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EAN : 9782369144946
176 pages
Libretto (04/10/2018)
3.19/5   16 notes
Résumé :
Maître par trop ignoré du conte cruel - selon Lovecraft, son fan le plus inspiré - , Maurice Level fut aussi, au début du siècle, l'un des pourvoyeurs attitrés du fameux théâtre de l'épouvante, le Grand-Guignol... Il a réglé d'oppressantes et toujours subtiles machinations littéraires qui font de lui l'ancêtre de nos grands romanciers de suspense. Au tout premier plan de ses écrits, "La malle sanglante" figure le schéma sans doute le plus diabolique, drame soumis su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bien ranger ses cadavres dans le placard. A skeleton in the closet, comme l'écrivit Thackeray, à l'origine de l'expression et du thriller en général.
Deux étudiants en médecine accablés de dettes et au bord du suicide après une dernière partie de poker calamiteuse pour leurs poches vont découvrir le magot de Chouchou, dame à la vertu aussi ténue que sa fidélité sur leur sofa. Fred et Guriet choisissent alors le côté obscur de la force, se laissent tenter par le diable, prêtent l'ouïe à l'hallali, passent de l'état de vaux pas grand-chose à celui de vaurien. de vrais sauvageons…
Mais ils ne vont pas s'en sortir à si bon compte et bon, la Chouchou va vouloir récupérer sa bourse gagnée aux bourses (désolé) et seule une macchabéetisation va la rendre docile. Après, difficile de se faire la malle avec une malle qui pèse… on ne donne jamais le poids d'une dame, même morte. Tout le monde ne compte pas des déménageurs bretons parmi ses fréquentations et vivant à l'étage, les meurtriers sont bien embêtés, autodidactes peu préparés à la logistique du crime.
Place au Grand-guignol avec un concierge peu empressé, un huissier incorruptible et un fiancé inquiet de la disparition de sa belle frivole. Cela vous fait penser à une pièce de théâtre ? Cela tombe bien puisqu'il s'agit à l'origine d'une pièce à grand succès, inspirée d'un fait divers sordide baptisé « La Malle à Gouffé ».
Son auteur, du livre et pas du crime originel, merci de suivre, Maurice Level (1875-1926), n'est pas très connu en France, en tout cas pas de moi, mais le cousin de Marcel Schwob, dont je n'ai encore rien lu mais dont je connais au moins le pédigree, excella dans le domaine du mystère et de l'angoisse. Il reçut l'hommage de Lovecraft en son temps et inspira le Japonais Ranpo. Il y a pire comme CV.
J'ai pris un plaisir presque adolescent, les boutons en moins, à la lecture de cette histoire qui rappelle certains scénarios d'Hitchcock même si la mécanique de nos assassins est bien moins huilée que celle du « Crime était presque parfait ». Ils privilégient l'improvisation à la préméditation. Comme tous les paresseux, ils jouent de la trumpette, vantant l'instinct plutôt que le travail.
La seconde histoire courte qui complète cet énième petit bijou de chez Libretto s'intitule « Laquelle ? » et interroge la culpabilité de jumelles dans une tentative d'assassinat durant une partie de… golf. Vous avez dit bizarre ? Un récit qui vaut le parcours pour son ambiance brumeuse presque surnaturelle qui étouffe les personnages. le ton est moins coloré qu'une tenue de golfeur écossais.
Maurice Level déploie une écriture bien liftée, qui n'a pas pris une ride malgré les années et après cette macabre découverte, je vais essayer de continuer à jouer à me faire peur avec le reste de sa production.
Tremblez braves gens.
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Quand on évoque Maurice Level (1875/1926) on ne manque pas de rappeler qu'H.P. Lovecraft, l'a cité dans son essai "épouvante et surnaturel en littérature".

Il est vrai qu'alors qu'il est méconnu en France, Level a acquis une certaine notoriété aux états-unis où il fut publié de son vivant, et où il a influencé des auteurs américains tel que Richard Matheson ou Robert Bloch.

Mais que l'on ne s'y trompe pas, si Lovecraft l'a cité, c'est bien comme auteur de contes cruels, Level n'étant pas à proprement parler un auteur de Fantastique contrairement à l'illustre créateur du mythe de Cthulhu , mais plutôt "d'épouvante", comprenez de récits pouvant créer l'effroi sans qu'il y soit question de surnaturel.

C'est d'ailleurs le cas avec "la malle sanglante", histoire de deux étudiants en médecine, qu'une importante dette de jeu, va conduire aux pires extrémités.

Inspiré d'un fait divers, dont Level avait tiré une pièce de théâtre, "La malle sanglante", est aussi un récit typique du théâtre du Grand Guignol, dont l'auteur fût un des principaux auteurs.

C'est donc dans cet esprit grandguignolesque, au sens strict du terme, qu'il faut considérer ce très court roman, mélange de drame, de crime et d'horreur.

