par Nathan qui fait l'admiration de tous. Ces propos peut-être novateurs à l'époque faisaient partie d'un débat entre théologiens un peu bornés et un esprit philosophique plus éclairé défendu par Lessing.
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Trois sages: un templier, un juif et un musulman; un derviche servile, un patriarche inhumain, une jeune fille élevée en juive et sa dame de compagnie chrétienne; voilà les personnages principaux d'une pièce de théâtre peu connue en France mais que tout élève allemand a lu.
Un texte toujours d'actualité!
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
[N. B. : probablement la citation la plus importante de toute la pièce, voire au-delà, mais ça c'est à vous d'en juger...]
NATHAN : Jadis vivait en Orient un homme qu'une main aimée avait mis en possession d'une bague d'une valeur inestimable. La pierre était une opale qui chatoyait de mille couleurs et avait la secrète vertu de rendre agréable à Dieu et aux hommes quiconque la portait avec cette certitude. Quoi d'étonnant à ce que notre homme d'Orient ne s'en séparât jamais et qu'il prît des dispositions pour la conserver éternellement à sa maison ? Voilà ce qu'il fit. Il légua la bague à celui de ses fils qu'il aimait le plus et stipula que ce dernier la laisserait à son tour à son fils le plus aimé, et que perpétuellement le fils le plus aimé deviendrait, sans considération de naissance, par la seule vertu de la bague, le chef, le prince de la maison. [...] Ainsi transmise de fils en fils, la bague finit un jour par échoir au père de trois garçons qui tous trois lui témoignaient égale obéissance, qu'il ne pouvait donc pas ne pas aimer tous trois d'un amour égal. Parfois seulement, quand l'un d'entre eux — tantôt le premier, tantôt le second, tantôt le troisième — se trouvait seul avec lui et que les deux autres ne partageaient pas les effusions de son cœur, celui-là lui semblait plus digne de la bague, qu'il eut alors la pieuse faiblesse de promettre à chacun. Les choses durèrent ce qu'elles durèrent. — Vient l'heure de mourir et le bon père se trouve dans l'embarras. Il souffre d'avoir à léser deux de ses fils qui s'en remettent à sa parole. — Que faire ? — Il envoie en secret chez un artiste, auquel il commande deux bagues sur le modèle de la sienne, avec ordre de ne ménager ni peine ni argent pour les faire en tous points semblables à celle-ci. L'artiste y réussit. Il apporte les bagues au père, qui est alors incapable de distinguer l'originale. Tout joyeux, il convoque ses fils chacun séparément, donne à chacun sa bénédiction — et sa bague, — et il meurt. [...] À peine le père est-il mort que chacun arrive avec sa bague et prétend devenir le prince de la maison. On enquête, on dispute, on accuse. En vain : impossible de prouver quelle est la vraie bague. — Presque aussi impossible que pour nous aujourd'hui — la vraie foi.
[...]
SALADIN : Ne joue pas avec moi ! — J'estime que les trois religions que je t'ai nommées peuvent parfaitement être distinguées, jusque dans le vêtement, le boire et le manger !
NATHAN : Mais pas du point de vue de leurs fondements. — Les trois, en effet, se fondent sur la tradition historique, écrite ou orale ! — Et l'histoire, n'est-ce pas, ne peut être crue que sur la bonne foi de celui qui la transmet ? — Or, de qui met-on le moins en doute la bonne foi ? Des siens, n'est-ce pas ? De ceux de notre sang ? De ceux qui depuis l'enfance nous ont donné des preuves de leur amour ? qui ne nous ont jamais trompés que là où il nous était plus profitable d'être trompés ? — Comment pourrais-je croire mes pères moins que toi les tiens ? ou inversement. — Pourrais-je exiger de toi que tu accuses tes ancêtres de mensonges, pour ne pas contredire les miens ? ou inversement. — La même chose vaut pour les chrétiens. Non ?

