AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de anniefrance


Une impression de malaise (de colère aussi d'avoir tant attendu que ma commande soit honorée): que m'apporte de nouveau cet éclairage à la torche de jumeaux de 23 ans; ils ont dix ans de lecture ado et jeunes adultes; cette absence de recul est compensée par de nombreux collaborateurs; le vocabulaire est à la mode, plein d'anglicismes: sick-lit, disclaimer, side hick, own voices, fanfiction, fandom; il y en a que je n'ai pas compris: scrollent, lifrejole. Les auteurs "témoignent du besoin grandissant d'imaginer une langue non-genrée qui soit vraiment inclusive." Je n'éprouve pas ce besoin...il ne manquait plus que le terme de "racisé" pour faire dans le vent.
Depuis qu'à quarante cinq ans, après 20 ans d'ENI où je m'intéressais à l'apprentissage de la lecture et à la littérature enfantine, j'ai demandé un CDI de collège, j'ai découvert la littérature ado avec enthousiasme: j'ai lu tout ou presque de ce qui paraissait à l'époque: je voulais aider les collégiens à trouver leur livre-déclic; nous discutions beaucoup ; souvent ils découvraient qu'ils pouvaient se retrouver dans des bouquins et s'apercevaient qu'ils n'étaient pas seuls à éprouver ce qui les troublait; d'autres s'intéressaient au monde et découvraient que des livres pouvaient les aider dans leur quête; on présentait les livres selon leurs goûts et leurs intérêts (des profs de français et d'histoire nous aidaient).
Ma formation de philosophe, mon enseignement de la socio-psycho-pédagogie m'ont conduites à vouloir approfondir: j'ai fait des stages de littérature-jeunesse, j'en ai co-animé ensuite; j'ai écrit pour l'Ecole des Lettres dans le numéro de janvier 93Lire avec les adolescents: j'essayais de répondre à la question: pourquoi devraient-ils lire? En écho aux lamentations: ils ne lisent plus. En fait, ils lisaient en général mais pas ce que les prescriptions étroites voulaient qu'ils lisent. Il se disait que le plaisir de lire n'était éprouvé que par 20 à 30% des jeunes!!
Pour un autre article, j'ai comparé point par point deux collections: Medium (Ecole des Loisirs) et Page Blanche (Gallimard); cette dernière a disparu. D'autres éditeurs proposaient des "séniors"! le travail serait à refaire avec des collections récentes.
Pendant quelques années, j'ai participé à un comité de lecture ado de la Médiathèque départementale: on nous présentait les nouveautés que nous étions invité à emprunter et à présenter à la séance suivante: on en discutait avec des élèves au CDI; leurs avis étaient parfois surprenants mais toujours intéressants. Plus tard, j'ai été "cooptée" par les Rêveurs de l'Odyssée en tant qu'ado ( malgré mon âge).
Et je lisais tout ce qui s'écrivait et m'aidait à approfondir ma perception de la littérature ado (j'ai découvert en Angleterre les apparitions de la littérature young adult) les frontières sont si poreuses que j'ai gardé un spectre large de 12 à 16/18 ans. J'ai lu Je suis un écrivain jeunesse de Christian Grenier et les livres de Marie-Aude Murail (trois au moins )Deux amis précieux!
Tout ceci pour dire que ce guide n'est qu'un nouvel outil parmi d'autres; original par son look, étonnant par l'intégration de nouvelles et de portraits, par la place de la blogosphères (cela m'a parfois semblé être du niveau des micro trottoirs) . J'ai lu une soixantaine des 100 incontournables, en ne distribuant pas les torches de la même manière , j'en ai prévu encore une dizaine; les autres ne m'attirent pas. J'ai ma dose de fantastique avec mon dernier groupe d'échanges; les membres ont de 20 à 30 ans et s'ils sont de grands lecteurs, ils ont plutôt des professions non littéraires.
Dans ce guide, il est fait allusion à une problématique émergente, appelée ici les own voices, pas encore assez réfléchie au point de se tromper de cible: il est idiot de reprocher à des auteurs de ne pas être homosexuel pour aborder le sujet, de ne pas être noir ou asiatique, métis, esclave, femme etc pour traiter ces thèmes dans les romans...en revanche débusquer les clichés, oui. Souvent des auteurs disent qu'ils donnent la parole à ceux qui ne l'ont pas; c'est déjà bien mais on pourrait susciter, encourager des auteurs concernés et leur donner une visibilité; cela va dans le sens de la diversité de cette littérature.
J'espère qu'il y aura une suite laissant une place aux lecteurs non blogueurs, aux enseignants férus de littérature ado...et une plus grande place à la réflexion et la recherche d'informations: j'ai repéré de mon point de vue subjectif des manques: je suis des Hauts de France et ne voir mentionner que les Hallienales m'a consternée, certes il est consacré à l'Imaginaire si cher à Babelio mais il y a depuis longtemps des salons de littérature jeunesse à Valenciennes et Douai et les salons généralistes de Wavrin, Loos et Bondues (j'en oublie) font une large part à la littérature des tout-petits aux jeunes adultes.
Autres manques: Olivier Adam qui depuis 2000 a écrit de nombreux livres en plus de ses livres pour adultes: je n'ai pas vu son nom; il manque aussi Fanny Chiarello qui est une des premières à aborder l'homosexualité féminine (il y en a d'autres et j'avais aussi écrit un article là dessus, évoqué longtemps dans Google, me gênant un peu car je ne voulais pas apparaître comme spécialiste du sujet)
Livre utile pour débuter mais à creuser.
Commenter  J’apprécie          173



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}