Le livre, est complété par une nouvelle, et propose une préface de François Rivière.

Le tout peut-être considéré comme un intéressant document sur un auteur qui mérite de sortir de l'oubli, pour rejoindre les Gaston Leroux, et autre Maurice Renard.

Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse critique, merci donc à Babelio et à Libretto.

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La Malle sanglante est un court roman, ou une longue nouvelle, qui fut d'abord une pièce de théâtre avant d'être adaptée pour le genre romanesque. Inspiré d'une affaire criminelle réelle, dite l'affaire de la malle sanglante de Millery, le récit témoigne du goût du public de la Belle Époque pour les faits-divers sanglants et les criminels (le surréalisme est un exemple parmi tant d'autres de ce regain d'intérêt, les surréalistes ayant exalté le geste criminel notamment à travers les figures des soeurs Papin ou de Violette Nozières.)

Ce qui m'a particulièrement attirée dans cette oeuvre, c'est son appartenance à un genre que je ne connais que très peu, le Grand Guignol, qui se caractérise par une action courte mais rythmée, son réalisme mais surtout, par son thème principal : l'épouvante. le Grand Guignol, c'est la représentation de crimes et de meurtres, parfois cocasses, qui font frissonner le spectateur. Ce qu'on y recherche, c'est l'angoisse qui vous monte peu à peu à la gorge et qui explose en un cri d'horreur. de prime abord, j'étais curieuse de voir si on pouvait rapprocher ce genre de celui du théâtre sanglant de la fin XVIe et début XVIIe siècle. Et quand j'ai appris que Maurice Level et son oeuvre ont inspiré H.P Lovecraft lui-même, je n'ai plus hésité.

Fred et Guiret sont deux étudiants en médecine désargentés. Au cours d'une soirée dans leur appartement, une partie de poker désastreuse les met dans une situation désespérée. Guiret avait réuni toutes leurs dernières économies, avait prévu de tricher mais c'est subitement dégonflé. Ils y ont tout perdu. Pendant la partie, Fred s'est isolé avec une demi-mondaine un peu sotte, la belle Chouchou, la maîtresse de Marousse, qui joue aux cartes dans la pièce d'à côté. Chouchou roucoule gentiment face au beau Fred, qui a d'autres soucis mais se sent quand même un brin flatté. Vient l'heure du départ et de la séparation. Marousse, rustre, lance l'argent à Chouchou. Fausse prude, elle fait semblant de le refuser avant de le mettre dans sa bourse. Ils se disputent, mais finissent par partir, laissant Fred et Guiret à leur désespoir. Sans issue, ils songent à s'en sortir par le suicide.

Mais alors qu'ils se préparent au geste fatal, non sans une certaine vision romantique de l'acte, Fred trouve entre les coussins du canapé la bourse de Chouchou. Des milliers de francs, des bijoux pleuvent providentiellement. La tentation est forte : voler et s'enfuir. Cependant, ils ont à peine le temps de prendre leur résolution que Chouchou débarque. Ils cachent la bourse. Celle-ci raconte fièrement comment elle a faussé compagnie à Marousse pour rejoindre son Fred et finir ce qu'ils avaient commencé. Et quand ils s'inquiètent faussement de ce que Marousse pourrait penser, Chouchou se dirige vers le canapé. Elle a pensé à tout : elle a fait exprès d'oublier sa bourse sous les coussins pour avoir une bonne excuse de revenir chez Fred et Guiret. Elle plonge sa main sous les coussins. Horreur ! il n'y a plus rien. Elle s'agite, s'agace, s'énerve. Devant les dénégations de deux amis, elle crie. Ils sont prêts à en venir aux mains. Enfin, Fred, piteux, lui rend la bourse. Elle se calme. Guiret lui fait part de leur souci pécuniaire. Elle hausse les épaules. Elle non plus ne possède rien. Il lui révèle qu'ils ont ouvert la bourse. Elle voit rouge. Elle veut partir. Ils s'empoignent. Et le couteau qui avait servi à découper des tranches de rôti plus tôt dans la soirée se retrouve dans la poitrine de Chouchou, qui s'effondre.