Acte III, Scène 7.
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SALADIN : Puisque tu es sage, dis-moi donc — quelle foi, quelle loi t'a semblé la plus lumineuse ?
NATHAN : Sultan, je suis juif.
SALADIN : Et moi, un musulman. Entre nous : le chrétien. — De ces trois religions, une seule peut être la vraie. — Un homme comme toi ne reste pas fixé là où le hasard de la naissance l'a jeté ; ou bien, s'il y reste, c'est après examen, par raison, par choix. Eh bien ! Livre-moi les fruits de ton examen. Fais-moi entendre les raisons que je n'ai pas eu le temps de creuser moi-même. Fais-moi savoir — en confidence, s'entend — le choix de ces raisons ont déterminé, et je le ferai mien.

Acte III, Scène 5.
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LE TEMPLIER : Pourtant, vous le savez aussi : quel peuple a le premier pratiqué ce dénigrement ? Quel peuple, Nathan, s'est le premier donné le nom de peuple élu ? Si ce peuple, à présent, je ne pouvais m'empêcher, non certes de le haïr, mais de le mépriser pour son orgueil ? pour l'orgueilleuse prétention, qu'il a léguée au chrétien et au musulman, que seul son dieu serait le vrai dieu ! — Ce discours vous surprend, dans la bouche d'un chrétien, d'un templier ? Mais où et quand cette pieuse folie d'un dieu meilleur et imposé comme le meilleur au monde entier s'est-elle manifestée d'aussi noire façon qu'ici et maintenant ? Celui à qui, ici et maintenant, les écailles ne tombent pas des yeux... Mais libre à chacun d'être aveugle ! — Oubliez ce que j'ai dit et laissez-moi !
NATHAN : Ah, vous ne savez pas combien désormais je m'attacherai plus étroitement à vous. — Venez, nous devons, nous devons être amis ! — Méprisez mon peuple autant qu'il vous plaira. Ni vous ni moi n'avons choisi notre peuple. Est-ce que nous sommes notre peuple ? Qu'est-ce que cela veut dire : peuple ? Le chrétien et le juif sont-ils chrétien et juif avant d'être hommes ? Ah, que n'ai-je trouvé en vous un homme de plus à qui suffit de s'appeler homme !

Acte II, Scène 5.
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LE TEMPLIER : Un templier aimer une jeune juive !...
DAJA : Cela semble en effet un peu fou. — Mais il y a parfois dans les choses moins de folie que ce que nous y mettons, et il ne serait pas si extraordinaire que le Seigneur nous attirât à lui par des voies que l'homme sensé n'emprunterait pas de lui-même sans réticences.

Acte III, Scène 10.
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LE TEMPLIER : Certes, il y a longtemps que je n'ai pas mangé de viande, mais qu'importe ? Les dattes sont mûres.
LE FRÈRE : Que Monsieur se méfie de ce fruit ! Qui trop en mange se repent ; il engorge la rate, il fait l'humeur mélancolique.
LE TEMPLIER : Et si j'aimais, moi, être mélancolique ? — Mais ce n'est pas pour me donner cet avis qu'on vous envoie après moi ?
LE FRÈRE : Oh non ! — Simple mission de reconnaissance ; je suis chargé de vous tâter le pouls.
LE TEMPLIER : Et vous me dites ça tout de go.
LE FRÈRE : Pourquoi pas ?
LE TEMPLIER : (Madré, le frère !) — Le monastère en a beaucoup comme vous ?
LE FRÈRE : Sais pas. Je dois obéir, cher Monsieur.
LE TEMPLIER : Et vous obéissez, je vois, sans cogitations excessives ?
LE FRÈRE : Serait-ce encore obéir, cher Monsieur ?

Acte I, Scène 5.
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Extrait de "Nathan le Sage"
"Nathan le Sage" de Gotthold Ephraïm LESSING est actuellement mis en scène à la Comédie Française par Alexander LANG. - Extrait de la pièce "Nathan le Sage", interprété par Thierry HANCISSE.
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