Alors, à travers la nuit et la poussière qui tourbillonnait, incapable qu’il était de parler, il ne put qu’articuler des syllabes muettes. Des mots qu’elle lit sur ses lèvres et qui disaient sur un air de regret: toi aussi, tu vas me manquer.
– Et pour les attaques? Vous n’avez pas de mur d’enceinte ! Que faites-vous pour vous protéger ?
Henri Whiter sourit avec indulgence.
-Rien. S’ils veulent me tuer, ils le feront. Cela m’ennuierait bien sûr, j’aime vivre, mais plutôt mourir que de construire mon quotidien autour de la peur. Je suis peut-être vulnérable làoù je suis, mais au moins, je suis bien. Ça durera le temps que ça durera… Je me sens plus libre que n’importe qui.
« Il existe autre chose.
Avant, je baignais dans la lumière et l’obscurité.
Désormais, c’est autre chose. J’en suis sûr. Même si j’en ignore la nature. Rien ne me permet de l’expliquer. Je sais seulement que j’ai peur. Ça, je le sais. Je le sens. Tout mon être me le crie.
Froid, aussi. Mais d’un froid qui provient de l’intérieur. Qui le vrille les entrailles, les tord, les essore pour en extraire le jus. Cela me prend dès que j’entends du bruit. Car j’entends, oui. »
L’important, avait préconisé Henri, est de ne pas avoir de regrets.