Hébétés, Fred et Guiret décident qu'il faut fuir. Ils cachent le corps dans une grosse malle. Ils iront à l'étranger, enverront la malle loin d'eux. le temps qu'on la retrouve, ils seront loin. Mais la nuit est encore longue et épuisante. Fred divague, rongé par la culpabilité. Guiret le surveille du coin de l'oeil, se demandant si son ami est fiable. Mais rien ne va jamais comme l'on veut. L'angoisse monte quand le concierge réclame, avant de descendre la malle, de régler les loyers impayés. Guiret veut lui donner directement l'argent. Impossible, il n'en a pas le pouvoir. Il faut attendre les quittances du propriétaire. Problème, celui-ci est parti et ne reviendra que dans plusieurs jours. Fred et Guiret ne peuvent pas attendre autant. Ils trouvent une solution : télégraphier au propriétaire qui enverra les quittances au concierge. Celui-ci s'en va. le contretemps est fâcheux : le regard se pose sur la malle, inquiet : il ne faudrait pas que l'odeur de la morte révèle sa présence. Puis vient un autre fâcheux, Marousse, qui recherche Chouchou partout. Où est passé sa maîtresse ? Il a bien vu que hier soir, Fred et elle papillonnaient ensemble. Il fouille tout l'appartement, repart piteux, mais laisse les deux amis tremblants. L'urgence est plus grande que jamais. Guiret coule des regards anxieux sur Fred dont les remords pourraient le pousser à des révélations intempestives. Il le surveille étroitement, l'empêche de sortir de l'appartement. La peur s'installe entre les deux compagnons. Survient alors l'huissier : Guiret a-t-il de quoi payer ses créanciers ? le choix est cornélien : s'il paye, ils n'ont plus rien pour fuir, s'il ne paye pas, l'huissier va devoir inventorier tout le contenu de l'appartement.

La tension et l'angoisse de ce récit montent crescendo. La peur, insidieuse, s'insinue lentement et se distille comme un poison dans les veines. La nuit éprouvante passée au côté d'un cadavre, la crainte de la découverte du corps, les remords de Fred, les arrivées imprévues et intempestives font un cocktail détonnant et dangereux. On retient son souffle, on tremble. Jusqu'à l'explosion finale et son dénouement tragique, logique implacable qui broie toute possibilité de fuite.

La Malle sanglante a été une lecture plaisante, teintée de ce petit charme désuet qui en fait aussi son intérêt pour un lecteur moderne. le suspens y est géré d'une main de maître, l'angoisse s'installe petit à petit dans cet appartement à l'atmosphère étouffante et poisseuse. On s'y sent pris au piège en compagnie de nos deux compères. La situation initiale est exploitée jusqu'à ses limites jusqu'à ce qu'elle explose dans toute son horreur. L'épouvante provoquée chez le lecteur est presque viscérale ; un lecteur qui assouvit avec plaisir sa fascination pour le crime et frissonne devant son implication sexuelle.

Je remercie les éditions Libretto et Babelio, dans le cadre de l'opération Masse Critique, pour l'envoi de ce roman.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Merci à Babelio et aux éditions Libretto pour m'avoir fait découvrir Maurice Level !

Dans ce recueil on a deux nouvelles : "La malle sanglante" et "Laquelle ?".
La première est une pièce qui fut jouée au Grand Guignol (théâtre parisien spécialisé dans les pièces macabres et angoissantes). Et c'est vrai que le texte est très visuel. On fait la connaissance de Fred et Guiret qui ont invité chez eux des amis afin de jouer aux cartes. Une jeune femme : Chouchou est là, elle aussi, et la soirée se déroule tranquillement. On joue de l'argent, on discute et on fricotte. Sauf que les deux amis (Fred et Guiret) se retrouvent sans le sou à la fin de cette soirée. Désemparés ils ne savent pas comment faire. Ils vont alors s'apercevoir que Chouchou a oublié son sac où se trouve tout l'argent qu'ils ont perdu... Après tout, c'est bien leur argent non ? Sauf que cette dernière toque à la porte. Et qu'elle sait qu'elle a oublié son sac chez eux. Et qu'elle veut absolument le récupérer. La tension va monter et les deux compères vont dépasser les limites...
Une petit nouvelle vraiment sympathique, à suspense, une sorte de huis-clos tendu où les vices de chacun apparaissent petit à petit.

J'ai beaucoup aimé aussi la deuxième petite nouvelle où une simple partie de golf va tourner au désastre. L'amour peut conduire à bien des drames et les coupables vont être bien difficiles à cerner...

Un court mais agréable moment de lecture. Des scènes de vie où tout bascule vers l'horreur et où le doute s'immisce lentement. Maurice Level a connu beaucoup plus de succès Outre-Atlantique et a même été admiré par un certain H.P Lovecraft. C'est bien dommage qu'il ne soit pas plus reconnu en France car ces textes méritent le coup d'oeil surtout quand on aime bien ce genre. Une belle découverte pour ma part !
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Sous-doués pas inspirés.

Fred et Guiret sont deux étudiants en médecine, sans le sou.
Le peu qu'ils ont, quoi de mieux de le claquer au jeu.
Le début de gros ennuis, et de choix bien peu inspirés, qui s'annoncent...

Le titre est mal choisi (ou très explicite, au choix…) parce qu'on sent l'embrouille arriver à plein nez.
Du coup pas d'effet de surprise, et donc claque retentissante concernant le niveau d'intérêt du roman.

Ajoutez à cela que Level nous avait habitué à mieux niveau rebondissement final (un maître en la matière).
Il y en a un, mais ce dénouement nous laisse un petit goût amer, tellement les décisions de nos délinquants en herbe rendait prévisible cette fin.
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